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AALI-PACHA — ABADITES

Kossuthet des internés de Kutaya. En 1852 il succéda à Rechid Pacha comme grand vizir. Deux mois après il rentrait dans la vie privée ; puis il fut successivement nommé gouverneur général des provinces de Smyrne en 1853, de Brousse en 1854, président du conseil du tanzimat lors de sa création, et encore ministre des affaires étrangères à la fin de 1854. Au commencement de 1855 il accompagna Aarif-Effendi aux conferences de Vienne, et au mois de mai il reçut le hatti-cherif qui le rappelait au grand vizirat. En 1856 il vint à Paris comme premier plénipotentiaire de la Porte au congrès qui s’ouvrait dans cette ville, et en cette qualité il signa la paix le 30 mars. Le 1er novembre il dut quitter le grand vizirat, le 20 il accepta le ministère des affaires étrangères dont il se démit le lendemain ; nommé ministre sans portefeuille, il redevint ministre des affaires étrangères le 31 juillet 1857, et la mort de Rechid lui rendit le grand vizirat en janvier 1858, mais il a dû le céder en 1860 à Mehemet-Kuprili. Aali est un homme laborieux et instruit, partisan des réformes ; il a montré beaucoup de finesse et de fermeté au congrès de Paris, où il s’était rapproché du ministre autrichien.

L. Louvet.

AAR, l’une des principales rivières de la Suisse ; elle a nommé le canton d’Argovie et la ville d’Aarau, son chef-lieu. L’Aar a sa source au Grimsel, d’où cette rivière descend avec impétuosité, formant sur son passage beaucoup de cascades, dont la plus belle est la Handeck. L’Aar baigne Meyringen, traverse les délicieux lacs de Brientz et de Thoun, enveloppe la montagne sur laquelle repose Berne, se dirige sur Aarborg, Buren, Solenre et Brougg, et se jette dans le Rhin après avoir accompli une course d’environ soixante lieues. Les bords de cette rivière sont fort pittoresques et dignes de l’admiration des voyageurs.

De Golbéry.

AARAU, jolie petite ville bâtie sur l’Aar, et chef-lieu du canton d’Argovie, est le siége du grand conseil, du petit conseil et d’un tribunal supérieur. On y comple plus de 4, 000 habitants. Un château-fort, construit au onzième siècle par le comte de Rohr, est l’origine de cette ville, qui resta sous la domination de l’Autriche jusqu’en 1315, époque où les habitants de Berne s’en enparèrent. Au temps de l’invasion française, pendant les guerres de la révolution, Aarau fut un instant la capitale de la confédération. AARON, frère de Moïse, était fils d’Amram et de Jo- chebed, de la tribu de Lévi, et naquit en Égypte l’an 1578 av. J.-C. Quand Moïse reçut de Dieu la mission de delivrer son peuple, il choisit Aaron pour lui servir d’aide dans cette glorieuse entreprise, et à l’érection du tabernacle on l’in- vestit des fonctions de grand prêtre, qui furent déclarées hereditaires dans sa fainille. Moïse éprouvait beaucoup de difficulté à s’exprimer, et l’éloquence facile et naturelle de son frère ainé lui fut souvent utile. Pendant la retraite de Moise au mont Sinai, Aaron eut la faiblesse de ceder aux clameurs du peuple, qui lui demandait le veau d’or, sans pressentir que le peuple s’en ferait une idole. Il ne fut pourtant pas compris dans le inassacre qu’ordonna Moïse des 25, 000 coupables ; mais, pour avoir douté de la puis- sance de Dieu, il ne lui fut pas donné d’entrer dans la terre promise. Etant monté sur la montage de Thor, non loin de Séla en Idumée (an 1456 av. J.-C.), il y fut publiquement dépouillé de ses habits pontificaux, dont Moise revêtit son fils Éléazar, et expira ou disparut aussitôt, à l’age de cent vingt-trois ans. Les traditions juives pos- terieures le représentent comme un personnage éminemment populaire et ani de la paix. ABA ou ABATS, costume formé d’une sorte de redin- gote sans manches, porté en Turquie par les matelots, les soldats et les indigents. Le drap grossier dont ce vetement est fait a le mêmne nom ; comme il etait jadis un objet d’exportation considérable dans toute la Macédoine, et sur- tout à Saloniki, on l’appelle aussi salonika. ABA ou OWON, beau-frère de saint Étienne, premier ABADITES roi chrétien de Hongrie. Étienne mort, Pierre dit l’Alle- mand, son neveu, lui succéda. Aba se créa des partisans, et en 1041, quoique Pierre l’eût exilé, il se fit couronner. Mais une fois sur le trône il s’attira la haine des Hongrois, qui se révoltèrent, et implorèrent l’assistance de l’empereur Henri III. Aba ne se laissa pas intimider, se jeta à l’impro- viste sur la Bavière et sur l’Autriche, et ravagea sans pitié ces deux pays. S’il fut réduit à indemniser l’empereur et å restituer le butin qu’il avait fait, il conserva néanmoins le pouvoir. Ses désordres et sa cruauté révoltèrent de nou- veau ses sujets. Aba soutint pendant trois campagnes les efforts des mécontents, appuyés par l’empereur et par le inargrave de Moravie. Vaincu, en 1044, à la bataille de Raab, il périt dans la mêlée, ou, selon d’autres, il fut livre à Pierre, qui lui fit trancher la tête.

