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PERSEP0L18 — PESTE

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au confluent de l’Arase (Bendamir) et du Médus (Pulouan), à 40 kilomètres environ de Pasargades, la capitale primitive de la Perse, avec laquelle on l’a autrefois confondue à tort. Darius, fils d’Hystaspe, fut le premier roi qui y établit sa cour. D’après Athénée, Deipnosoph., xii, p. 513, les rois de Perse résidaient à Persépolis pendant trois mois en automne, mais son affirmation n’est pas confirmée par les autres écrivains anciens. Xénophon, Cyrop., viii, p. 22 ; Plutarqne, De exil., XH, édit. Didot, t. iv, p. 730 ; Zonaras, iii, 26. Quoi qu’il en soit de ce point, il est certain que Persépolis, depuis Darius I er, fut avec Suse une des résidences royales. La magnificence de ses ruines (fig. 28, col. 155), remplit les voyageurs d’admiration. Elles portent aujourd’hui le nom de ChelMinar « les quarante colonnes ». On y voit encore les restes de deux superbes palais élevés par Darius lils d’Hystaspe et par son fils Xerxès, en même temps que le reste d’autres édifices. — Voir M. Dieulafoy, L’art antique de la Perse, in-f°, t. iii, 1885 ; G. N. Curzon, Persia, 2 in-8°, Londres, 1892, t. ii, p. 115-196.

La ville de Persépolis est-elle réellement la ville dont parle l’auteur du second livre des Machabées ?Il y a des raisons d’en douter. Le premier livre des Machabées, VI, 1, place l'événement qui est rapporté II Mach., ix, 2, en Elymaïde, et non dans la Perse proprement dite où se trouvait Persépolis. On peut traduire le nom de Persépolis « ville ou capitale des Perses » et entendre par là Suse. Voir Élymaïde, t. ii, col. 1712. Le temple que voulait piller le roi séleucide était dédié à Nanée. II Mach., ix, 2. Nanée était une déesse élamite qui devait être honorée à Suse et non à Persépolis. Voir Nanée, t. iv, col. 1473.

    1. PERSIDE##

PERSIDE (grec : Hsp<n'ç, féminin de IIep<roc6{, « Perse » ; Vulgate : Persis), chrétienne de Rome, saluée par saint Paul, Rom., xvi, 12 : « Saluez Perside, la bienainiée, qui a travaillé beaucoup pour le Seigneur. » On ne sait plus rien sur elle. Le nom de Persis se lit comme celui d’une affranchie, Corpus inscript. Int., t. VI, n. 23959.

    1. PERSONNE##

PERSONNE (hébreu : pânêh ; Septante mpôawTiov ; Vulgate : persona), tout être intelligent, divin ou humain. — L’idée abstraite de personne est étrangère à l’hébreu. On y emploie le mot pânêh, « face », pour désigner uue personne en particulier. La face de Jéhovah est prise pour sa personne même. Exod., xxxiii, 14 ; Deut., iv, 37 ; Ps. xxi (xx), 10 ; lxxx (lxxix), 17 ; Lam., iv, 16 ; Is., lxiii, 9. Saint Paul pardonne « à la face » du Christ, c’est-à-dire à cause de la personne du Christ. II Cor., ii, 10. — D’autres fois, le mot panai, « ma face », se prend dans le sens de « ma personne ». II Reg., xvii, 11 ; Is., iii, 15, etc. Une seule fois le mot personne se lit avec le sens que nous lui donnons en français. II Cor., i, 11. — Le plus souvent, les versions se servent du mot Tipdswnov, persona, pour rendre les locutions hébraïques ndsa pânîm, « lever la face », hikkir pânim, « regarder la face », gûr mip-penê, « craindre devant la face », qui signifient en réalité : juger quelqu’un d’après l’extérieur et se laisser influencer plus que de raison par les apparences. Les versions traduisent un peu servilement par (JXe’rceiv t< ; itpôo-wTtov, respiœre personam, « regarder au visage », Xot[iëâvsiv itpôo-uTtov, accipere personam, « recevoir la personne ». Il est vrai que les deux mots grec et latin désignent originairement la figure et le masque, et se rapprochent ainsi du sens de pânêh. Les auteurs sacrés rappellent fréquemment que Dieu ne juge pas les hommes selon les apparences, ou, comme nous traduisons en français, « ne fait pas acception » des personnes, ûeut., x, 16 ; II Par., xix, 7 ; Job, xxxiv, 19 ; Sar., vi, 8 ; Act., x, 34 ; Rom., ii, 11 ; Gal., ii, 6 ; Eph., vi, 9 ; Col., iii, 25 ; I Pet., i, 17. On voit que les Apôtres reviennent souvent sur cette idée pour l’opposer soit aux prétentions

