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SOLEIL


les autres êtres. C’est Dieu qui a fait le soleil. Ps. lxxiv (lxxiii), 16. Dieu lui commande, Job, ix, 7, et il obéit, Bar., vi, 59, il connaît l’heure de son coucher, c’est-à-dire se couche à l’heure que Dien lui marque. Ps. crv (cm), 19. La Sainte Écriture parle du cours du soleil d’après les apparences, selon le langage habituel aux hommes. Elle ne préjuge en rien la question scientifique du rapport réel qu’ont entre eux le soleil et la terre au point de vue du mouvement. Elle parle donc du lever du soleil, Gen., six, 23 ; xxxii, 31 ; Exod., xxiii, 3 ; Ps. civ (cm), 22 ; Eccli., xxvi, 21 ; etc., et de son coucher. Gen., xv, 12 ; Exod., xxii, 26 ; etc.

Le soleil se lève, le soleil se couche, Et il se hâte de retourner à sa demeure, D’où il se lève de nouveau. Eccle., i, 5.

On avait remarqué les « retours périodiques » du soleil, c’est-à-dire probablement les solstices, qui servaient à régler les « vicissitudes des temps » et le cours des années. Sap., vii, 18. Le soleil a un splendide aspect. Eccli., xlii, 16. Sa clarté n’est pas la même que celle de la lune. I Cor., xv, 41. Il préside au jour, qu’il constitue par sa présence au-dessus de l’horizon. Ps. cxxxvi (cxxxv), 8 ; Eccli., xxxiii, 7 ; Jer., xxxi, 35. En Orient, l’action du soleil se manifeste plus sensiblement encore par sa chaleur que par sa lumière. Celte chaleur se fait sentir dès son lever, Jud., v, 31 ; I Reg., xi, 9 ; II Reg., xxiii, 4 ; II Esd., vii, 3 ; Sap., xvi, 27, et s’accroît à mesure que le soleil monte dans le ciel, Exod., xvi, 21, dissipant les nuées, Sap., ii, 3 ; mûrissant les fruits, Deut., xxxiii, 14 ; brunissant les visages, Cant., i, 5, et faisant parfois souffrir gravement les hommes et les plantes. Eccli., xlhi, 4 ; Is., xlix, 10 ; Bar., ii, 25 ; Jon., iv, 8 ; Matth., xiii, 6 ; Marc, iv, 6 ; Jacob., i, 11 ; Apoc., vii, 16. Il s’obscurcit miraculeusement à la mort du Sauveur. Luc, xxiii, 45. Voir Éclipse, t. ii, col. 1562. Pendant les tempêtes, les nuages le dérobent complètement à la vue durant un temps variable. Act., xxvii, 20. En remplissant ainsi son rôle, le soleil loue le Seigneur à sa manière. Ps. cxlviii, 3 ; Eccli., xlhi, 2 ; Dan., iii, 62.

2° Locutions diverses. — Le lever et le coucher du soleil désignent les points de l’horizon où le soleil paraît et disparaît, le levant, orient ou est, Jos., i, 15 ; xii, 1 ; 1s., xli, 25 ; xlv, 6 ; Ezech., xi, 1 ; etc., le couchant, occident ou ouest. Deut., xi, 30 ; Jos., i, 4 ; etc. « Du levant au couchant » indique toute la surface de la terre. Ps. l (xlix), 1 ; cvn (cvi), 3 ; cxin (cxii), 3 ; Mal., 1, 11 ; etc. — « Sous le soleil » est une expression fréquemment employée par l’Ecclésiaste, i, 3, 10, 13, 14, etc., pour désigner le séjour des hommes, la terre. — Ceux qui voient le soleil sont les vivants. Eccle., vii, 12.Il est doux de voir le soleil, c’est-à-dire de vivre. Eccle., xi, 7. Ne pas voir le soleil, c’est ne pas naître, Ps. lviii (lvii), 9 ; Eccle., vi, 5, ou seulement être aveugle. Act., xiii, 11. Le soleil s’obscurcit pour le vieillard dont la vue s’affaiblit. Eccle., xii, 1. Il se couche pour celui qui meurt, Jer., xv, 9, ou qui n’a plus l’assistance de Dieu.’Mich., iii, 6. — « À la face du soleil », en plein soleil, marque qu’une action s’accomplit à la vue de tous. Num., xxv, 4 ; — « Tant que subsistera le soleil » signifie toujours, Ps. lxxii (lxxi), 5, 17 ; lxxxix (lxxxviii), 38 ; Eccli., xxvii, 12, bien que le soleil lui-même doive cesser d’exister. Eccli., xvii, 30. — Dieu « fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, » c’est-à-dire accorde à tous les hommes sans exception les dons de la nature. Matth., v, 45. — Il ne faut pas que le soleil se couche sur la colère, c’est-à-dire la colère doit être apaisée avan t la fin du jour. Eph., iv, 26.

