Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/950

Cette page n’a pas encore été corrigée
1853
1854
SOUDE — SOUFFLET
! 

bôrît dans Jer., ii, 22, et Mal., iii, 2, désigne une plante qui fournit une espèce de savon végétal. Les Septante, la Vulgate, et les traductions rabbiniques l’ont ainsi entendu. Dans Jer., ii, 22, nétér, « natron », soude ou alcali minéral, est mis en parallèle avec bôrîf, soude ou alcali végétal. Plusieurs exégètes ont pensé que dans Job, ix, 30, et Is., i, 25, le mot bôr avait la même signification. Dans Job, ix, 30, en effet, bôr est mis en parallèle comme moyen de purification avec l’eau pure provenant de la neige : il semblerait que la mention d’une sorte de savon serait assez naturelle dans ce passage. Cependant l’expression bebôr kappékâ se retrouve plus loin, Job, xxii, 30 et signifie certainement c< par la pureté de tes mains ». Il paraît bien avoir le même sens, dans le premier cas. Quant à Is., i, 25, il semble y avoir une transposition de lettres, et au lieu de 133, kebôr, comme [avec] la soude, il faut lire 133, bahkur, « dans la fournaise, le creuset » ; sens plus naturel dans le contexte.

Les Arabes désignent les plantes maritimes, employées à la fabrication de la soude sous le nom de Kali (avec l’article al-kali, d’où vient notre mot alcali). Ils appellent de même les substances extraites de ces plantes, comme la soude, et ils comprennent également sous ce nom général les carbonates de potasse.

Parmi ces plantes les plus habituellement employées sont les Salsola Kali, Salsola Soda etc., les Salicornes Salicornia fruticosa, S. herbacea. Les tribus arabes des bords de la mer Morte en récoltent d’abondantes quantités, qu’elles brûlent pour extraire de leurs cendres des alcalis, soude ou potasse destinés à leur usage ou à l’exportation. On les utilise en Palestine pour la Tabrication du savon, qui est spécialement développée à Jaffa, à Naplouse, à Jérusalem. W. M. Thomson, The Land and the Book, in-8, Londres, 1885, p. 532 ; H. B. Tristram, The naluralHistory ofthe Bible, in-8°, Londres, 1889, p. 481-482 ; 0. Celsius, Hierobotanicon, in8°, Amsterdam, 1748, p. 449. E. Levesque.

    1. SOUFFLE##

SOUFFLE (hébreu hébél, néfés, nUmâh ;

Septante : ôrtiiCc, 7tvEÛ[<.a, xw&ïi, ^V"/ 1 ! » Vulgate : aura, halitus, fiatus, spiritus, spiracu lum), air mis en mouvement par le mécanisme de la respiration.

1° Au sens propre. — Dieu a mis en l’homme niSma ( hayyîm, 7tvo-<î Çwïi ; , spiraculum vitse, le souffle de vie, de manière à faire de lui néfês Ijtayyïm, i/vy^ Çùffa, anima vivens, un être animé et vivant. Gen., ii, 7. Ce n’est pas le souffle qui constitue la vie, mais il en est le signe le plus évident. Aussi. « tout ce qui a souffle de vie », Gen., vii, 22, équivaut-il à « tout être vivant ». Cf. Gen., i, 20, 30 ; Sap.. xv, 11 ; Is., xlii, 5. Le souffle dans les narines, c’est donc la vie. Job, xxvii, 3. Les idoles n’ont pas ce souffle et, par conséquent, ne sont pas vivantes. Ps. cxxxv (cxxxiv), 17 ; Jer., x, 14 ; Bar., vi, 24 ; Hab., ii, 19. Quand la vie diminue, pour une cause ou pour une autre, le souffle s’épuise, Job, xvii, 1 ; Dan., x, 17, on n’a plus qu’un souffle,

II Mach., iii, 31, on rend le dernier soupir, II Mach., vu, 9, ou l’esprit, Matth., xxvii, 50 ; Joa., xix, 30, on expire. Marc, xv, 37 ; Luc, xxiii, 46 ; Act., v, 5, 10. Alors il n’y a plus de souffle dans le corps, il est mort.

III Reg., xvii, 17. Dieu tient en ses mains le souffle des rois, c’est-à-dire leur vie. Dan., v, 23. Comme ce souffle est très léger, les impies le comparent à une fumée, Sap., ii, 2, assimilant ainsi la vie et l’âme qui en est la cause à quelque chose qui périt totalement sans laisser de traces. — Le souffle du crocodile allume des charbons, c’est-à-dire que la vapeur que rejette l’animal paraît toute enflammée aux rayons du soleil. Job, xl, 12.

2° Comparaisons. — Le souffle est une chose légère et faible. Un souffle emportera les idoles, Is., lvii, 13, elles disparaîtront au moindre effort dirigé contre elles.

