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SILENCE — SILO


devait aussi garder le silence, si un interprète n’était pas présent. 1 Cor., xiv, 28. — 5° Le silence est chez les idoles une marque d’impuissance. Ps. cxv (cxiv), 5 ; Hab., ir, 19. Chez les hommes, il peut signifier ou accompagner l’acquiescement, Num., xxx, 4, 12, 15 ; l’adulation, Eccli., xiii, 28 ; la soumission, I Mach., i, 3 ; la résignation, Am., v, 13 ; Lam., iii, 28 ; l’espérance, Lam., iii, 26 ; l’anéantissement. Is., xlvii, 5 ; Jer., xlviii, 2. — 6° À la créature convient le silence en face de Dieu. Hab., ii, 20 ; Soph., i, 7 ; Zach., ii, 13. Ce silence s’unit quelquefois à la prière. Judith, xiii, 6. — 7° Dieu lui-même garde le silence, quand il n’intervient pas malgré les épreuves de ses serviteurs, Ps. xxviii (xxvii), l ; xxxv (xxxiv), 22 ; Is., xlii, 14, ou les péchés des hommes. Ps. l (xlix), 21 ; Is., lvii, 11. Mais ce silence ne dure pas toujours. Ps. l (xlix), 3 ; Is., xlii, 14. — 8° Saint Jean note un silence, c’est-à-dire une interruption de révélation d’une demi-heure dans le ciel, au milieu des manifestations de la justice divine.

Apoc., vni, 1.

H. Lesêtre.
    1. SILLON##

SILLON (hébreu : gedûr, via’dnâh, télém ; Septante : a-jÀa ? ; Vulgate : sulcus), tranchée ouverte dans la terre par le soc de la charrue. — Dieu féconde les sillons en les arrosant par la pluie. Ps. lxv fLXiv), 11. Le laboureur met tout son cœur à tracer les sillons, Eccli., xxxviii, 27, et il se garde de les quitter des yeux, afin de les tracer bien droits. Luc, ix, 62. Voir Charrue, t. ii, col. 605. Il n’attelle pas l’aurochs à la charrue qui les creuse. Job, xxxix, 10. Voir Aurochs, t. i, col. 1260. Le pavot croit dans les sillons des champs. Ose., x, 4. On fait des monceaux avec les pierres qui s’y trouvent et dont la présence gênerait la culture. Ose., xii, 11. — Au figuré, le sillon pleure, quand le champ dont il fait partie a été mal acquis. Job, xxxj, 38. Il ne faut pas semer dans les sillons de l’injustice. Eccli., vii, 3. Les méchants tracent des sillons sur le dos de leur victime, par les coups qu’ils lui infligent. Ps. cxxix (cxxviii), 3. — Il est raconté que Jonathas et son écuyer tuèrent environ vingt hommes « sur la moitié de l’espace qu’une paire de bœufs avait labouré en un jour i> (hébreu : çéméd. I Reg., xiv, 14. Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 1172. Septante : Ils les tuèrent « avec des javelots, des pierres et des cailloux du champ. » II. Lesêtre.

SILO (hébreu : Silôh, Silôh, Silo, Sîlô ; Septante : 2ï|Xo>, 2ï|1w(ji., ville dans la tribu d’Éphraïm, aujourd’hui Seiloun (fig. 375).

1° Description. — Silo était « dans la terre de Chanaan. » Jos., xxi, 2 ; xxii, 12 ; Jud., xxi, 12. Elle se trouvait « au nord de Béthel, [à droite ou] à l’est du chemin allant de Béthel à Sichem, au midi de Lebona, » Jud., xxi, 19, et par conséquent aussi au midi de Sichem. Seiloûn n’est maintenant qu’un « amas de ruines », couvrant le sommet et les pentes méridionales d’un mamelon, dominé au nord par la montagne de Qariôt, ou épandues à sa base surtout au sud-ouest. Le groupe des habitations renversées, qui occupaient la colline, présente généralement les caractères d’un village arabe assez important ; mais les citernes, de nombreux caveaux pratiqués dans le roc ou construits avec des soubassements ou des parties formées de grosses pierres à peine équarries, semblent remonter aux temps les plus antiques. Au pied de la colline, au sud, à l’ombre d’un immense chêne vert qui tombe de vétusté, se voit un édifice carré d’environ dix mètres de côté, construit avec des pierres anciennes très régulièrement travaillées. La voûte en est soutenue par deux colonnes. Un mifirab revêtu de belles plaques de marbre indique que ce bâtiment a servi de mosquée. On le nomme Djamé’el-Yâteim. La « fontaine de Silo », ’Ain Seilûn, coule au nord*. Des deux côtés du chemin qui conduit à la fontaine on voit de nombreuses

