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188 DUILLIUS —

>,cau amiral afjicaio, sous prétexte d’uu accoiiiiiiuileiiicaL, il fut saisi , fait prisonnier, lui et les siens, et dirigé vers t’arthage. L’escadre tomba au pouvoir de reiiiiuiui. Mais comme les restes coïKidérables de la QuUc roinaioe marcliaient à dislance, au détour d’un cap qu’ils doublaient, les vaisseaux carlhaginuis, qui ne l’avaient pas vue, donnant au milieu, furent entourés à l’iniproviste, pris ou coulés bas. A celte nouvelle, Uuillius, laissant aux tribuns le commandement de l’armée de terre, prit celui de la Hotte. 11 rencontra bientôt, dans les parages de Myle, aujourd’hui Melazzo, sur la côlenord de Sicile, cellcdes Carthaginois, forte de cent trente vaisseaux. Annibal en (Jtait l’amiral ; il montait une superbe galère à sept rangs de rames , qu’avait montée Pyrrhus. Le présomptueux Carthaginois crut avoir si bon marché de celte flotte faite d’hier et de l’inexpérience des Romains en mer, qu’il détiaigna de se mettre en rang de bataille , donnant sans ordre et à force de rames contre celte flotte nouvelle, qui attendait le choc, pesante qu’elle était et armée à sa proue d’une machine redoutable, nommée corbeau, dont l’ennemi ne commt l’usage que lorsqu’il en sentit les terribles effets : c’était une masse conique, de (er fondu, de la figure de l’oiseau dont elle portait leuom. Polybe en a lait la description. Armée de crochets, elle était suspendue à une espèce de grue par une chaîne de fer, qui , instantanément lAuliée , la laisait lourdement tomber sur le pont de lu proue du vaisseau ennemi, le crevait, et, développant ses griffes mobiles, le saisissaitet l’allachait irrésistibieuienl h la galère romaine. Là les légions, combattant de pied ferme, ainsi que sur la terre , où elles étaient si redoutable-s, taillèrent en pièces plus de trois mille Africains et en firent captifs sept mille. Quatorze galères furent coulées bas et trente-une furent prises. De toute celte flotte, qui naguère blanchissait sous ses rames la mer de Sicile, il ne resta qu’une chaloupe, que, comme par dérision, la fortune avait laissée à l’amiral carthaginois pour qu’il put s’y embarquer et fuir.

La délivrance de Ségeste, ville de Sicile près de la mer, dont l’ennemi pressait le siège, et, plus avant dans l’ilc , la pri.se de Macella, furent les fjuils de celte victoire. Une co- . lunne rostrale d’un beau marbre blanc fut votée par le sénat au consul victorieux ; elle fut érigée dans le Forum. Un succès si inattendu, si inuui, avait plongé à la ville de Rome dans une telle joie , qu’elle voulut que chaque fois que l’exterminateur de la flotte carthaginoise sortirait de souper chez ses amis, il fût précédé de flambeaux et de joueurs de flûte, comme l’époux à une fêle nuptiale. La lui Duillia qui porte Sun nom interdisait l’inbumatioii des morts dans l’intérieur de la ville , et n’exceptait de celle délense que les vestales, exception étendue dans la suite aux empereurs. Denne-Barox.

DUISBOURG, ville de 8,000 âmes, dans l’arrondissement de Dusseldorf, province du Rhin ( Prusse), non loin du Rli n et de la Ruhr, que des canaux mettent en communication l’un avec l’aurre, de même qu’avec la ville, est lecentre d’uiicouiineice fort actif, nolammenl en denrées coloniales, en houille et bois, el le siège de fabrique.s importantes. Le lal)ac occiq)e le premier rang parmi les produits de c Iles-ci ( il est de près du seplièuie <le la consommation totale du Zollverein ). Les fabriques de soude et d’acide sulfurique qui existent à Duisbourg sont au nouibre des plus considérables qu’il y ait en liurope. Cette ville possède en outre des raffineries de sucre, des nianufaclures de savon. On y fabrique aussi de l’oulrenier et divers composés de chlore. L’université fondée en 1055 à Duisbourg fut supprimée en Isls.

