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SÉPULCRE (SAINT-) — SÉPULTURE


173 ; pi. v. Il esl donc désormais bien établi que plusieurs familles juives avaient leurs tombeaux dans ce voisinage de la ville sainte.

V. Bibliographie. — Nous en avons dit assez pour montrer que la piété chrétienne ne s’est pas trompée au cours des siècles et ne se trompe pas plus aujourd’hui en allant vénérer le tombeau du Sauveur à l’endroit marqué par une tradition ininterrompue. L’authenticité de ce lieu, le plus saint du monde, acceptée sans contestation jusqu’au XVIIe siècle, attaquée depuis par quelques protestants, est admise actuellement par la majorité des savants, non seulement catholiques, mais hétérodoxes et rationalistes. Des découvertes ultérieures pourront éclairer d’un nouveau jour l’état de la question ; nous ne croyons pas qu’elles le changent jamais. Une bibliographie complète est impossible ici. En dehors des travaux indiqués au cours de cet article, et sans remonter jusqu’à T. Tobler et E. Robinson, nous ne mentionnerons que les suivants : Melchior de Vogué, Les Eglises de la Terre Sainte, Paris, 1860 ; Ch. Warren, The Temple or the Tomb, Londres, 1880 ; H. Guthe, Die zweïte Mauer Jerusalems und die Bauten Constantins am heiligen Grabe, dans la Zeitschrift des Deutschen Palâstina-Vereins, Leipzig, t. viii, 1885, p. 245-287, pi. vi-xiii ; Zur Topographie der Grabeskirche in Jérusalem, dans la même revue, t. xiv, 1891, p. 35-40 ; B. Manssurov, Die Kirclie des Heiligen Grabes zu Jérusalem in ihrer âllesten Gestalt, trad. A. Bœhlendorff, Heidelberg, 1888 ; Russische Ausgrabungen in Jérusalem, Heidelberg, 1888 ; V. Guérin, /crusalem, Paris, 1889, p. 305-340 ; A. Legendre, Le Saint-Sépulcre depuis l’origine jusqu’à nos jours, Le Mans, 1898 ; Germer-Durand, La basilique du Saint-Sépulcre, dans la Revue biblique, 1896, p. 321-334 ; La basilique de Constantin au SaintSépulcre, dans les Échos d’Orient, Paris, 1898, p. 204 sq. ; C. Mommert, Die heilige Grabeskirche zu Jérusalem in ihrem ursprûnglichen Zustande, Leipzig, 1898 ; Golgotha und das heil. Grab zu Jérusalem, Leipzig, 1900 ; G. W. Wilson, Golgotha and the Holy Sépulcre, dans Palestine Exploration Fund, Quarlerly Statement, 1902, p. 66-77, 142-155, 282-297, 376-384 ; 1903, p. 51-65, 140-153, 242-249 ; 1904, ’p. 26-41 ; G. Quénard, Le SaintSépulcre, dans les

Échos d’Orient, nov.-déc. 1903.

A. Legendre.
    1. SÉPULCRES DE CONCUPISCENCE##

SÉPULCRES DE CONCUPISCENCE (hébreu : Qibrôt-hatfa’âvâh ; Septante : Mv^jjia tt) ;  ! ici<)uqua ;  ; Vulgate : Sepulcra concupiscentise), station des Israélites dans le désert. Num., xi, 34 ; Deut., ix, 22. Elle fut ainsi appelée, parce que les Israélites, dégoûtés de la manne, désirèrent manger de la viande. Dieu leur envoya des cailles (voir Caille, t. ii, col. 33), mais pour les punir de leurs murmures, il frappa « d’une grande plaie » les murmurateurs sur le lieu même, d’où le nom qu’on lui donna de Tombeaux ou Sépulcres de concupiscence. Num., xi. Sur l’identification de cette station, le P. Lagrange, L’Itinéraire des Israélites du pays de Gessen aux bords du Jourdain, dans la Revue biblique, 1900, p. 275, dit : « Une seule conjecture paraît avoir de la valeur, c’est celle de Palmer… En quittant la Sinaï, on suit pendant environ dix heures le monotone ouadi Saal. Déjà les dernières heures offrent un spectacle pittoresque : on aperçoit de très vieux seyals devant le Djebel Tih dont un sommet de forme conique attire les regards : au moment où l’on arrive à l’ouadi Khebebé, c’est comme un chaos de petites collines, en partie du moins artificielles, de débris et de groupes de pierres… Palmer a relevé partout des traces de feu et de charbons enfouis dans le sol. Les Bédouins lui ont affirmé que c’était là le campement d’une caravane de pèlerins (le pèlerinage de la Mecque ne saurait suivre cet itinéraire), qui ensuite s’étaient égarés dans le désert. II


considère cette légende comme une tradition authentique. Sans aller aussi loin, on peut reconnaître ici vraiment tout ce qui pouvait faire nommer ce lieu soit Tabe’éra, soit Qibrolh Hattaava. » Cf. F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. ii, p. 563-564.