- ABAD I-III, rois de Séville. Voyes ABADITES. ABAD Y QUEYPEO (MANŒL), né vers 1775 dans les Asturies, embrassa l’état ecclésiastique et passa au Mexi- que, où il devint juge des testaments, puis évèque de Val- ladolid de Méchoacan. Réduit à abandonner son diocèse après l’insurrection de la Nouvelle-Espagne, il se réfugia à Mexico ; mais rentré à Valladolid, il y donna des preuves de modéra- tion qui lui valurent d’être privé de son évêché en 1814. Le vice-roi le fit embarquer de vive force pour l’Espagne, et quand il y arriva, il fut jeté dans une prison à Madrid, sur l’ordre du grand inquisiteur. L’insurrection de l’ile de Léon le rendit à la liberté en 1820, et il fit partie de la junte provisoire. Affligé d’une surdité profonde, il ne put participer aux travaux des cortès, et fut promu à l’évêché de Tortose. L’inquisition, rétablie par Ferdinand VII, restauré par l’ar- mée française en 1823, s’empara d’Abad y Queypeo, qui fut condamné à six ans de présides. Il est mort après 1830. ABADDON. Voyes ABBADON. ABADIOTES, peuplades de l’île de Candie, qui ha- bite, au sud du mont Ida, une vingtaine de villages. Elle compte 4, 000 individus, descendants des Arabes ou Sarra- sins qui s’emparèrent de l’ile au neuvième siècle. ABA DIE (LOUIS), charmant compositeur de romances, né vers 1814, mort à l’hôpital La Riboisière, à Paris, au mois de décembre 1838. Chaque année il publiait un album de romances, parmi lesquelles on cite les Feuilles mortes, le Braconnier, les Jolis pantins, Jeanne, Jeannetle et Jeanneton. « C’etait, dit M. Fiorentino, un compositeur plein d’idées, de ressources, de talent. La nature l’avait doué d’une imagination vive, d’un esprit charmant, d’une grande facilité d’improvisation. Chez lui la mélodie coulait de source ; il avait mené la vie nomade des chanteurs de province… Ses chants jetés à tous les vents, retenus par les orgues de Barbarie, avait conquis la popularité, en attendant la vraie gloire. » Frappé d’apoplexie, il ſut trans- porte à l’hôpital, où il mourut dix jours après. 2. ABADIR ou ABADDIR. C’est le nom que les mytho- logies grecque et romaine donnent à la pierre que Cybèle ou Ops, femme de Saturne, fit avaler dans des langes à son mari, à la place de l’enfant dont elle était accouchée. Des anciens out cru que cette pierre était le dieu Terme. Abadir, qui en phénicien signifiait père magnifique, était le titre que les Carthaginois donnaient aux dieux du premier ordre. ABADITES, nom d’une dynastie maure qui, au onzième siècle, eut pendant quarante-huit ans sa résidence à Séville. Le premier prince de cette maison, auquel certains au- teurs espagnols, Masden, par exemple, donnent le titre de roi, fut ABAD 1°r ou Mohammed-ben-Ismael ; ses ancêtres, Syriens d’Émesse, s’étaient établis, du temps d’Abdérame Iºr, à Tocina, sur le Guadalquivir, et lui-même était un des musulinans les plus riches et les plus considérés de Séville. Son intelligence et ses libéralités lui gagnèrent le cœur de ses con- citoyens ; fatigués des discordes intestines qui désolaient Cordoue, ils le nommèrent leur émir en 1043. Mais son rival se maintint à Cordoue, et ce petit État, opprimé par des