DUJ.VRDIIV ( Cahle), peintre célèbre, néà Amsterdam, en 1640, fut élève de Berghem, dont il mit h profit les leçons, mais qu’il quitta fort jeune pour aller en Italie, où son talent se perfectionna promptement. Ses tableaux fmciit bieidOt très-recherches ; mais, soit inconslance, soit désir de DUJARRIETl

revoir sou pays, il quitta Rome, el passa par la France. Quelques riches amateurs de Lyon voulurent le lîxer dans leur ville ; beaucoup de tableaux lui furent commandés et généreusement payés. Mais Dujardin faisait des dépenses excessives, que tout son talent ne pouvait couvrir : tourmenté par ses créanciers, il ne trouva d’autres moyens de les satisfaire que d’épouser son hôtesse, riche à la vérité, mais d’un âge déjà avancé. Le remède était pire que le mal ; honteux d’un mariage si peu conforme à ses goûts et à son caractère, il quitta Lyon, et revint à Amsterdam, où ses compalriotes se disputèrent ses ouvrages.

Dujardin aurait pu mener une vie heureuse ; mais le dégoût qu’il éprouvait pour sa femme lui rendait le séjour d’Amsterdam désagréable , et le voilà de nouveau tourmenté du besoin de le quitter. L’occasion ne se fit pas attendre : un de ses amis, qui partait pour l’Italie, l’engagea à l’accompagner jusqu’au Texel ; il accepte , mais , au lieu de revenir à Amsterdam , il monte avec lui dans le vaisseau qui faisait voile imnr Livourne. A peine déharcjué en Italie, il se dirige vers Rome, où il retrouve ses anciens compagnons de plaisirs et de travaux , qui le reçoivent à bras ouverts. Là il recommence sa joyeuse vie ; et lorsque son ami , après avoir fait le tour de l’Italie, vient le reprendre pour le ramener dans sa patrie, Dujardin, prétextant qu’il avait beaucoup de tableaux à finir, le lais.se partir .seul. Quelques années après, noire peintre quitte Rome et vient à Venise, où sa réputation l’avait devancé. Un de ses compatriotes, qui pensa pouvoir tirer parti de ses rares talents , lui fit un accueil empressé, et lui offrit de prendre un logement chei lui. Dujardin, incapable ili ? tout soupçon, accepte. Cette fois , si , comme il y a tout lieu de le croire , il s’abandonne à tes goûts habituels, ce ne sera pas un mariage disproportionné qui le tirera d’affaire, et il faudra bien qu’il s’acquille en tableaux ; mais l’espérance de l’officieux spéculateur fut trompée : Dujardin tombe malade, el le 9.0 novembre 167S une indigestion , survenue pendant sa convalescence le conduit au tombeau, à trente-huit ans. Les arts en Itilie ont aussi leur culte, et Dujardin , quoique prolestant , eut des obsèques dont la pompe exprimait l’estime que l’on avait pour son talent. .Malgré sa dissipation , ce peintre a laissé un grand nombre d’ouvrages ; il a principalement représenté des scènes pastorales et des animaux ; sa couleur est brillante et vraie, sa touche spirituelle et fine ; il eut pins de force et de vigueur de ton que son maître , qualité qu’il dut sans doute à son séjour en Italie. Peu de peintres ont aussi bien rendu que luilesdiffércnls effets du soleil ; de larges masses et des ombres fortes donnent à ses tableaux un caractère particulier, qui en fait reconnaître facilement l’auteur. Quelques animaux et quelques figures placés avec art sur un beau fond de paysage, avec un ciel clair, tel est ordinairement le thème qu’il adopte. Dujardin a rivalisé avec Paul Pot ter dans la manière de peindre les animaux, dont il a toujours reproduit les formes et les habitudes avec l)eaucoup de vérité et de cliamie. Le Musée possède plusieurs tableaux de ce peintre, entre autres un Calvaire ; mais le plus important est relui qui représente un Charlatan, l’un de ses meilleurs ouvrages. Ce tableau a été très-bien gravé par Boissieu. Carie Dujardin a laissé aussi des paysages, avec un grand nombre de ligures et d’animaux , gravés à l’eau-forte. Comme celte collection porte la date de 1652, il y aurait lieu de penser que cet artiste, avant de s’occuper de la peinture, commença par étudier la gravure ; au reste , quoiqu’il dût être très-jeune lorsqu’il exécuta ces planches, on y retrouve une partie des qualité» qui font le mérite de ses tableaux. P.-A. COLTt.N.

DUJARRIER (Affaire). Il s’agit ici d’un duel qui entraîna n)ort d’homme. La victime était le gérant-administrateur du journal La Presse. Les faits qui avaient précédé celle rencontre si fatale, les circonstances qui l’avaient accompagnée, donnèrent liea à un procA» criminel, qui eut un