L’homme est semblable à un souffle, tant sa vie est faible et éphémère, Ps. xxxix (xxxviii), 6 ; cxliv (cxliii), 4 ; ses jours ne sont qu’un souffle. Job, vii, 16. Lestrésors mal acquis sont comme le souffle d’un hommequi va mourir, Prov., xxi, 6, ils n’ont rien de stable. Les coutumes des nations idolâtres ne valent pas mieux. Jer., x, 3. Le souffle donne son nom à la vanité elle-même, c’est-à-dire à tout ce qui n’a ni valeur, ni durée. C’est pourquoi l’Ecclésiaste appelle les choses de ce monde habêl hâbdlim, n vanité des vanités », c’est-à-dire choses vaines, inconsistantes, éphémères, qui> ne méritent pas d’occuper sérieusement l’esprit del’homme. Eccle., i, 2, 14 ; ii, 17, 23 ; iv, 4, 8 ; v, 9 ; vi, 9. — Comme la respiration normale est signe de vie et de santé, « commencer à respirer » c’est obtenir lapaix, II Mach., xiii, 11, et « respirer à l’aise », c’est se donner satisfaction.

3° Au sens figuré. — Le souffle de Dieu désigne sapuissance. La sagesse est le souffle de la puissance de Dieu. Sap., vii, 25. Si Dieu retirait son souffle, touteschoses périraient à l’instant. Job, xxxiv, 14. Ce souffle fait mourir les méchants, Is., xi, 4, dessèche l’herbe et les fleurs, Is., xl, 7, et précipite la course du fleuveencaissé dans ses rives. Is., lix, 19. Voir Vent.

H. Lesêtre.

1. SOUFFLET (grec : pântana ; Vulgate : alapa, cola-’phus), coup frappé avec la main sur le visage de quelqu’un. En hébreu, il n’y a pas de mot pour désignerce coup ; on se sert de l’expression « frapper sur la joue ». Le grec du Nouveau Testament emploie presque toujours le verbe xoXaçiÇsiv, qui n’est pas classique et a été formé du substantif xôXaifoi ; , « soufflet ». — Aux yeux des Orientaux, un soufflet est une des plus gravesinjures que l’on puisse subir. Les coups de bâton se supportent patiemment, mais le soufflet déshonore efr appelle la vengeance. Cf. Landrieux, Aux pays du Christ, Paris, 1897, p. 414. Aussi de fortes amendes, étaient-elles la conséquence de cet affront : pour un soufflet sur l’oreille, une mine, soit 141 francs ; pour-un soufflet sur la mâchoire, 200 zouz, soit 176 francs-Baba kamma, viii, 6. — Quand le prophète Michée, fils de Jemla, annonça à Achab et à Josaphat que leur expédition en commun serait sans succès, Sédécias, filsde Chanaana, le frappa sur la joue. III Reg., xxii, 24 ; . II Par., xviii, 23. C’est le seul exemple d’un pareil affront infligé à quelqu’un dans l’Ancien Testament-Job, xvi, 11, parle au figuré quand il accuse ses ennemis de lui frapper la joue avec outrage. Il est bon que celui qui est soumis à l’épreuve « tende la joue à celuiqui le frappe », car le Seigneur viendra à son aide. Lam., iii, 30. L’ennemi de Jérusalem frappe de la verge sur la joue le juge d’Israël, Mich., v, 1 (iv, 14), . c’est-à-dire outrage les princes de la nation. — Notre-Seigneur dit que, si on est frappé sur la joue droite, , il faut présenter la joue gauche. Matth., v, 39 ; Luc, vi, 29. C’est un conseil signifiant que son disciple doit supporter patiemment les plus graves injures et setenir disposé à en subir de plus graves encore. Pendant sa passion, le Sauveur montre lui-même en quel sens il faut entendre ce conseil. Quand il décline l’interrogatoire qu’entreprend sans droit le grand-prêtre Anne, . un valet lui donne un soufflet. Joa., <xviii, 22. Notre-Seigneur se contente alors de faire remarquer l’injustice de ce traitement, qui n’est pas seulement une odieuse brutalité, mais encore un humiliant outrage. Durant la nuit, entre les deux séances du sanhédrin, d’autres valets, lui ayant bandé les yeux, le frappent au visage et le soufflettent en lui disant : « Devine qui t’a frappé. » Matth., xxvi, 67 ; Marc, xiv, 65 ; Luc, xxii, 64. À leur tour, les soldats de Pilate le tournent en dérision et lui donnent des soufflets, Matth., xxvii, 30 ; . Joa.. xix, 3, de telle sorte que Juifs et gentils s’accordent pour le maltraiter ainsi. — Par ordre du grand-