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SEPTANTE (VERSION DES)


certaines métaphores. Leur traduction est donc souvent paraphrastique et quelquefois plus concise que l’original. Ils ne se sont pas fait scrupule d’introduire quelques changements dans la personne et le nombre des pronoms ou des verbes, de substituer l’actif au passif et réciproquement, lorsqu’ils croyaient mieux rendre le sens. On leur attribue l’insertion de Ji-fiov avant les citations. Ils ont suppléé le sujet ou le complément, sous-entendus dans l’hébreu. Gen., xxrx, 9 ; xxxiv, 14. Comme exemples de métaphores dont le sens seul a été retenu, nous pouvons citer aXoYÔç sî[i-., traduisant « incirconcis de lèvres », Exod., vi, 12 j tô xiSuip toû â)iy|j.ou, pour « les eaux d’amertume », Num., v, 18 ; sùyjr) pour exprimer la consécration du nazaréen, Num., vi, 1 sq. ; àtocrçopoî àv « TÉ), Xiov, pour « les paupières de l’aurore », Job, iii, 9. On a signalé des euphémismes. Gen., xv, 4 ; xlix, 10 ; Deut., xxiii, 14, grec, 13 ; xxviii, 30. Nous avons déjà indiqué la suppression ou l’atténuation des anthropopathismes dans le Penlateuque. Il y en a aussi dans Job, l, 9 ; n, 2, 3.

L’exégèse de l’époque a influencé la traduction de quelques passages. Ainsi, Jos., xiii, 22, la leçon èv tïj poicîj s’expliquerait par l’hagadah juive, selon laquelle Balaam, s’étant élevé dans les airs par un procédé magique, serait tombé par l’effet des prières de Phineas. Le titre de roi, attribué aux amis de Job, est emprunté à la tradition. L’influence de la philosophie grecque sur les traducteurs est moindre qu’on ne l’a prétendu quelquefois. La version des Septante est une œuvre purement juive, et ses auteurs n’auraient été atteints que très superficiellement par les idées grecques. Les mots <tu-/*i, vo3 ; , 9pôv< ; <ji< ; et autres semblables qu’ils emploient n’ont pas sous leur plume la même signification que dans les écrits des philosophes grecs et même de Philon. Ils étaient d’ailleurs dans l’usage courant de l’idiome helléniste dans lequel les traducteurs écrivaient. Ces mots grecs rendent indifféremment le mot ab. La traduction des Septante n’a pas été dominée par un principe philosophique étranger à la Bible.

Bien qu’elle soit de valeur inégale, elle est substantiellement fidèle à l’original, même dans ses parties les plus faibles. Le sens général est toujours conservé, et les défauts ne portent que sur les détails de l’interprétation. Ce qu’on appelle couramment les contre-sens des Septante ne sont guère que des imperfections provenant des circonstances historiques dans lesquelles cette version a été faite. On en a exagéré le nombre et il en existe de pareilles dans toutes les anciennes traductions de la Bible, même dans celle de saint Jérôme. Elles n’empêchent pas que les Septante aient fidèlement rendu en grec le texte hébraïque de leur époque et qu’on ne puisse se fier à eux pour la représentation de ce texte. Cf. Swete, op. cit., p. 315-341.

4° Différences qui sont l’œuvre des copistes. — Les divergences qui existent entre la version des Septante et le texte hébreu massorétique ne sont pas toutes imputables aux traducteurs ; beaucoup sont le fait des copistes. Nous avons déjà dit que le texte grec avait été altéré, dans sa transmission, durant les premiers siècles de son existence. Les corrections d’Origène, de Lucien et d’Hésychius, loin d’être utiles à sa pureté, lui ont plutôt été nuisibles. Les copistes, en effet, ne se sont pas bornés à reproduire avec plus on moins de fidélité le texte de chacune de ces recensions ; ils ont mêlé leur texte dans une proportion plus ou moins grande, en sorte qu’aux corruptions accidentelles sont venues se joindre des corrections volontaires. Par l’intermédiaire des Hexaples ou de la recension hexaplaire, des leçons des versions d’Aquila, de Symmaque et de Théodotion ont pénétré dans le texte des Septante. Aucun des manuscrits qui nous sont parvenus

ne reproduit fidèlement le texte dont il est le témoin ; les altérations de détails y sont nombreuses et c’est le travail des critiques modernes de les constater et de les relever. Ces critiques en sont réduits à distinguer les meilleures copies, à les classer en raison de leur conformité présumée avec le texte primitif et à exposer les règles de leur emploi pour reconstituer le mieux possible l’original. Cf. Swete, op. cit., p. 478497.

