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1921
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SYRIAQUES (VERSIONS)


noire ; mais le document sur lequel il s’appuyait, édité par M. Guidi, Rendiconti délie sedute délia R. Accademia dei Lincei, classe des sciences morales, historiques et philologiques, 20 juin 1886, p. 547-554, ne semble viser que la lettre de saint Athanase à Marcellin « sur l’explication des Psaumes ». C’est cette lettre seule qui aurait été traduite par Siméon ; la traduction syriaque se trouve en tête des Psaumes dans le Codex Ambrosianus. Cf. Ceriani, Monumenta, t. v, I, p. 5.

III. Anciennes versions du Nouveau Testament. — Ce sont le Diatessaron, la Peschitto du Nouveau Testament, les Évangéliaires de Cureton et du Sinaï.

I. CARACTÈRE, ORIGINE, MANUSCRITS, ÉDITIONS. —

1° Le Diatessaron. — L’harmonie syriaque des jivangiles ou Diatessaron a été composée par Tatien, disciple de saint Justin. On est d’accord pour placer sa composition en 172-173, lorsque Tatien revint de Rome. M. Hjelt, Die altsyrische Evangelien-Uebersetzung und Tatians Diatessaron, Leipzig, 1903, p. 162. Tatien trouva, à son retour en Mésopotamie, les quatre Évangiles traduits en syriaque ; c’est avec cette traduction qu’il composa son harmonie ; il apporta peut-être un manuscrit occidental dont il se serait servi pour modifier un peu l’ancienne traduction, cela expliquerait quelques ressemblances que l’on a cru trouver entre les restes du Diatessaron et la recension occidentale. Il semble que Tatien avait introduit quelques passages apocryphes, cependant il ne doit pas avoir fait de modifications importantes, puisque son ouvrage prit facilement la place des Évangiles canoniques et que saint Éphrem prit la peine de le commenter ; il supprimait les généalogies Matth., i, 1, et Luc, iii, 23, comme tout ce qui indiquait que le Christ descendait de David, probablement à cause des tendances gnostiques de l’auteur. C. Holzhey, Der neuentdeckte Codexsyrus Sinaiticus, Munich, 1896, p. 4. Théodoret, évêque de Cyr en Syrie, dit que le Diatessaron n’était pas seulement en usage à son époque parmi les sectateurs de Tatien, mais encore parmi les orthodoxes qui n’en voyaient pas la malice ; il en trouva plus de deux cents exemplaires révérés dans les églises qui dépendaient de lui, il les fit réunir, les supprima et les remplaça par les Évangiles des quatre évangélistes. Migne, Pair. Gr., t. lxxxhi, col. 380.

Il ne reste aucun manuscrit du Diatessaron. Saint Éphrem f 373) en a fait un commentaire dont il existe une traduction arménienne. Cf. G. Moesinger, Evangelii concordantis expositio fada a S. Ephreenw in latinum translata a P. I. B. Aucher, Venise, 1876. A l’aide du travail de Moesinger et des citations d’Aphraate et de saint rJphrem, M. Zahn tenta de reconstituer le Diatessaron : Forschungen zur Geschichte des neutest. Kanons, iTheil, Tatians Diatessaron, Erlangen, 1881. Les passages du Diatessaron cités dans les commentaires de saint Éphrem ont été réunis et traduits en anglais par H. Hill et Armitage Robinson, À dissertation on the Gospel, commentaires of St. Ephrem the Syrian, Edimbourg, 1895. R. Harris et H. Goussen ont publié des extraits qu’ils ont tirés des commentaires de Jésudad et d’autres auteurs. Des restes d’un Diatessaron syriaque ont été relevés dans un lectionnaire du couvent syrien de Jérusalem. Voir le texte dans Zeitschrifl der deutschen morgenl. Gesellschaft, t. LXl (1907), p. 850, Spuren eines syrischen Diatessarons, par H. Spoer. La traduction et les notes se trouvent dans Journal of biblical Literature, t. xxiv, 1905, p. 179, Traces ofthe Diatessaron of Tatian in Harklean Syriac Leclionary. Cette harmonie qui figure en marge est différente de celle qui existe dans plusieurs lectionnaires de la version héracléenne, par exemple dans les manuscrits de Paris 51 et 52. Cette dernière qui porte sur la Pâque et la passion n’a rien à voir avec le Diatessaron de Tatien. L’autre au contraire présente en substance,


avec le texte de Phéracléenne, la même disposition que la version arabe du Diatessaron éditée par A. Ciasca : Tatiani Evangeliorum harmonise arabice, Rome, 1888. Cette version arabe, signalée dans le manuscrit n. XI V du Vatican, et trouvée depuis dans un meilleur manuscrit de provenance égyptienne, se donne comme l’ouvrage même de Tatien qui aurait été traduit en arabe par Abou-1-Pharag Ben-at-Tlb, auteur nestorien connu par ailleurs et mort en 1043, sur un exemplaire syriaque transcrit par Isa ben Ali Almotattabbeb, disciple de Honaïn († 873). Le R. P. Cheikho a depuis fait connaître trois feuillets de la même version.

