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SINAÏ


tirer un argument, ne sont pas en plus grand nombre près du Serbal que dans beaucoup d’autres parties de la péninsule ; bien plus, la montagne même est un des endroits qui en offrent le moins.

Le djebel Mûsa, au contraire, remplit les conditions voulues. Cependant il faut distinguer ici entre le pic de ce nom et un autre qui fait partie du même massif. Bien que les moines du couvent de Sainte-Catherine, suivant une tradition fort ancienne, regardent le djébél Mûsa proprement dit comme la véritable montagne de la Loi, l’examen topographique oblige plutôt à placer la promulgation des commandements divins sur le Râs Sufsaféh. Le seul endroit capable de contenir une

principales vallées qui y débouchent. Elle était donc plus que suffisante pour contenir la multitude des Israélites, quelque considérable qu’on la suppose. De tous les points de ce vaste amphithéâtre, celle-ci pouvait suivre du regard ce qui se passait au sommet du Râs Sufsaféh, qui, au fond de la plaine, s’élève brusquement à 600 mètres environ, comme une gigantesque tribune. Voir fig. 386. L’isolement complet de la montagne sur trois de ses côtés, ses parois presque perpendiculaires expliquent ce qui est dit des barrières dont on devait l’entourer. D’autre part, l’eau et les pâturages qu’on trouve aux alentours du djebel Mûsa permirent aux Hébreux un assez long séjour au Sinaï. Le ruisseau

386. — La plaine d’Er-Rahah et le Ras Sufsaféh. D’après Meistermann, Sindi et Pétra, p. 112.

grande foule est la plaine d’er-Rdhah ; or, de là, le pic du djebel Mûsa est complètement invisible, masqué qu’il est par les hauteurs intermédiaires du Râs Sufsaféh. Celui-ci est donc aujourd’hui généralement considéré comme ayant été le théâtre’des événements racontés dans l’Exode, xix, xx, xxxii. Cette hypothèse n’atteint pas, du reste, le caractère sacré du djebel Mûs.a, qui peut avoir été associé à bon droit, par la tradition, avec la manifestation de Dieu à Moïse dans le buisson ardent et dans les événements postérieurs de la communication de la loi et des ordres pour la construction du tabernacle, comme le supposent son ancien nom de Moneidjéh ou de « la Conférence », et les autres légendes indigènes. Cf. H. S. Palmer, Sinai from the fourth Egyptian dynasty to the présent day, Londres, 1878, p. 174-176.

Il est impossible alors de trouver un lieu mieux adapté à la scène mémorable de la promulgation de la Loi. Exod., xix, xx. La plaine à’er-Râhah a une superficie de plus de 300 hectares, si l’on y ajoute les pentes basses des collines qui la bordent et l’entrée des trois

qui coule dans l’ouadi Schreich peut très bien être celui dans lequel Moïse jeta le veau d’or réduit en poudre. — Sur cette question topographique, on peut voir Ordnance Survey, p. 139-149.

Sans chercher, ce qui est impossible, à localiser avec certitude les incidents divers que l’Écriture place au Sinaï, il est permis de signaler plusieurs points de la région qui cadrent parfaitement avec les détails du récit biblique. Ainsi, le djebel Moneidjéh, peu élevé et visible de toute la plaine à’er-Rdhah, a pu servir d’emplacement pour l’érection du tabernacle. Le djebel Mûsa proprement dit est vraisemblablement le mont Horeb, sur lequel Moïse eut la vision du buisson ardent et la révélation du nom de Jéhovah. Exod., iii, 1-14. Le nom de cette montagne a peut-être survécu dans celui de djebel Aribéh, pic voisin du couvent de Sainte-Catherine. Cf. F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, t. ii, p. 505-508.

C’est donc là, au sein de ces montagnes de granit, qu’eut lieu l’alliance solennelle de Dieu avec son peuple, que fut proclamée la Loi religieuse, morale et