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SLAVES (VERSIONS) DE LA BIBLE


son aine. Salonique (Thessalonique) était alors habitée par des Grecs, mais ses environs étaient remplis de Slaves, et les deux frères purent apprendre la langue slave dans le pays. Constantin fut élevé à Constantinople, où il fut disciple de Photius et où il enseigna plus tard la philosophie. Méthodius, son frère, avait été probablement tout d’abord occupé dans l’administration d’une province habitée par les Slaves (du pays Strymon, à ce qu’on croit, en Macédoine). Plus tard il se retira dans un couvent sur le mont Olympe en Bithynie, où son frère Constantin le suivit. En 860 environ l’empereur grec envoya Constantin en mission extraordinaire aux Khazares de la Crimée et du Nord de la mer Noire. Il eut son frère pour compagnon. Là ils travaillèrent à la conversion de Khazares juifs au christianisme. Constantin trouva à Cherson, dit-on, un Psautier et les Évangiles, écrits en lettres russes (peut-être en langue des Varingues-Varyagues ?). A son retour, Cyrille (c’était le nom qui fut donné à Constantin) demeura à Constantinople ; Méthode devint higoumène (supérieur) du couvent de Polychrom sur la côte d’Asie. En ce même temps l’empereur Michel reçu ta Constantinople une légation du prince Rostislave, venant de la Moravie pour lui demander des maîtres, qui pussent enseigner la foi aux Moraves (qui étaient déjà chrétiens) en langue du peuple. L’empereur Michel y envoya Cyrille et Méthode, qui savaient le Slovène. Cyrille donna aux Moraves l’écriture nommée glagolitique, d’après l’écriture cursive grecque de cette époque. Jusqu’alors les Slaves n’avaient pas d’écriture propre. Saint Cyrille traduisit aussi les leçons évangéliques, dont on fait usage dans la liturgie. On peut présumer qu’ils ont apporté à la Moravie l’évangéliaire (leçons des dimanches, à partir de Pâques) en langue slave ou Slovène de Salonique. Les documents palseoslovènes nous présentent la langue dans un état développé. Mais le dialecte de la Moravie ou de la Pannonie, pays où les deux saintsont travaillé, n’avait pas encore d’expressions pour les idées religieuses chrétiennes ; Cyrille et Méthode les exprimèrent très bien selon-le grec ; on n’y trouve aucune influence de la Vulgate. Il y a là quelques mots d’origine occidentale, par exemple oltar, post, komokati (communicare, communier), mais vraisemblablement on les y a ajoutés plus tard.

Les Moraves avaient certainement leur dialecte propre, mais ils pouvaient cependant comprendre la langue des saints apôtres, parce qu’on peut bien supposer que les dialectes slaves de ce temps-là n’étaient pas encore très différents.

On ne connait pas sûrement quels furent les livres de l’Écriture traduits par saint Cyrille et saint Méthode. Ils traduisirent peut-être Yhorologion (c’est-à-dire le Psautier avec la leçon journalière et les oraisons), et Yeuchologion (leçons du Nouveau Testament) en langue palseo-slovène et ils disposèrent les quatre Évangiles selon l’évangéliaire.

En 867, les saints frères firent un voyage à Rome. Le pape Hadrien les reçut avec une grande solennité. Méthode et ses disciples y furent ordonnés prêtres. Cyrille y mourut en 869 (14 février).

Méthode, étant revenu une deuxième fois à Rome, y fut consacré évéque de Pannonie et de Moravie. De retour en Moravie, il y mourut en 885, (le 6 avril). D’après une tradition, saint Méthode traduisit toute la Rible du grec en langue palæo-slovène, excepté les livres des Machabées. On ne peut l’établir par des arguments décisifs. Le Nouveau Testament : les Évangiles, l’Apôtre (c’est-à-dire Actes et Epitres) étaient pour la liturgie plus importants que l’Ancien Testament ; on peut supposer que les livres du Nouveau Testament ont été traduits avant l’Ancien. De ce dernier on traduisit d’abord les leçons des heures et des épîtres du missel.