3° Comparaisons. — Dans un songe, Joseph. voit le soleil, la lune et onze étoiles se prosterner devant lui, et Jacob reconnaît qu’il est lui-même ici représenté

par le soleil. Gen., xxxvii, 9, 10. — Dieu a sa tente dans le soleil, par conséquent au sein de la gloire, Ps. xix (xviii), 6. Ses yeux sont plus brillants que lesoîeil. Eccli., xxiii, 28. Lui-même est le soleil desjustes, Is., lx, 19, 20 ; le soleil de justice-, Mich., iv, 2, . Jésus-Christ transfiguré, Matth., xvii, 2, et glorieux, Apoc, i, 16, brille comme le soleil. Dans le ciel, il 1 sert de soleil aux bienheureux. Apoc, xxi, 23 ; . xxii, 5. — L’épouse du Cantique, vi, 9, est belle commele soleil ; la sagesse est plus belle que lui. Sap., vii, 29.. Au soleil sont encore comparés le grand-prêtre Simon, . Eccli., l, 7 ; les justes, Matth., xiii, 43 ; les bonnes œuvres. Eccli., xvii, 16. Les idoles n’ont rien de commun avec cette ressemblance. Bar., vi, 66. — Le soleil de l’intelligence est la lumière de la sagesse. Sap., vi, 6. Dans le songe de Mardochée, le soleil représente lasécurité et la prospérité rendues aux Juifs. Esth., x, 6 ; xi, 11. Saint Paul voit sur le chemin de Damas une lumière plus éclatante que le soleil. Act., xxvi, 13-Dans ses visions, saint Jean voitun ange dont le visage brille comme le soleil, Apoc, x, 1 ; un autre angedebout dans le soleil, Apoc, xix, 17, et une femme revêtue du soleil. Apoc, xii, 1. Ces images donnent l’idée de la gloire divine dont ces personnages sont environnés. — Dans les grandes manifestations de lajustice divine, le soleil, figure de la bonté et de la grâce du Seigneur, est obscurci et voilé. Is., xiii, 10 ; xxiv, 23 ; Ezech., xxxii, 7 ; Jo., ii, 10, 31 ; iii, 15 ; Am., viii, 9 ; Hab., iii, 11 ; Matth., xxiv, 29 ; Marc, xm, 24 ; Luc, xxi, 25 ; Act., ii, 20 ; Apoc, vi, 12, vin, 12 ; ix, 2 ; xvi, 8. Pour annoncer le salut, au contraire, le soleil devient plus éclatant que jamais. Is., xxx, 26.

II. Culte du soleil. — 1° La défense. — Dieu interdit à son peuple de se tailler des images, afin de n’êtrepas entraîné à rendre un culte au soleil et aux astres du ciel. Deut., IV, 16-19. Il ordonne de lapider ceux qui se livreront aux pratiques d’un pareil culte. Deut., . xvii, 3-5. Cette prohibition et cette menace étaient gravement motivées. De Chaldée, les ancêtres des-Hébreux avaient rapporté le souvenir du dieu Schamasch (fig. 38, t. i, col. 238), le soleil, qui verse surla terre non seulement la lumière, mais aussi la véritéet la justice. Il est appelé 6e ! di-nim, « seigneur dui jugement », on le consulte et on lui offre des sacrifices. Cf. Martin, Textes religieux assyriens et babyloniens, Paris, 1903, p. 20, 300. En Egypte, les Hébreux avaient vu aussi adorer sous le nom de Râ le soleil, , représenté sous douze formes différentes d’épervier, deveau, d’homme, etc., suivant les heures de la journée, et dentifié soit avec Horus, le ciel lui-même, soit avecl’œil d’Horus. Cf. Maspero, Histoire ancienne, t. i, . p. 136-138. Dans le pays de Chanaan, où le culte du< soleil était en vigueur, voir Baal, t. i, col. 1317, le danger de séduction menaçait les Israélites. Il y avait donc à les prémunir. La peine de mort portée contre la pratique de ce culte idolâtrique indiquait la gravité de la transgression. — Job, xxxi, 26-28, dans sa confession, se défend d’avoir commis cette faute :

Si, en voyant le soleil jeter ses feux, Et la lune s’avancer dans sa splendeur, Mon cœur s’est laissé séduire en secret, Si ma main s’est portée à ma bouche : C’est là encore un crime que punit le juge, J’aurais renié le Dieu très-haut.

D’après Baudissin, dans la Reatencyclopxdie, 3e édit., t. xviii, Sonne bei den Hebrâern, >. 514, le culte du soleil n’aurait pas existé chez les anciens Hébreux ; son intrcduction chez eux serait due à des influences étrangères. Les grands propagateurs de ce culte sont les Araméens, qui l’ont eux-mêmes probablementemprunté aux Babyloniens. Le Schamasch de Sippar serait le type de tous-