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SORGHO — SORT


celui de dourah, en Egypte, en Babylonie, en Syrie, en Palestine.

Mais il y a controverse pour savoir si les anciens Égyptiens et les habitants de la Palestine connaissaient et cultivaient le sorgho. Bon nombre d’auteurs croient voir dans certaines scènes de récoltes des peintures égyptiennes la moisson du doura (fig. 408). Wilkinson, The manners and customs, t. ii, p. 427, 428 ; Lspsius, Denkmâler, t. iii, pi. 78 ; Erman, Life in ancient Egypt, trad. Tirard, Londres, 1894, in-8°, p. 435 ; Fr. VVoenig, Die Pflanzen im alten Aegypten, Leipzig, 1886, in-8°, p. 172, etc. D’autres savants croient que la plante récoltée, ainsi représentée dans ces scènes de Thèbes et de El-Kab, n’est autre que le lin : ils invoquent en faveur de leur opinion le peu d’élévation des tiges, la forme des épis, etc. Schweinfurth, Zeiischrift fur Ethnologie, 1891, p. 654 ; Ch. Joret, Les plantes dans l’antiquité, t. i, p. 32. Sans doute dans ces scènes la récolte se fait en arrachant la plante avec ses racines, comme on procédait pour le lin ; mais le sorgho s’arrachait de même ; et on suit une

408. — Récolte du dourah ou du lin.

semblable pratique en certaines parties de l’Egypte ; en d’autres endroits on le coupe comme le blé.

Il est vrai que les plantes représentées ne vont qu’à la ceinture des moissonneurs, ce qui n’est pas ordinaire pour le sorgho. Mais le blé qu’on récolte à côté n’est pas plus élevé.

Dans les peintures des monuments, à la suite de la moisson du blé est représentée celle de cette plante. Si l’o n a voulu donner les récoltes qui se font à la même époque, ce ne pourrait être que celle du liii, qui a lieu en avril comme celle du blé ; la moisson du dourah au contraire n’a lieu qu’en juillet, et encore pour les pays qui ont une seconde récolte en novembre. Maison a pu vouloir aussi bien représenter la récolte des céréales sans tenir compte des temps, et alors la moisson du dourah viendrait très bien à la suite de celle du blé. Quant à la Babylonie où nous transporte le passage d’Ézéchiel, iv, 9, le dourah était certainement connu et cultivé.

Le mot Dâgan, qui désigne en hébreu les céréales en général, sans spécifier l’espèce, peut servir, en certains textes, à désigner le sorgho ou dourah aussi bien que le blé ou l’orge. A. de Candolle, Origine des plantes cultivées, in-8°, Paris, 1886, p. 305 ; H. B. Tristram, Thenatural Hislory of lheBible, in-i%, Londres, 1889, p. 469. E. Levesque.

1. SORI (hébreu : Sert ; Septante : 20up0> Lévite, fils d’Idithun. I Par., xxv, 3. Au ꝟ. 11, il est appelé Isari. Voir Isari, t. iii, col. 986.

2. SORI, nom hébreu d’un parfum. Voir Balanite, t. i, co’l. 1408.

SORT (hébreu : gôrdl, pur ; Septante : » lf, po ;  ; Vulgate : sors), procédé employé pour obtenir une décision qu’on ne veut pas laisser au libre choix. — Les mots gôrdl et x^o ; désignent originairement la petite pierre ou le caillou dont on se servait pour tirer au sort. Le mot latin sors a la même signification ; c’est le nom de la boule de bois ou du jeton au moyen duquel on tirait au sort. Les cailloux ou les boules, distincts parla couleur ou quelques autres signes, étaient mis dans un récipient quelconque, sac, pan de manteau, coupe, urne, etc., et, sans faire intervenir la vue, on tirait l’un deux, qui indiquait le parti à prendre ou le choix à adopter. Le tirage au sort a été un usage chez, tous les peuples. Le sort a été plusieurs fois employé chez les Hébreux dans des circonstances importantes. Sur un dieu du Sort, mentionné par Isaïe, lxv, 12, voir Meni, t. iv, col. 968.

1° Dans les partages. — Le sol de la Palestine a été partagé entre les tribus par voie de tirage au sort. Num., xxvi, 55 ; xxxiii, 54 ; Deut., i, 38 ; Jos., i, 6 ; xviii, 6 ; Act., xiii, 19. Les villes lévitiques furent désignées par le sort dans toutes les tribus. Jos., xxi, 4 ; I Par., vi, 65. Au retour de la captivité, on tira au sort ceux qui devaient habiter à Jérusalem, à raison d’un I sur dix parmi tout le peuple. II Esd., xi, 1. On ne tirait pas au sort quand tous devaient être pris. Ezech., xxiv, 6. Les ennemis se partageaient au sort les dépouilles, Abd., 11, les terres conquises, I Mach., iii, 36, et les prisonniers. Jo., iii, 3 ; Nah., iii, 10. Conformément à la prophétie, Ps. xxii (xxi), 19, les dépouilles du Sauveur furent partagées entre les soldats et sa robe tirée au sort. Matth., xxvii, 35 ; Marc, xv, 24 ; Luc, xxiii, 34 ; Joa., xix, 24. Les parts d’héritage étaient tirées au sort. Eccli., xiv, 15. Le tirage au sort, dans les partages, avait pour effet de couper court aux contestations. Prov., xviii, 18. C’était donc un moyen de conserver la paix parmi les ayants-droit. Voici comment, aujourd’hui encore, on tire au sort en Palestine, quand le gouvernement turc a attribué à une commune quelque morceau de terre arable : « Après qu’il a été préalablement et dûment établi à quelle étendue de terre chaque membre de la commune peut prétendre, d’après l’importance de sa maison, le territoire est divisé en lots d’égale grandeur, et, autant que possible, d’égal rapport, dont les noms sont écrits sur de petits cailloux renfermés dans une sacoche. Les habitants du village se réunissent et se placent en demi-cercle autour de l’iman. Celui-ci fait tirer de la sacoche, par un enfant qui n’a pas encore cinq ans, un des petits cailloux, garai, tandis qu’en même temps un autre enfant proclame le nom d’un des habitants du village, à qui est alors adjugé le lot qu’on vient d’annoncer. On ne peut en appeler de ce partage. » F. Buhl, La société israélite d’après l’A.T., trad. de Cintré, Paris, 1904, p.93. 2° Dans la désignation des fondions. — À l’époque des Juges, on désigna par le sort, à raison d’un sur dix par tribu, les guerriers qui devaient prendre part à la lutte contre Benjamin. Jud., xx, 10. Quand les Israélites voulurent un roi, Samuel le fit désigner par le sort ; le sort tomba sur la tribu de Benjamin, sur la famille de Mélri et enfin surSaûl. I Beg., x, 21. Beaucoup de fonctions sacrées furent attribuées aux lévites et aux prêtres par la voie du sort. I Par., xxiv, 5, 31 ; xxv, 8 ; xxvi, 13. Un nouveau tirage au sort se fil dans ce but après le retour de la captivité. Il Esd., x, 34 ; Luc, i, 9. Voir Prêtre, col. 649, 650. Pour désigner le successeur de-Judas, les Apôtres recoururent au sort, après avoir prié Dieu de faire connaître son choix. Le sort tomba sur saint Matthias. Act, I, 26. À ce cas, comme à celui de l’élection de Saiil, déjà sacré par Samuel, s’appliquevisiblement la remarque des Proverbes, xvi, 33 On jette les sorts dans le pan de la robe, Mais c’est Jébovah qui décide.