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DUBUFE — DUC

Pendant les années qui suivirenl, M. Duliiife peignit pluMeurs tableaux religieux, entre autres y («s »s-CArii/ marchant sur la mer ( 1824 ; église Saint-Leu) et la Délivrance de saint Pierre (1827 ; Saint-Pierre deCliaillot ).

La préfecture de la Seine était généreuse envers l’artiste ; mais ce n’était pas assez pour les ambitions de M. Dubufe. Il briguait des suffrages plus retentissants ; c’est à la foule qu’il voulait plaire. Il atteignit son but en exposant les Souvenirs et les Regrets ( 1827). Le public n’est pas difficile en matière d’art : il ne s’occupe que du sujet, et son idéal est réalisé lorsque la propreté de l’exécution s’allie à la sentimentalité d’une donnée vulgairement intéressante. La gra-Ture s’empara des Souvenirs et des Regrets ; et bientôt ces deux pl.incbes eurent leur place marquée dans tous les boudoirs, dans toutes les alcôves. M. Dubufe comprit alors de quel côté il devait marcher ; mais il n’entra pas dans cette voie frivole sans vider quelques coupes amèrcs. Lorsque, au salon de 1831 , il montra Le .Mcl et Le Mésange ( acquis par M. le comte Pcrregauxl, il eut à subir les rebuffades de la critique sérfeuse. L’n écrivain ((ui passe à juste titre pour un bon juge, sinon pour un juge liicnvcillanf, Gustave l’iancbe, écrivit un peu durement à propos de ces toiles et des portraits qui les accomp :ignaicnt : « Ce n’est pas même de la mauvaise peinture. •> Nous sommes forcé d’ajouter que tout ce qu’on a écrit depuis .sur ou contre M. Dubufe n’e.st ([u’un développement de cette tliésc. Le peintre prit assez pliilosopliiquement son parti : une médaille de première classe , un succès désormais très-productif achevèrent de le consoler. Dès lors, bien que M. Dubufe ait peint plusieurs figures de fantaisie du même ordre que celles qui l’avaient illustré, il s’adonna surtout au portrait.

Parmi les personnages diversement célèbres qui ont jjosé devant lui, il faut citer le roi Louis-Pliilippe, la reine des Belges ( 1837 ) , le député Nicolas Ko-chlin ( IS-’i 1 ), le musicien Zimmermann (1847) , etc. Mais c’est particulièrement dans les portraits de femmes que M. Dubufe lit merveille. Il est peu de grande dame de la noblesse ou de la finance qui n’ait chez elle son portrait de’sa main. Pourquoi ce succès ? Parce que, semblable, — moins le talent, — à Nattier, que la duchesse du Maine appelait .V. l’Enchanteur, M. Dubufe sait voiler jusqu’aux moindres imperfections de ses modèles, qu’il donne, même aux moins charmantes, un teint de lis et de rose pâle, qu’il les habille et les déshabille, comme lapins savante couturière. Il est vrai que sous le rapport de l’art BBS portraits sont d’un dessin à peine correct , d’une touche mconsistante et plate, d’un coloris gracieusement (aux. On n’y trouve d’ailleurs aucun caractère, aucun sentiment du type individuel. Comme la ville, la cour .se montra bienveillante pour M. Dubufe. Le 9 août 1837 il fut nommé chevalier de la Légion-d’Honneur. Depuis quelques années M. Dubufe, dont le pinceau commence à se lasser, est plus sobre de portraits. 11 a exposé en 1S49 une figure de La Républigiie, et en 1852 une Jeune Villageoise et des Animaux auxquels on n’a attaché qu’une attention médiocre. Mais il a conservé auprès des gens du bel air et des fenmies de liigh li/e sa léputation passée, et c’est justice. N’est-ce pas à ceux dont le caprice est parvenu à créer une illustration qu’il appartient d’en prendre souci.

