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1913

    1. SYRIAQUE##

SYRIAQUE (MASS.ORE) — SYRIAQUES (VERSIONS]

1914

ture » marquèrent soit sur la ligne, soit au-dessus ou au-dessous des mots, des points ou groupes de points que l’on appelle « des accents » et que l’on divise en accents logiques et en accents rhétoriques. Ce travail semble avoir été terminé au vme siècle.

2° Leurs écoles. — De l’école d’Édesse la massore fut transportée à Nisibe à la fin du ve siècle lorsque les nestoriens chassés d’Édesse fondèrent une école dans cette ville. Au VIe siècle, Joseph d’Ahwaz, professeur à l’école de Nisibe, changea la lecture édessénienne, conservée jusque-là, en la lecture orientale que les nestoriens suivirent désormais. Cette modification porta non sur les voyelles, mais sur les points qui marquaient les différents membres de la phrase. Le système nestorien des points, des voyelles et de l’accentuation, fut répandu au VIIe siècle chez les monophysites par Sabrowai, le fondateur d’une école à Bsit-Schehak près de Nisibe, et par ses fils Ramjésus et Gabriel, moines du couvent de Mar Mattai. Jacques d’Edesse († 708) écrivit des traités sur la grammaire et l’orthographe, imagina des voyelles qui ne furent d’ailleurs pas adoptées, et, dans sa revision de la Bible, divisa les livres bibliques en chapitres et mit en tête de chaque chapitre un sommaire du contenu ; une partie des gloses marginales avait pour but d’indiquer la prononciation exacte des mois. Tous les travaux précédents furent synthétisés par les moines du couvent de Karkaphta (le crâne), situé près de la ville de Sergiopolis ou Reschaina. Aussi les massorètes jacobites sont désignés sous le nom de Karkaphiens et leur œuvre porte le nom de « Tradition karkaphienne » dans les manuscrits de la massore et dans les ouvrages de Bar-Hébrseus.

II. Les manuscrits. — Les principaux manuscrits massorétiques sont : le manuscrit 152 du Vatican, rédigé au couvent de Mar Aaron de Chigar l’an 980, analysé par Wiseman, Horse Syriacæ Rome, 4828, p. 151 à 193, le ms. 101 Barberini, daté d’après Wiseman de l’an 1093 de notre ère, ibid., 193 à 202 ; les manuscrits de Londres add. 12178 du IXe ou du xe siècle et add. 7183, probablement du xii » siècle ; le ms. syriaque 64 de Paris, du xie siècle ; le ms. 117 du musée Borgia conservé maintenant au Vatican, copié sans doute sur un ms. de Mossoul daté de l’an 1015 ; ces manuscrits d’ailleurs ne sont pas identiques ; ils développent plus ou moins et ne commentent pas toujours les mêmes passages. Ils se complètent donc mutuellement. La massore nestorienne est conservée dans un seul manuscrit de Londres, add. 12138, écrit en 899, au couvent de Mar Gabriel ou des Confesseurs, près deHarran.

La massore syrienne est tout à fait analogue à la massore hébraïque, elle s’est préoccupée de fixer l’orthographe et la prononciation et par suite le sens de tous les passages et de tous les mots qui pouvaient être ambigus dans la Bible syriaque. Elle est à peu près contemporaine de la massore hébraïque qui ne paraît cependant pas avoir influé sur elle, car les Syriens semblent s’être préoccupés surtout du grec et peu de l’hébreu. Il paraît cependant peu vraisemblable que deux procédés littéraires analogues aient pu coexister dans les mêmes régions sans influer l’un sur l’autre. Le syriaque a l’avantage d’avoir conservé des textes antérieurs à la massore, qui permettent de la compléter ou même de la rectifier, comme Bar-Hébrasus l’a fait souvent.

Bibliographie. — R. Duval, La littérature syriaque, Paris, 1907, p. 55-61 ; Nie. Wiseman, Horse Syriacse, Rome, 1828 ; P. Martin, La Massore chez les Syriens, dans eJournal asiatique, VIe série, t. xiv(1869), p. 245-378. Lasser Weingarten, Die syrische Massora nach Bar Hébrxus, Der Pentateuch, Halle, 1887. M. Gustave Dietrich a publié la Massore pour Isaïe, Die Massorah der ôstlichen und westlichen Syrer,

Londres, 1899, et pour le Cantiqne des Cantiques dans Zeitschrift fur die altlesl. Wissenschaft, 1902. p. 193. Voir encore un spécimen de massore nestorienne et jacobite dans Studia biblica, Oxford, 1891, p. 93-100.

