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PHACÉE — PHADAÏA


efforts, les rois de Syrie et de Samarie ne purent vaincre Achaz à Jérusalem. Ils se tournèrent alors chacun de leur côté. Rasin alla s’emparer d'Élath, sur la mer Rouge et fit dans le royaume de Juda un grand nombre de prisonniers qu’il déporta à Damas. IV Reg., xvi, 6 ; II Par., xxviii, 5. Phacée, opérant pour son compte, battit l’armée d’Achaz et lui tua cent vingt mille hommes en un jour. Zéchri, guerrier d’Ephraïm, mit à mort Maasias, fils du roi, Eyrica, intendant de la maison royale, et Elcana, le premier ministre. En toutes ces rencontres, les Israélites firent à leurs frèresdeux cent mille prisonniers, femmes, fils et filles, qu’ils emmenèrent à Samarie avec un butin considérable. II Par., xxviii, 6-8. Sur la valeur de ces chiffres, voir Nombre, t. iv, col. 1682-1683.

Dieu ne permit pas cependant que des frères se traitassent comme des étrangers. L’armée israélite revenait à Samarie avec ses captifs et son butin, quand un prophète de Jéhovah, nommé Oded, se présenta audevant d’elle et lui reprocha la fureur avec laquelle elle avait tué tant d’hommes de Juda. On allait maintenant réduire en esclavage des milliers de survivants. Mais Éphraïm, lui aussi, n'était-il pas coupable envers Jéhovah ? Le prophète concluait au renvoi des prisonniers, si l’on voulait échapper à la colère de Dieu. Son observation était trop juste pour ne pas éveiller la pitié dans l'âme des vainqueurs. Quelques-uns des chefs d’Ephraïm appuyèrent énergiquement les paroles d’Oded. L’armée abandonna ses captifs et son butin. Par les soins des chefs, on fournit aux prisonniers des vêtements et des chaussures ; on les fit manger et boire, on les oignit, on fit monter sur des ânes ceux qui défaillaient et on les reconduisit tous à Jéricho, où on les remit aux mains de leurs compatriotes. II Par., xxviii, 9-15. Ce jour-là, grâce à l’initiative du prophète et à l’intelligence des chefs, un grand acte de fraternité fut accompli en Israël. L’intervention de Phacée n’apparaît pas dans cet événement. Peut-être tout se fit-il à son insu, ou du moins n’osa-t-il pas s’opposer à un mouvement qui entraînait tout son peuple.

Les choses n’en restèrent paslà. Achaz, effrayé de la campagne menée si rudement contre lui par les deux alliés, prit alors un parti désastreux pour l’indépendance nationale. Il envoya des messagers à Téglathphalasar pour lui dire : « Je suis ton serviteur et ton fils ; monte et délivre-moi de la main du roi de Syrie et de la main du roi d’Israël, qui se sont levés contre moi. » IV Reg., xvi, 7. Il faut ajouter que les Iduméens et les Philistins avaient attaqué Judaà leurtour, lui avaient emmené des captifs et pris des villes. II Par., xxviii, 16-18. Le roi d’Assyrie se hâta d’acquiescer à une demande qui répondait merveilleusement à ses ambitieux projets. En vain Isaïe chercha-t-il à faire tomber les illusions d’un peuple qui « se réjouissait au sujet de Rasin et du fils de Romélie », menacés par l’Assyrien. En vain prédit-il que ce sauveur deviendrait pour Juda un envahisseur et un conquérant. Is., viii, 6, 7. Téglathphalasar descendit et s’abattit d’abord sur le royaume d’Israël, sans que le roi de Syrie osât venir au secours de son allié. Arrivant par la vallée de l’Oronte, du Léontès et du haut Jourdain, il prit successivement les villes d’Ajon, d’Abel-Beth-Machaa, de Janoé, de Cédés, d’Asor, puis Galaad, la Galilée et tout le pays de Nephthali, c’est-à-dire toute la partie septentrionale du royaume d’Israël, et il en déporta les habitants en Assyrie. II Reg., xv, 29. Il est dit ailleurs, I Par., v, 26, que Téglathphalasar emmena captifs les Rubénites, les Gadites et la demi-tribu de Manassé, et qu’il les conduisit à Hala, à Chabor, à Ara et au fleuve de Gozan. Après les Israélites, le roi d’Assyrie tomba sur les Philistins, ces autres ennemis de Juda, et sur les Syriens, contre lesquels il fit deux campagnes. Tous ces événements se passèrent dans les années 734-732. Le roi de Juda eut ensuite son tour, comme il fallait.s’y attendre et comme Isaïe l’avait annoncé. II Par., xxviii, 20.