DUBUFE (ÉDoiAKu), fils du précédent, parait vouloir hériter de sa méthode et de son succès. C’est son père qui lui a enseigné le maniement du pinceau, et il faut dire que M. Edouard Dubufe se sert de cette arme avec plus de fermeté que l’auteur des Souvenirs et des Regrets. Il se montra pour la première fois au salon de 183 ;), avec /.’-4nno»cio/ioH et Vnc Cfinsseresse , qui restera peut-être la meilleure de ses études. L’année suivante, il emprunta à un livre de M. de Monlalembertic sujet du Miracle des Roses, qui obtint beaucoup de succès auprès des grisettcs senlimontales, et eut bientôt les périlleux honnoui-s de la gravure. On vit ensuite de sa main Tobic, qui lui mérita une première médaille au salon de 1841 ; La Foi , l’Espérance et la Charité (ISil) ; Bethsabée et La Prière du matin (1834). Ce dernier tableau, d’une exécution vulgaire et pauvre , et d’un coloris à la fois brutal et faux , est placé au musée du Luxembourg. Sans abandonner les sujets de sainteté, car il exposait en 1845 et 1846 diverses compositions religieuses, M. Edouard Dubufe, entraîné par l’exemple paternel , s’essaya bientôt dans le portrait, et il y réussit par l’emploi des mêmes moyens. Il peint volontiers les jeunes femmes : on a remarqué de lui les portraits de M"" Jules Janin et Paul Gayrard (184G), de la comtesse G. de Montebello , de la baronne Gaston d’Hanteserve et enfin de l’Impératrice (1853). Cette dernière effigie , nous le disons avec regret , n’est pas digne de l’illustre modèle, et elle excita au salon dernier plus de curiosité que d’admiration. IM. Edouard Dubufe n’en fut pas moins nommé chevalier de la Légion-d’Honneur. Les belles dames de l’Empire ont pour son talent les sympathies que les coquettes de 1830 ont eues pour celui de son père. Leur. peinture à tous deux est inconsistante et fade, leurs attitudes sont maniérées ; leur dessin est incorrect et sans accent.... Et voilà pourquoi les connaisseurs sérieux ne sont pour rien dans cette double renommée.

DUC ( dux chez les Latins, Suxs ; chez les Grecs du Bas-Empire). Ce mot dérive de ducere , conduire : ainsi, les ducs étaient les duclores exercituum, conducteurs ou chefs des armées. Dans l’origine, le rang des ducs était inférieur à celui des comtes. Les premiers n’avaient que le grade de tribuns , les seconds étaient consuls et préfets légionnaires. Ces deux officiers étaient subordonnés au maître de la milice. Lorsque Constantin le Grand divisa les comtes en trois classes , les ducs furent compris dans la dernière, et y demeurèrent longtemps. Mais sous Théodose et ses fils .^rcadius et Honorius , leur dignité s’accrut beaucoup. On vit alors plusieurs provinces soumises à l’autorité d’un seul duc, et des conquérants tels qu’.laric et Attila n’ont point dédaigné ce titre. Les ducs, ainsi que les comtes, étaient chefs de l’administration publique , de la justice et des armées dans les départements qui leur étaient confiés. Les derniers empereurs avaient établi treize ducs en Orient et douze en Occident. Leurs gouvernements étaient, en Orient : la Lybie, l’Arabie, la Thébaide, l’Arménie, la Phénicie, la Mésie .seconde , l’Euphrate et la Syrie , la Scythie, la Palestine, la Dacie, l’Osrhoène, la Mésie première et la Mésopotamie ; en Occident .-la Mauritanie, la Séquanaise, la Tripolitanie, l’.rmorique, la Pannonie seconde, l’-quitanique , la Valérie, la Belgique seconde, la Pannonie première, la Belgique première, la Rhétie et la Grande-Bretagne. Lorsque les Goths, les Francs et les autres barbares envahirent successivement les provinces de l’empire , ils conservèrent les dignités de comte et de duc, si toutefois ils ne les avaient pas déjà empruntées des Romains. Mais chez des peuples qui devaient toute leur puissance a la force du glaive, aucune dignité ne pouvant prévaloir sur le commandement des armées, les ducs, comme chefs militaires, eurent une prééminence marquée sur les comtes , dont le titre s’appliquait sous le Bas-Empire à diverses charges de la couronne et à diverses magistratures. 11 n’y eut d’exception sous les premiers Mérovingiens que pour le comtemaire du palais, chef de la milice et des offices , jusqu’au temps oii les ducs cumulèrent les deux dignités. Dans la hiirarchie observée par les Francs et les autres barbares, les comtes ne furent plus que les lieutenants des ducs. Le gouvernement de ceux-ci s’étendait toujours à plusieurs provinces, celui des comtes se bornait à un seul pays, souvent moine à une seule localité. Les différents royaumes que formèrent les enfants de Clolaire l’^ eurent chacun leurs duchés ou gouvernements généraux. Le duché Dcntelin faisait partie de la Neustrie. Contran, roi d’Orléans et de Bourgogne avait pour ducs Nicétius, qui commandait dans r.-Vuvei^ne , le Rouerçue et le diocèse d’Czès , et Et-