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SOIR — SOLEIL


xvi, 2. Parfois « du matin au soir le temps change. j> Eccli., xvili, 26. — 5° « Du matin au soir » désigne le temps d’une journée et ce temps est court. Job, iv, 20 ; Is., xxxviii, 12, 13. « Le soir, le matin, le milieu du jour » comprennent la journée entière. Ps. lv (liv), 18. On prédit en ces termes, à l’Israélite infidèle, ses perpétuelles angoisses : « Le matin tu diras : Que ne suisje au soir ? et le soir tu diras : Que ne suis-je au matin ? » Deut., xxviii, 67. Pour le juste éprouvé, au contraire, « le soir viennent les pleurs et le matin

l’allégresse. » Ps. xxx (xxix), 6.

H. Lesêtre.

SOIXANTE-DIX. Voir Nombre, vii, 13°, t. iv, col. 1690.

    1. SOLDAT##

SOLDAT (hébreu : ’îs milhâmâh ; grec : arpïtkJtïjc), homme de guerre. Voir Armée, 1. 1, col. 971 sq.

— Saint Jean-Baptiste recommande aux soldats qui l’interrogent de se contenter de leur solde et de ne faire violence à personne. Luc, iii, 14. — Saint Paul, IITim., il, 3, recommande à son disciple de travailler comme un bon soldat du Christ.

    1. SOLDE##

SOLDE (grec : ô^wviov ; Vulgate -.stipendium), paye donnée au soldat. — La solde paraît avoir été inconnue aux anciens peuples. Dans les armées égyptiennes, les troupes qui partaient en campagne recevaient les armes et les vivres, mais, en fait de solde, ne touchaient qu’une part du butin, proportionnelle au grade et aux exploits de chacun. Cf. Maspero, Histoire ancienne, t. ii, 1897, p. 220, 228. Abimélech, après avoir reçu soixante-dix sicles d’argent, s’en sert pour prendre à sa solde des gens de rien et des aventuriers. Jud., xi, 4. Les Ammonites prennent à leur solde des Syriens et des gens de Maacha etdeTob pour tenir tête à David. II Reg., x, 6 ; I Par., xix, 6, 7. Sous Joratn, roi d’Israël, les Syriens s’imaginent que desHéthéens et des Égyptiens ont été pris à solde contre eux. IV Reg., vii, 6. Chez les Assyriens, il y avait un noyau permanent de troupes qui résidaient dans la capitale et dans les villes principales, et qui devaient naturellement être entretenues ; mais on ignore si les contingents qui venaient s’y adjoindre en cas de guerre recevaient une paye journalière pendant la campagne. Cf. Maspero, Histoire ancienne, t. ii, p. 626, 627. Comme Nabuchodonosor n’a rien tiré de sa campagne contre Tyr, le Seigneur lui donne à piller l’Egypte, pour la solde de son armée. Ezech., xxix, 18-20. Les soldats israélites servaient à leur compte, sans autre avantage que « elui de défendre leur pays et d’avoir part au butin pris sur l’ennemi. Mais quand les rois, à partir de David et de Salomon, eurent des troupes en permanence, il leur fallut bien les entretenir et probablement leur assurer une solde. Celle-ci s’imposait quand on faisait appel à des troupes étrangères. Ainsi Amasias, roi de Juda, fit affaire, en vue d’une campagne, avec 100000 mercenaires israélites au prix de cent talents d’argent, soit 85X1000 francs, ce qui ramène la part de chacun à 8 fr. 50, à supposer que le chiffre de 100000 n’ait pas été majoré par les copistes. II Par., xxv, 6. Il faut se rappeler d’ailleurs qu’à cette époque l’argent avait une tout autre valeur qu’aujourd’hui. En Grèce, le soldat en campagne avait droit à une solde journalière, augmentée d’une certaine somme pour son entretien. Il pouvait recevoir ainsi de quatre oboles (0 fr. 64) à une drachme (0 fr. 97). Le marin touchait de trois oboles (0 fr. 48) à une drachme. Cf. Gow-Reinach, Minerva, Paris, 1890, p. 120, 121. Les monarchies d’origine grecque payaient une solde à leurs troupes. Au temps des Machabées, Antiochus Ëpiphane donne une année de solde à son armée pour qu’elle se tienne prête à marcher. I Mach., iii, 28. Timothée, général syrien, enrôle des Arabes dans son armée. I Mach., v, 39.