    1. SÉPULTURE##

SÉPULTURE (hébreu : q’ebûrâh ; Septante : za^ ; Yulgate : sepultura), mise au tombeau du corps d’un défunt.

_ I. Son importance chez les anciens. — 1° Chez les Égyptiens. — On sait de quels soins compliqués les Égyptiens entouraient la dépouille de leurs morts. Dans leur idée, l’âme continuait à vivre au tombeau, avec les mêmes habitudes, les mêmes occupations et les mêmes besoins que pendant la vie terrestre. Il était donc nécessaire que le corps demeurât habitable pour elle ; de là, les précautions prises pour assurer la conservation de ce corps et procurer au mort ce dont il avait besoin pour se nourrir, , s’occuper et se distraire comme pendant la vie. Autrement l’âme quittait le tombeau pendant la nuit sous forme de fantôme et venait chercher sur terre, au grand effroi des vivants, ce qui lui était indispensable pour subsister. Pour répondre à ce besoin des morts, on leur portait des offrandes de toutes sortes, ou l’on se contentait de représenter ces objets en peinture dans leurs tombeaux, ce qui équivalait à la réalité. Les combinaisons les plus ingénieuses étaient prises pour empêcher que le mort ne fût dérangé dans sa tombe. Cf. Maspero, Histoire ancienne, t. ii, p. 113-115 ; t. ii, p. 508-524. Les petites gens, enterrés à la fosse commune, n’étaient point dépourvus cependant des objets indispensables. On suppléait au reste par un procédé dont l’efficacité paraissait suffisante aux Égyptiens : « Ils faisaient de petites poupées en bois, qui de loin ressemblaient à des momies ; sur ces poupées, ils faisaient écrire leur nom, et, après les avoir enroulées dans un chiffon de toile, ils les déposaient dans un petit cercueil. Ce petit cercueil était ensuite légèrement enfoui devant l’entrée d’un grand tombeau ; on espérait qu’ainsi le mort, représenté par sa figurine en bois, bénéficierait du bonheur qui attendait l’inhumé du grand tombeau. » A. Erman, La religion égyptienne, trad. Ch. Vidal, Paris, 1907, p. 197, 198. Pendant leur vie, les riches se préoccupaient de se ménager une sépulture conforme à leur rang. Cf. Maspero, Les contes populaires de l’Egypte ancienne, Paris, 3e édit., p. 109.

2° Chez les Chaldéens. — Les Chaldéens ne tenaient pas à conserver dans son intégrité le corps des défunts. Après l’avoir fait passer par le feu, ils plaçaient dans des urnes les os et les cendres, et dans des fosses le corps insuffisamment consumé, avec les débris d’armes et d’ustensiles dont le mort avait besoin dans l’autre vie. Des tuyaux de poterie, s’élevant de la tombe jusqu’à fleur de terre, permettaient à l’eau de parvenir jusqu’au mort pour le désaltérer. Si l’on négligeait de le pourvoir de nourriture et des objets nécessaires, l’esprit du défunt, au lieu de protéger les vivants, attirait sur eux toutes sortes de maux. Cf. Maspero, Histoire ancienne, t. i, p. 687-689. La sépulture du mort était donc une garantie de sécurité pour les vivants, mais, en même temps, elle assurait le sort du défunt. « Le monde était, aussi loin que nous conduisent les textes, divisé en trois royaumes : celui des dieux, celui des vivants et celui des morts. Celui des morts était sous terre. L’esprit du défunt lui appartenait naturellement. D’autre part, tout lien n’était pas rompu entre le corps et l’âme. Le corps demeurant exposé à l’air, l’âme était empêchée de descendre aux enfers, et se trouvait condamnée à errer sur la terre, dans un domaine qui n’était plus le sien. Le corps enseveli, l’âme pouvait à son gré lui tenir compagnie ou rejoindre

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