Une des inscriptions de Téglathphalasar, Cuneiform Inscriptions of Western Asia, t. iii, pi. x, 2 ; cf.. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. iii, p. 522, 523, raconte la campagne contre la terre de Pilasta, la Palestine. Parmi les villes prises à l’entrée de la terre de Bêt-Ilu-wm-ri, maison d’Amri ou d’Israël, on a cru reconnaître celles de Galaad et d’Abel-Beth-Maacha (Abiilakka). Mais il est possible qu’il faille lire plutôt Galza et Abilakka. Cf. Rost, Die Keilschrifttexte Tiglat-Pilesers III, t.i, p. 78-79. L’inscription ajoute, lig. 26-28 : « La terre de Bêt-Hu-um-ri… la totalité de ses habitants, avec leurs biens, je transportai en Assyrie. »

Phacée avait échappé à la déportation, probablement en se cachant dans les montagnes. Il ne survécut guère au désastre. Parvenu à la royauté par l’assassinat, il fut assassiné à son tour par Osée, fils d'Éla, qui régna à sa place. II Reg., xv, 30. L’inscription de Téglathphalasar relate le fait. Voir Osée, t. iv, col. 1905. Ce qui se dégage de ces récits, c’est que Phacée fut un ambitieux sans scrupule, qui ne recula pas devant l’alliance avec les étrangers pour l’oppression de ses frères de Juda, mais qui ne sut et ne put rien faire pour la défense de son propre royaume, qu’il vit le premier très sérieusement entamer par les conquérants assyriens.

H. Lesêtre.

PH ACÉI À (hébreu : Peqafryâh ; Seplante : Q> « .v.solai), dix-septième roi d’Israël (761-759, ou 752-751). Il était fils de Manahem, à la mort duquel il devint roi. Son règne de deux ans se résume en ces mots, si souvent redits au sujet des rois d’Israël : « Il fit ce qui est mal aux yeUx de Jéhovah et ne se détourna pas des péchés de Jéroboam, fils de Nabat, qui avait fait pécher Israël. » II Reg., xv, 24. Il est possible que le tribut payé naguère au roi d’Assyrie, et que Manahem avait fait peser sur les riches, ait indisposé ces derniers contre son fils. Un des officiers du roi le mit à mort et frappa avec lui deux personnages dont le nom a été conservé, Argob et Arié, fidèles à Phacéia et, à ce titre, partageant probablement son impopularité. II Reg., xv, 25. Voir

Phacée, col. 178.

H. Lesêtre.

PHADAÏA (hébreu : Pedâyàh, une fois Pedâydhu ; « Jéhovah rachète ou délivre » ), nom de six ou sept Israélites. M. Bliss a trouvé au sud de la colline

35. — Cachet d’un Phadaïa. inns bOTOW », IHma"el Pedayahu.

d’Ophel, à Jérusalem, un cachet scarabéoïde qui porte le nom de Phadaïa écrit en hébreu ancien (fig. 35). Voir Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Comptes rendus, 23 juillet 1897, p. 374.

.1. PHADAÏA (Septante : $a8 « i’a ; Aleœandrinus : EkSSda), père de la reine Zébida, mère du roi Joakim. Il était originaire de Ruma. IV Reg., xxiii, 36.

2. PHADAÏA (Septante : *a8ataç), fils du roi de Juda Jéchonias et père de Zorobabel. I Par., iii, 18-19. Le Vatieanus et VAlexandrinus, I Par., iii, 19, indiquent Salathiel comme père de Zorobabel, comme le font d’ailleurs Agg., i, 1, etc. ; I Esd., iii, 2, etc. ; Néhé-