Les Psautiers conservés en langue vieille-slovène, présentent un texte très ancien, pareillement aussi les parties du Pentateuque et des prophètes, contenues dans le parimeynik, un livre composé des leçons bibliques. Le livre de Job, les Proverbes, l’Ecclésiasle sont aussi anciens. Le livre de Josué, les Juges, Ruth, le Cantique et les Rois sontplus récents. Quand Gennade au xv « siècle chercha à faire la collection de tous les livres en une Bible vieille-slovène, il ne trouva pas d’autres livres que ceux qui viennent d’être nommés.

II. Les documents pal^eo-slovènes de la. Bible de la récession la plus ancienne. — Voici les documents palæo-slovènes bibliques conservés, écrits en glagolitique :

1. Tetrævangelium de Zographe. — Écrit en 304 feuilles, dont les feuilles 41-57 sont d’une origine plus récente. Ce document peut être de la fin du Xe ou du commencement du XIe siècle. Ce manuscrit était à Zographe, au couvent du mont Athos ; en 1860, il est donné au tzar et on le conserve à la bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg. — I. I. Sreznevski en a édité quelques parties en un livre dans lequel il a assemblé les plus anciens documents glagolitiques : Drevnie glagoliceskie pamatniki, Saint-Pétersbourg, 1866 (p. 115157). Jagié a édité tout le manuscrit en lettres cyrilliques : Quattuor evangel. Codex glagoliticus olim Zographensis notis criticis, prolegomenis, appendi-* cibus auctum, Berlin, 1879, 176 p.

2. Codex Marianus. — Écrit en 471 feuilles. Ainsi dénommé, parce qu’il se trouvait au couvent de Marie à Athos. Grigorovic le transporta à Odessa ; à présent il est au musée de Rumiantzov à Moscou. Il contient les quatre Évangiles copiés d’un original du meilleur temps de la littérature bulgare palœo-slovène du Xe siècle. Janië a édité ce Tetrævangelium en lettres cyrilliques : Quatuor Evang. conversiones palseoslovenicx, Berlin, 1883, 607 p.

3. Psautier du mont Sinaï. — En 117 feuilles, sur la dernière on trouve le Psaume cxxxviie ; le reste est perdu. L’archimandrite Porphyre l’a trouvé au couvent du Sinaï en 1850. Geitler l’a édité à Zagreb en 1882 en lettres cyrilliques.

4. L’Évangéliaire d’Assémani. —En 159 feuilles. Ce manuscrit contient les évangiles des dimanches et peut être considéré comme le plus ancien. Assemani l’a trouvé à Jérusalem en 1736 ; à présent il est conservé au Vatican. Racki l’a publié à Zagreb, en 1865, en glagolitique ; Crncic l’a publié en lettres latines en 1878, à Rome.

5. Les Fragments glagolitiques de Kiev du xi « siècle (publiés par Jagië dans Glagolitica, Vienne, 1890) et le fragment de Vienne. Ils contiennent quelques oraisons liturgiques, formulaires de messes (de saint Clément, des Apôtres) du rite latin. Les textes de la Bible (par exemple, Rom., xiii, 11-14 ; xiv, 1-4, etc.) sont empruntés aux versions Slovènes faites du grec.

— Les fragments de Prague contiennent l’office du vendredi-saint ; ils sont de la recension tchèque-slovène (pannono-slovène).

III. Documents pal^o-slovènes bibliques en lettres cyrilliques. — 1. évangile de Sabbas (Sava). C’est l’Évangéliaire du prêtre Sabba, écrit en 129 feuilles. Il est gardé à la bibliothèque synodale à Pétersbourg. Publié par Sreznevski dans le Drevnie slav. pamatniki, Pétersbourg, 1868 (1-154) ; JagiË a recensé cette publication, Archiv fur slavische Philologie, t. v, p. 580-612. — 2. Évangile de V. M. Vndolski ; il n’y a que deux feuilles, fragments d’un Évangéliaire, comme le sont aussi l’Évangile de Novgorod, I’jiv. de Tyrnovo, lePsautier de Sluk. Publiés par SreznevskL — 3. Évangile de Reims du xi-xiie siècle ; publié par Silvester à Paris 1843 et de nouveau en 1899. C’est un évangéliaire. — 4. Parimeynik du Grégorovic du