En dehors donc des distractions des scribes, des. fautes de lecture et de transcription, dues à la négligence, à l’étourderie, à la maladresse, il y a, dans les manuscrits, des additions, des omissions, des transpositions, qui sont dues à des corrections voulues du. texte transcrit. Parmi les additions assez étendues, il faut signaler celles qui ont été empruntées à des passages parallèles, complétés l’un par l’autre, et celles qui ont le caractère de gloses explicatives ou de doublestraductions. Elles proviennent pour la plupart des recenseurs et des copistes. Les mots xa-rà févoç r répétés Gen., i, 11, 12, peuvent bien n’être qu’une double traduction de Ij’d’t. Ta SixoTojMip.aTa aùtûv, Gen., xv, 11, sont probablement une glose explicative du mot (TtôjjiaTa. Deux leçons sont réunies, Gen., xxii, 13 : Iv çutw aaëk-A. Le traducteur avait simplement transcrit l’hébreu : èv o-aëèvc ; un correcteur a inséré en marge ou dans le texte la traduction : èv çutô ; un copiste enfin a réuni les deux. On trouve I Reg., ii, 10, une longue addition, qui est une citation libre de Jérémie. L’interpolation, introduite Ps. xm (xrv), 3, est formée de différents textes et est due sans doute au même procédé. Au début du Ps. xxviii (xxix), il y a une double traduction du même vers hébreu. Chaque cas particulier doit être spécialement examiné, et la solution de l’origine de la variante dépend de la comparaison des textes.

Aussi, il faut faire suivre ces indications générales de la liste, rangée par ordre des livres bibliques, des monographies nombreuses ou des travaux qui ont été consacrés à l’étude critique et comparative des rapports du texte des Septante avec l’hébreu massorétique. Les lecteurs pourront y recourir pour leurs études spéciales. — Pentateuque. — Amersfoordt, Dissertatiophilologica de variis lectionibus Holmes. Pentateuchi, 1815 ; L. Hug, De Pentateuchi versione alexandrina commentatio, Fribourg, 1818 ; Tôpler, De Pentateuchi interprétations alexandrinx indole crilica et hermeneutica, Halle, 1830 ; J. Thiersch, De Pentateuchi versione alexandrina libri très, Erlangen, 1841 ; Frankel, l, ber den Einfluss der palàstinischen Exégèse auf diealexandrinische Hemieneutik, Leipzig, 1851 ; Howorth, The LXX and Samaritan vers, the Hebrew text of the Pentateuch, dans Academy, 1894. — Genèse. — P. de Lagarde, Genesis grsece, 1868 ; Deutsch, Exegetische Analecten : ur Genesisùbersetzung der LXX r dans Jûd. Litt. Blatt, 1879 ; Spurrell, Genesis, 2e édit., 1898. — Exode. — Selwyn, Notée criticse in versionem Septuagintaviralem, Exod., i-sxrv, 1856. — Nombres. — Selwyn, Notai criticse… Liber Numerorum, 1857 ; Howard, Numbers and Deuleronomy according to the LXX translated into English, 1887’. — Deutéronome. — Selwyn, Notse criticse… Liber Deuteronomii, 1858 ; Howard, op. cit. ; Driver, Critical and exegetical Commentary on Deuteronomy, Edimbourg, 1895. — Josué. — J. Hollenberg, Der Charakter der alex. Ûbersetzung des Bûches Josua und ihr texthritischer Wert, Mors, 1876. — Juges. — Fritzsche, Liber Judicum secundum LXX interprètes, Zurich, 1867 ; Schulte, De restitutione atque indole genuinse versionis grsece Judicum, 1889 ; P. de Lagarde, Septuaginlastudien, i, Gœttingue, 1891 (Jud., i-v, d’après VAlexandrinusel le Vaticanus) ; Moore, Critical and exegetical Commentary on Judges, Edimbourg, 1895. — Ruth. — Fritzsche, ’Poùe xavà toj ; O’, Zurich, 1867. —