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1895
1896
SYCOMORE


Paris, 1795, t. i, p. 86. Pour que le fruit mûrisse ou soit de meilleure qualité, il faut le piquer ou y faire une incision, par laquelle s’écoule un suc laiteux. Cinq ou six jours après, la figue est bonne à manger. C’est l’industrie qu’aurait exercée Amos selon pi usieurs exégètes : « Je ne suis ni prophète, ni fils de prophète, je suis berger et je cultive les sycomores. » Amos, vii, ib.Bôlês iiqmim est traduit par les Septante et par certains commentateurs dans le sens de piquer les figues. Mais d 1°, bâlas, rappelle étroitement le mol arabe balesu, éthiopien, balas, qui désigne. la figue de sycomore. Bâlas serait un verbe dénominatif, comme le grec « ruxâÇeiv (d’Aristophane, De avibus), cueillir des figues. Rosenmûller, Prophètes minores, t. ii, p. 211 ; J. Touzard, Le livre d’Amos, Paris, 1909, in-12, p. 78. Cependant la charge de les cueillir devait impliquer les soins à donner aux fruits pour en assurer la maturation, et

G. Maspero, L’archéologie égyptienne, Paris, 1887, in-8°, p. 15, fig. 11, plan d’une maison thébaine avec jardin. Voir t. iii, col. 1129, fig. 204. « Tu as planté autour de ta demeure des sycomores en allées, » dit le vieux scribe Khonsouhotpou à son fils Ani, en le félicitant des améliorations faites à son domaine. Papyrus moral de Boulaq. Dans le tombeau du graveur Apouï qui vivait du temps de Ramsès II, au cinquième registre on voit deux larges sycomores à l’ombre desquels on a installé deux chadoufs pour l’arrosage du jardin. V. Scheil, Le tombeau d’Apouï, dans Mémoires de la Mission du Caire, in-8°, t. v, 1894, p. 607. L’ombrage épais des sycomores les faisait estimer dans un pays brûlé par les ardeurs du soleil. « Son ombre est fraîche et éventée de brise, » est-il dit dans le chant du Sycomore. G. Maspero, Études égyptiennes, t. i, fasc. 3, p. 226. Respirer le frais à l’ombre de ses sycomores

421. — Cueillette des figues de sycomore. D’après Lepsius, Denkmàler, Abth. ii, pi. 53.

par conséquent le piquage des figues. Cette condition est notée par Théophraste, H. N., iv, 2. « Les fruits ne peuvent arriver à maturité que quand on y pratique une incision ; mais cette incision une fois faite ils mûrissent en quatre jours. Quand ils ont été enlevés, d’autres repoussent à la même place, et cela peut se répéter jusqu’à trois fois et davantage même, dit-on, chaque année. Cet arbre distille un suc laiteux. » Pline, H. N., xiii, 14, fait les mêmes observations.

Si le sycomore était très commun dans la Palestine il était plus répandu encore dans la vallée du Nil, tellement qu’au temps de l’Ancien Empire, l’Egypte est appelée « la terre des sycomores ». Le nom de cet

arbre revient fréquemment dans les textes : _ 4,

neh, en copte itoirgi, nouhi, nom dérivé de l’ombre fournie par son épais feuillage (neh, « protéger » ). Il était si commun qu’il devint presque synonyme d’arbre en général : ainsi pour désigner des espèces exotiques encore peu connues, on se contenlait d’ajouter au mot neh une épithète spéciale, par exemple « sycomore à encens » pour le Boswellia ou arbre à encens ; sycomore à résine pour le térébinthe. On ne rencontre guère de représentations de jardins dans les tombeaux sans y voir figurer des sycomores, parfois très sommairement dessinés ou sous leur forme schématique.

passait pour une suprême jouissance. Aussi dans les inscriptions funéraires trouve-ton souvent pour le mort des souhaits comme celui-ci : « Que je me promène au bord de mes étangs, que je me rafraîchisse sous mes sycomores. » K. Piehl, Petites notes de critique et de philologie, dans Recueil de travaux relatifs à l’archéologie égyptienne, t. i, Paris, 1870, p. 197. On trouve dans les tombeaux quantité de fragments de cet arbre, branches ou feuilles placées près des momies, des corbeilles entièrement remplies de ses figues.

Dès la IVe ou V « dynastie, sur une pierre tombale de Gizéh, était représentée la cueillette des fruits du sycomore. Lepsius, Denkmàler, Abth. ii, pi. 53. Des Égyptiens, montés sur les branches de l’arbre, en Gueillent les figues et les jettent dans des corbeilles sur le sol (fig. 424). Dans un tombeau de la VIe dynastie de Sauietel-Meitin (fig. 425), on voit des manœuvres en train d’abattre des sycomores et d’autres débitent le bois qui servira sans doute à fabriquer un sarcophage. Lepsius, Denkmàler, Abth. ii, pi. 111. C’est en effet de préférence avec ce bois qu’on fabriquait les cercueils pour les momies. Ce bois se prêtait au travail du ciseau : aussi trouve-t-on dans les musées bon nombre de statues, de meubles, d’objets divers en bois de sycomore.

On voit par tout ce que nous venons de rapporter quelle était en Egypte la place du sycomore. Combien