des Juifs qui se regardaient comme des privilégiés, soit à l’erreur des païens qui refusaient à l’esclave les droits de l’homme libre. Les ennemis de Notre-Seigneur reconnaissent eux-mêmes qu’il ne juge pas les hommes sur leur extérieur. Matth., xxii, 16 ; Luc, xx, 21. Il est prescrit de ne porter aucun jugement en tenant compte de l’extérieur des personnes, de leur puissance, de leur richesse, etc. Lev., xix, 15 ; Deut., i, 17 ; xvi, 19 ; Job, xxxii, 21 ; Prov., xviii, 5 ; xxiv, 23 ; Jacob., ii, 1, 9. Par contre, il faut avoir égard à la personne du vieillard

pour le respecter. Lev., xix, 32.

H. Lesêtre.

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PESCHITO. Voir Syriaques (Versions) de la Bible.

    1. PESTE##

PESTE (hébreu : débér, gétéb, qotéb, mâvéf, réUf ; Septante : quelquefois /oipi ; , mais presque toujours BâvaTOç, « mort » ; Vulgate : pest-ilentia, pestis), maladie épidémique qui se propage rapidement dans une population et fait périr les hommes en grand nombre,

I. Nature de la peste. — 1° Son origine. — La peste est due à un bacille très court, à bouts arrondis, qu’on trouve dans le pus des bubons pesteux, dans le foie, la rate et le sang des pestiférés. Ce bacille à été découvert en 1894, à Hong-Kong, par "ïersin, de l’Institut Pasteur. Cf. Yersin, Ann. de l’Institut Pasteur, Paris, sept. 1894, p. 662 ; Netter, La peste et son microbe, Paris, 1900. Il ne résiste pas à une dessiccation prolongée pendant trois ou quatre jours, ni aune température de 58° pendant quelques heures ou de 100° pendant quelques minutes, ni à l’action des désinfectants habituels.,

2° Sa transmission. — La peste est une maladie contagieuse qui se transmet par le contact direct avec la malade ou avec des objets infectés par lui. L’air ne transporte pas le germe infectieux, sinon à très faible distance ; l’isolement est donc une cause d’immunité. Le sol conserve le bacille, mais en atténuant sa virulence. Certains animaux contractent et transmettent facilement la peste. Les rats et les souris sont les premiers atteints et succombent en masse à la veille ou au début d’une épidémie. Puis viennent les buffles, les porcs, les chiens, les poules, etc. Les mouches paraissent être des agents directs de transmission Le bacille pesteux pénètre dans l'économie surtout par les lésions de l’enveloppe cutanée, mais aussi en partie par les voies respiratoires et le tube digestif. Il s’attaque à toute l’humanité, sans distinction de race, de sexe ou d'âge. Sa propagation est favorisée par la famine, la misère, la malpropreté, le manque d’hygiène, les excès, l’encombrement qui multiplie les points de contact. L’altitude et la température n’ont que peu d’influence sur le développement et la durée des épidémies.

3° Son développement dans l’organisme. — Après une période d’incubation de trois à dix jours, quelquefois de vingt-quatre heures seulement, la maladie débute par des frissons, un violent mal de tête et une fièvre intense, accompagnée de délire et d’accablement. Au bout de deux ou trois jours, si le cas est bénin, la convalescence commence. Le plus souvent, la fièvre, le délire et l’insomnie augmentent. Les bubons, ou gonflements ganglionnaires, apparaissent à l’aine, puis à l’aisselle et enfin au cou ; ils grossissent et suppurent du huitième au dixième jour. En même temps ou peu après, les charbons, ou tumeurs gangreneuses entourées d’une zone très rouge, se montrent et se développent, de préférence aux jambes et au cou. La mort peut arriver à cette période. La durée de la maladie est d’environ huit jours, bien que la mort se produise parfois dès le deuxième ou troisième jour, ou même plus tôt. La prédominance des bubons fait donner à la maladie le nom de peste bubonique. Elle devient peste pneumonique si le mal se localise surtout sur l’appareil pulmonaire. Des hémorragies sous-cutanées peuvent