2° La Peschitto du Nouveau Testament. — C’est la version « simple » reçue par tous les Syriens : Maronites, Jacobites, Nestoriens, Melkites. — a) Son importance provient surtout de l’ancienneté et de l’accord presque parfait des manuscrits qui nous l’ont conservée. Ces manuscrits sont énuruérés dans les prolégomènes de C. R. Gregory, Novum Testamentum grsece, recensuit C. Tischendorf, editio octava, t. iii, Leipzig, 1894, p. 828 sq. ; Textkritik des Neuen Testam entes, Leipzig, 1902, t. ii, p. 508-521. Les principaux ont été classés par G. H. Gwilliam, The materials for the criticism ofthe Peshitoof the New Testament, dans Sludia biblica, t. iii, Oxford, 1891. Citons les suivants : les manuscrits du British Muséum add. 14459 et 17117 auraient été écrits probablement aux environs de 450. Les quatre manuscrits add. 14453, 14476, 14480 et Crawfordianus I peuvent être aussi du v° siècle ou du moins du commencement du VIe. Les manuscrits de Londres add. 14479 et 14459 sont datés de 534 et de 530 à 538 ; un Évangéliaire du Vatican est daté de 548 et un de Florence de 586. M. l’abbé Paulin Martin classant les principaux manuscrits de la Peschitto du Nouveau Testament, en comptait onze du v° siècle (contre quatre grecs et trois latins), trente-trois du VIe siècle (contre cinq grecs et quatorze latins), onze du vne siècle (contre un grec et cinq latins). Introduction à la critique textuelle du Nouveau Testament, p. 132 à 133. Les chiffres sont moins favorables au syriaque dans Gregory, Prolegomena, 1234-1237. L’accord complet qui existe entre ces divers manuscrits de toute époque est encore plus remarquable ; on a pu écrire qu’il n’y a pas une variante importante par chapitre. On a accusé à tort les nestoriens d’à voir corrompu la version syriaque ; en dehors des différences orthographiques, c’est à peine si leurs manuscrits diffèrent en deux endroits, Heb., H, 9, el Act., XX, 28. Il est exact par contre que la Peschitto diffère de la Vulgate : elle ne renfermait pas la 2e Épitre de saint Pierre ; la 2e et la 3e Épitres de saint Jean ; l’Épitre de saint Jude ; l’Apocalypse ; l’histoire de la femme adultère ; Joa., vii, 53-vni, ii, et I Jean., v, 7.

6) Éditions. — Cf. C. R. Gregory, loc. cit., p. 815822. La première édition fut publiée à Vienne, grâce à J. Alb. Widmanstadius, d’après un manuscrit apporté de Mésopotamie par Moïse de Mardin, Liber sacrosancti Evangelii, characteribus et lingua syra, Jesu Christo vernacula, Vienne, 1555 ; quelques exemplaires parurent plus tard avec la nouvelle date de 1562. Le travail de Widmanstadt fut plusieurs fois réimprimé avec quelques corrections et quelques variantes de 1569 à 1621. Cette dernière année, Martin Trost ajouta une version latine au bas des pages : Novum Domini nostri Jesu Christi Testamentum syriace cum versione latina, ex diversis editionibus diligentissime recensvtum, accesserunt in fine notationes variantis lectionis ex quingue impressis editionibus diligenter collecte, Cothenis Anhaltanorum. Dans toutes ces éditions manquaient la 2e Épitre de saint Pierre, la 2e et la 3e de saint Jean, l’Épitre de saint Jude, l’Apocalypse, ainsi que Joa., VIII, 1-10, IJoa., v, 7, avec quelques mots dans Matth., x, 8 ; xxvii, 35 ; et deux versets de saint Luc, xxii, 17-18. En 1627, Louis de Dieu édita à Leyde un

V. - ei