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SYRIAQUES (VERSIONS)


de Lejay, il s’en écarte en 28 endroits, mais il y a là 22 fautes d’impression, cinq modifications purement orthographiques, il ne reste donc qu’une amélioration ; Lee utilise deux manuscrits d’Oxford et deux de Cambridge et s'écarte en 55 endroits des précédents, mais il y a là-dedans huit fautes d’impression, il lui reste donc 47 améliorations ; les éditions d’Ourmiah et de Mossoul utilisent des manuscrits nestoriens et diffèrent toutes deux de Lee en 94 endroits (dont sept fautes), Ourmiah seul s'écarte de Lee en 25 endroits (dont quatre fautes) et Mossoul seul en 31 endroits (dont six fautes). Pour le court chapitre xx, M. Dietrich compare entre eux 5 éditions, 25 manuscrits du VIe au xix" siècle et deux commentateurs, et relève seulement treize variantes, encore faut-il noter que deux sont des modifications d’orthographe, trois sont des interversions de deux mots successifs, une est une omission d’un membre de phrase pour homoiotéleutie, six autres sont des fautes propres chacune à un manuscrit : omission d’un ou de plusieurs mots, addition d’une particule, modification d’une lettre finale, singulier pour pluriel. Il reste en somme une seule variante intéressante fournie aussi par un seul manuscrit, mais qui est ancien. Pour les Paralipomènes, M. W. E. Barnes a constaté que Walton et Lee ont reproduit la Polyglotte de Paris : ce dernier a introduit six améliorations et autant de fautes d’impression ; enfin Ourmiah s’est borné à reproduire Lee en caractères nestoriens. Cf. An apparalus criticus to Chronicles in the Peshitta version, Cambridge, 1897. Le même auteur a donné une édition critique du Psautier basée sur onze éditions et vingt-huit manuscrits qui sont presque tous des manuscrits à usage liturgique ne renfermant que les Psaumes et les cantiques liturgiques ; ces mss. s'échelonnent d’ailleurs du VIe au XVIe siècle et sont de provenance jacobite, nestorienne et melkite. Même dans des conditions si désavantageuses à la conservation du texte, M. Darnes n’a relevé que 29 variantes pour les neuf premiers psaumes ; encore se trouve-t-il sur ce nombre six modifications purement orthographiques et cinq fautes évidentes de copiste, ce qui réduit le nombre des variantes à moins de vingt pour les neuf premiers Psaumes. Cf. The Peshitta Psaller, according to the Wesl Syrian text, edited with an apparatus criticus, by W. E. Barnes, Cambridge, 1904. Ces trois éditions critiques — les seules jusqu’ici consacrées à l’Ancien Testament — mettent bien en évidence le remarquable état de conservation de la version syriaque : les variantes sont peu nombreuses et la plupart sont des particularités orthographiques et des fautes de scribe. On peut donc utiliser l’une quelconque des éditions qui diffèrent si peu, mais de préférence, si elle est accessible, la reproduction du Codex Ambrosianus B. M, du vie siècle, mentionné plus haut. Les livres sont disposés dans l’ordre suivant : Pentateuque, Job, Josué, Juges, Samuel, Psaumes, Rois, Proverbes, Sagesse, Ecclésiaste, Cantique, Isaïe, Jérémie, Lamentations, Lettre de Jérémie, deux lettres de Baruch, Ézéchiel, les douze petits prophètes, Daniel avec Bel et le dragon, Ruth, Susanne, Esther, Judith, Ecclésiastique, Paralipomènes, Apocalypse de Baruch, I Esdras (IV des Latins), Esdras et Néhémie, cinq livres des Machabées, dont le dernier est le livre VI du De Bello judaîco de Flavius Josèphe. M. Barnes a montré que ce manuscrit est d’accord avec les plus anciens : ceux-ci concordent avec l’hébreu plus souvent que les manuscrits modernes, car ces derniers ont subi quelques retouches d’après le grec. Cf. An Apparatus criticus to Chronicles in the Peshitta Version with a discussion of the value of the codex Ambrosianus, Cambridge, 1897.