grotttes sépulcrales antiques. La source, de débit médiocre, sort du rocher et l’eau se dirige par un canal, vers un bassin carré, de trois mètres environ de côté, en partie taillé dans le roc et en partie bâti et situé à quinze pas. Non loin on remarque un grand quartier de rocher isolé, avec deux cavités en forme à’arcosolia ou de niches, à la base desquels est une auge de près de cinquante centimètres de profondeur. On croit généralement voir là d’anciens tombeaux détachés par accident de la montagne voisine. Des degrés pratiqués à l’arrière et des ouvertures circulaires au sommet des arcs permettent de supposer que ces cavités ont été utilisées pour les purifications. — Un vaste espace, où pourraient tenir plusieurs milliers de personnes, se développe en amphithéâtre à l’avant de l’ancienne plate-forme, et s’ouvre au sud sur une belle plaine large de près de trois kilomètres du nord au sud et de plus de quatre d’est à ouest. Les montagnes, dont la plaine est entourée au midi et au couchant, forment comme une immense enceinte au site de Seiloûn et lui impriment un caractère plein de grandeur et de majesté. — Selon toute apparence, le Djdmé’el-’Ar-ba’in, situé à 400 mètres au sud-est du Djdmé el-Yateim, n’est pas différent de la mosquée ou dôme de la Sekinah des écrivains du moyen âge, et l’édifice était évidemment destiné à honorer le souvenir du séjour de l’arche et du tabernacle en cet endroit. Quant à « la Table » dont parlent ces auteurs, faut-il y voir la mention des Tables de la Loi ou celle de l’autel montré au IVe siècle et où faut-il la chercher ? Peut-on la voir, comme l’ont cru plusieurs des explorateurs modernes, auDjamé’ei-Ya£eim ?oubien, comme semble l’indiquer Estori, àla mosquée annexe à’el-’Arba’in ? ou bien encore en avant de cet édifice, à l’ouest où devait se trouver l’autel des holocaustes ? C’est plutôt à ce dernier, semble-t-il, que conviendrait l’expression arabe el-Mâi’déh, à moins qu’on ne l’entende du rocher aplani sur lequel pouvait reposer l’arche. Si l’expression sdmûh, « attenant », du rabbin du XIIIe siècle semble désigner la petite mosquée, il peut cependant l’avoir prise dans la signification plus large de « près », et avoir eu en vue l’emplacement voisin de l’autel. Danstous les cas, il paraît difficile de pouvoir l’étendre jusqu’au Djdmé’el-Yateim. Peut-être faut-il voir ici l’endroit où l’on vénérait les restes du prophète Ahias qui, selon l’auteur de la Vie des prophètes, 2, t. xliii, col. 393, fut enseveli sous le chêne de Silo. Cf. S. Jérôme, Epist. cvui, t. xxii, col. 888 ; In Soph., i, 15, t. xxv, col. 1353.

2° Histoire. — La conquête du pays de Chanaan était achevée. Silo se trouvait à distance égale entre les frontières du nord et du midi ; sa plaine offrait l’emplacement le plus favorable pour camper et était facilement abordable du côté de l’est : Josué et les anciens d’Israël choisirent cette ville pour y établir le tabernacle, et tout le peuple s’y rendit pour cette inauguration. Jos., xviii, 1. Silo devint dès lors le lieu ordinaire des assemblées de la nation. À la première, on fit choix desliommes qui devaient procéder à la délimitation des territoires pour les sept tribus qui n’en avaient pas reçu de définitif. Ibid., 2-8. Dans la seconde, tenue à leur retour et présidée par le grand-prêtre Éléazar et par Josué, on tira au sort la part de chacune d’elles. Ibid., 9-10 ; xix, 51. C’est à l’assemblée de Silo’que les lévites vinrent réclamer la portion que leurattribuaientles institutions de Moïse. Ibid., xxi, 1-2. Les guerriers des tribus orientales avaient reçu de Josué leur congé à Silo. Avant de repasser le Jourdain, ils avaient élevé un autel gigantesque sur la rive du fleuve. Instruits de ce fait, les anciens se réunirent de nouveau à Silo, dans l’intention de prendre les armes contre eux ; mais ils furent apaisés par les explications rapportées par Planées et. les autres envoyés. Ibid., xxii. — Selon les Septante, .