Antiochus Eupator a aussi à sa solde des mercenaires de tous pays. I Mach., vi, 29 ; IMach., iii, 28. Les princes machabéens durent se conformer à cet usage. Simon soldait les troupes qu’il employait, bien qu’elles fussent composées de ses compatriotes. I Mach., xiv, 32. Jean Hyrcan, pour payer les siennes, prit dans le tombeau de David trois mille talents d’argent (25 500 000 fr.), du moins au rapport de Josèphe, .4nt. jud., XIII, viii, 4. En 406 avant J.-C, les Romains instituèrent le stipendium dans leurs armées. Le fantassin recevait deux oboles (0 fr. 25) par jour, le centurion le double, et le cavalier le triple, avec déduction des frais de nourriture et d’équipement. La solde annuelle du fantassin, qui était à l’origine de 120 deniers (128 fr. 40), fut portée par César à 225 deniers (240 fr. 75), et par Domitien à 300 (321 fr.). Cf. Gow-Reinach, Minerva, p. 234, 259. Les auxiliaires qui servaient en Palestine sous les ordres du procurateur recevaient la solde fixée parCésar.Ils la trouvaient probablement un peu maigre et ne se faisaient pas faute de l’arrondir au moyen de déprédations de toutes sortes. Voilà pourquoi saint Jean-Baptiste disait aux soldats qui se rendaient auprès de lui sur les bords du Jourdain : « Contentez-vous dé votre solde. » Luc, iii, 14. D’ailleurs ces soldats n’étaient ni des légionnaires, ni des Juifs, exemptés du service militaire, mais des auxiliaires recrutés en Syrie et dans les pays voisins. Cette solde est appelée oij/tiviov, « approvisionnement », parce qu’elle consistait en majeure partie dans les vivres assurés au soldat. — Saint Paul, revendiquant pour lui-même et pour ses collaborateurs le droit de vivre aux dépens de ceux qu’il évangélise, s’appuie sur cette analogie tirée du service militaire : « Qui donc fait métier de soldat à sa propre solde, » c’est-à-dire à ses frais ! I Cor., ix, 7. Il ajoute d’ailleurs que, pour éviter d’être à charge aux Corinthiens, il a exercé son ministère auprès d’eux à la solde d’autres églises, recevant de chrétientés étrangères ce qui lui permettait de vivre à Corinthe. II Cor., xi, 8. — Comparant ailleurs le service de Dieu à celui du péché, il dit que la récompense du premier est la sanctification et la vie éternelle, tandis que « la solde du péché, c’est la mort. »

Rom., vi, 23.

H. Lesêtre.
    1. SOLEIL##

SOLEIL (hébreu : SéméS, et poétiquement : hdmmâh, « chaleur », et hérés ; Septante : tJXioç ; Vulgate : sol), astre qui produit le jour sur la terre et autour duquel gravitent les planètes.

I. Le soleil dans la. Sainte Écriture. — 1° Nature et rôle du soleil. — Le soleil n’estqu’une créature de Dieu. Au quatrième jour de la création, Dieu fit deux grands luminaires dont le principal fut destiné à présider au jour. Gen., i, 16. L’apparition de la lumière au premier jour de la création et du soleil seulement au quatrième ne présente pas de difficulté sérieuse. Ceux qui veulent expliquer scientifiquement cette double apparition successive distinguent le lluide lumineux d’avec l’astre qui peut servir à le mettre en mouvement sur un point donné de l’univers, ou bien ils rapportent au premier jour la création du soleil et au quatrième son apparition sur la terre, quand la nébuleuse solaire fut assez condensée pour émettre un rayonnement capable de percer les épaisses vapeurs qui entouraient le globe terrestre. Voir Cosmogonie, t. ii, col. 1049. Si l’on ne reconnaît qu’un caractère purement idéaliste au récit de Moïse, la place assignée à la création du soleil importe peu en elle-même. Il faut remarquer néanmoins que cette place est secondaire. L’auteur sacré a voulu sans doute enseigner par là que le soleil n’est nullement le principe des choses, comme le pensaient la plupart des hommes qui adoraient en lui le dieu générateur de l’univers, mais une simple créature qui a reçu’du Dieu Créateur sa mission spéciale et vient à son rang, au même titre que

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