4° Origine de la Peschitto. — D’après une légende syrienne, consignée par Jésudad dans le livre composé par lui sur les passages difficiles et sur les mots

obscurs que l’on rencontre dans la Sainte Ecriture, « le Pentateuque, Josué, les Juges, Ruth, Samuel, David, les Proverbes, l’Ecclésiaste, le Cantique et Job ont été traduits au temps de Salomon à la demande de Hiram, roi de Tyr. Le reste de l’Ancien Testament a été traduit, avec le Nouveau, à l'époque d’Abgar, roi d'Édesse, par les soins d’Addaï et des autres Apôtres. » D’autres ont imaginé que l’auteur delà Peschitto est le prêtre Asa (ou 'Asiâ) qui avait été envoyé pour cet objet à Samarie par le roi d’Assyrie. Cf. P. Martin, Introduction à la critique textuelle du Nouveau Testament, p. 99 ; G. Dietrich, lsô'dàdh’s Stellung in der Auslegungsgeschichle des Alten Testamentes an seinen Commentaren.., Giessen, 1902. Plus digne d’attention est l’opinion de Jacques d'Édesse, d’après qui la Peschitto de l’Ancien Testament a été traduite sur l’hébreu au temps d’Abgar, P. Martin, loc. cit., p. 101, car cette version, écrite dans le dialecte de la Mésopotamie, doit avoir été faite dans ce pays, tandis que les chrétiens de la Syrie proprement dite faisaient usage des Septante. L’attribution de cette traduction au temps d’Abgar est basée sur la légende d’Addaï, nous retiendrons du moins qu’elle a été faite sur l’hébreu, à l’usage des chrétiens, probablement vers le commencement du second siècle. Méliton, évêque de Sardes vers 170, et plus tard Origène dans les Hexaples, la citent sous le nom de à Eûpoç. Quelques-unes de ces particularités du « syriaque » ne se trouvent plus dans nos manuscrits, ce qui est une nouvelle preuve que la traduction primitive a subi une ou plusieurs revisions. Un autre argument en faveur de l’ancienneté, de la Peschitto de l’Ancien Testament se tire des citations bibliques de la Peschitto du Nouveau Testament, car un nombre important de ces citations concorde avec le texte de la Peschitto de l’Ancien Testament et s'écarte à la fois de l’hébreu et du grec. Cf. F. Berg, The influence of the Septuagint upon the Peschitta Psalter, NewYork, 1895, p. 137-150. « En raison du grand nombre de ces cas, il est difficile d’expliquer cette concordance par une révision harmonistique postérieure ; il est plus admissible que la Peschitto de l’Ancien Testament a précédé la Peschitto du Nouveau Testament. R. Duval, La littérature syriaque, 3e édit., Paris, 1907, p. 28. Or, Eusèbe, analysant un ouvrage d’Hégésippe, nous apprend que cet auteur du milieu du second siècle se dénote comme un Juif converti à cause des emprunts qu’il fait c< à l'évangile selon les Hébreux et au syriaque. » T. xx, col. 384. Même si ce syriaque est celui du Nouveau Testament, il s’ensuit, d’après la remarque précédente, que la Peschitto de l’Ancien Testament est antérieure. Cette version est donc portée par les manuscrits, au Ve siècle, par les témoignages, à la fin du premier siècle et, par les légendes, au temps de Salomon.

5° Auteurè et nature de la traduction. — On s’accorde à reconnaître que plusieurs traducteurs ont traduit, à différentes époques, les livres protocanoniques sur l’hébreu et les livres deutérocanoniques sur le grec, hors l’Ecclésiastique qui a aussi été traduit sur l’hébreu. Il est probable que les premiers traducteurs n'étaient ni des juifs ni des chrétiens grecs mais des judéo-chrétiens ; car cette version n’a jamais été adoptée par les juifs qui repoussaient même en général les Septante, parce qu’ils regardaient toute traduction de l’hébreu comme une profanation ; les chrétiens grecs par contre utilisaient les Septanle, c’est donc vers la Mésopotamie que l’on dut éprouver le besoin d’une traduction araméenne ; or d’après les traditions syriennes, c’est parmi les communautés juives que le christianisme commença à se répandre en Mésopotamie.

Addaï, l’apôtre de l’Osroène, descend à Édesse chez le Juif Tobie et convertit les Juifs comme les païens,