    1. SYRIAQUES##

SYRIAQUES (VERSIONS). Nous traiterons des diverses versions de l’Ancien et du Nouveau Testament : La Peschitto, l’hexaplaire, la revision de Jacques d’Édesse, Je Diatessaron, l’Évangéliaire de Cureton et du Sinaï, la Philoxénienne, l’Héracléenne et la version syro-palestinienne.

I. Versions de l’Ancien Testament. — I. la pes-ChlTTO. — Son importance tient aux anciens manuscrits qui nous la conservent, pour ainsi dire sans aucune variante importante, et à son antiquité. — 1° Manuscrits principaux. — Le ms. de Londres, add. 14425, contenant le Pentateuque, est daté de l’an 464 de notre ère. Il est à remarquer que les anciens mss. grecs ne sont pas datés et présentent d’ailleurs entre eux de notables divergences. On rapporte au vie siècle les manuscrits de Londres add. 14427 (Pentateuque) ; 17102 (Josué) ; 14438 (Juges) ; 14431 (Samuel) ; 17104 (Paralipomènes ) ; 14443 (Job, Proverbes, Ecclésiaste, Sagesse, douze petils prophètes) ; 17108 (Proverbes) ; 14432 (Isaïe) ; 17105 (Jérémie, les deux lettres de Baruch) ; 47*07 (Ezéchiel) ; 14445 (Daniel). Quatre autres manuscrits sont du VIIe au vme siècle. Voir le mémoire de Cériani : Le edizionie i manoscritti délie vers, siriache del Vecchio Testamento, dans les Mémoires de l’Institut lombard des sciences et lettres, t. xi (t. ii, de la IIIe série).

2° Livres contenus dans la Peschitto. — Au Ve siècle, elle comprenait tous les livres proto et deutérocanoniques, car on les trouve dans le canon nestorien aussi bien que dans le canon jacobite ; leur traduction est donc antérieure à la séparatiou des deux Églises ; il semble même que tous les deutéro-canoniques étaient traduits dès le commencement du ive siècle, car Aphraate, vers 340, cite la Sagesse, l’Ecclésiastique, le second livre des Machabées ; il est possible cependant qu’il n’ait pas connu les épisodes de Susanne et du dragon. Cf. Palrologia Syriaca, t. i, p. xlii. Tous les deutérocanoniques sont traduits du grec, hors l’Ecclésiastique qui a été traduit sur l’hébreu.

3° Éditions. — On trouve le texte de la Peschitto dans la Polyglotte de Lejay, Paris, 1629-1645, dans la polyglotte de Wallon, Londres, 1654-1657 ; et dans les éditions : de Samuel Lee, Londres, 1823, publiée par la société biblique ; d’Ourmiah, publiée en 1852 par des missionnaires protestants américains ; de Mossoul, publiée, en 1888, par des dominicains. Les éditions de Lee et d’Ourmiah ne renferment pas les livres deutérocanoniques ; Paul de’Lagarde a édité ces livres (Ecclésiastique, Sagesse, Tobie, Lettres de Baruch et de Jérémie, Judith, prière d’Ananias, Bel, le dragon, Susanne, I Esdras, trois livres des Machabées), d’après la Polyglotte de Walton et six mss. de Londres, Libri Veteris Test, apocryphi syriace, Leipzig, 1861. Enfin Cériani a reproduit un manuscrit jacobite du VIe siècle qui contient tout l’Ancien Testament y compris les deutérocanoniques : Translatio Syra-Pescitto Veteris Test, e codice Ambrosiano sseculi fere VI, photolithographice édita, 2 in-f°, Milan, 1876-1883. Parmi les éditions partielles, nous allons faire connaître seulement trois éditions critiques récentes qui nous renseignent sur la valeur comparée des éditions et le remarquable état de conservation de la Peschitto dans les manuscrits. Dans Ein apparat us criticus zur Pesilto zum propheten lesaia (Beihefte zur Zeitschrift fur Alttest.. Wiss.), Giessen, 1905, M. G. Dietrich constate que la Polyglotte de Lejay reproduit le manuscrit sjriaque n° 6 de Paris et ne s’en écarte qu’en sept endroits ; Walton se borne à reproduire la Polyglotte