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SENNACHÉRIB


coalition : Sennachérib rencontra leurs troupes à Halulé sur le Tigre (690) et prétend, par la protection d’Assur et des autres grands dieux, les avoir battues, avoir fait un grand carnage et un butin plus grand encore : mais la Chronique babylonienne attribue au contraire la victoire aux Élaraites : ce fut évidemment une lutte terrible, et sans résultat décisif, après laquelle chacun des adversaires épuisé se hâta de retourner dans ses terres. — L’année suivante, Umman-minanu ayant été réduit à l’extrémité par la maladie, Sennachérib en proQta pour tomber à l’improviste sur Babylone : cette fois MuSezib-Marduk, incapable de résister seul, se rendit, et Sennachérib saccagea et rasa la ville « renversant tout, des fondations au faite, sapant,

terre depuis la mer supérieure du soleil couchant jusqu’à la mer inférieure du soleil levant, » Sennachérib joignit le faste des grandes constructions pour lesquelles il utilisa les immenses richesses et les esclaves sans nombre, ramenés de ses lointaines et multiples expéditions. Ninive surtout, délaissée par Sargon, son père, fut son séjour favori : il en répara les murailles, les quais, les édifices publics et surtout le palais des rois ses prédécesseurs qu’il décora de cèdre et de reliefs d’albâtre, où il fit représenter avec un réalisme puissant et une infinie variété ses conquêtes, les pays lointains qu’il avait traversés, les constructions monumentales qu’il avait fait ériger, et jusqu’aux détails de sa vie quotidienne : des légendes

347. — Le roi Sennachérib sur son trône devant Lachis. D’après Layard, Diacoveries in the ruins of Nineveh, 1860, p. 150. Pour les eunuques qui entourent le roi et les autres détails de la scène, voir Lachis, t. iv, fig. 11, col. 23.

brûlant, abattant les remparts, les temples des dieux, les ziggurat ou pyramides, et comblant le grand canal de l’Euphrate de tous ces débris. » Les détails de ce dernier siège sont contenus non plus dans le prisme de Taylor qui fut rédigé sous l’éponymat du limu Belimur-ani, c’est-à-dire en 691-690, la quinzième année du règne, mais dans l’inscription de Bavian de date postérieure. Le conquérant laissa pour régner sur ces ruines un autre de ses fils, Assur-ah-iddin, Asarhaddon, qui devait neuf ans plus tard lui succéder à Ninive.

Vers la fin de son règne Sennachérib mena encore une expédition contre les Arabes, s’empara d’une ville du nom d’Adumu, s’y assujettit un roi appelé Hazailu et une reine dont le nom et le pays, sont illisibles : au nord, il paraît même avoir fait envahir la Cilicie par ses troupes et avoir pris contact avec les Grecs d’Asie. Cuneiform texts du British Muséum, t. xxvi, pi. 15, col. IV ; P. Dhorme, Les sources de la Chronique d’Eusèbe, dans la Revue biblique, avril "1910, p. 235.

Au prestige de la victoire qui lui faisait commencer ses inscriptions en ces termes : « Assur, le maître souverain, m’a confié la royauté de tous les peuples, il a étendu ma domination sur tous les habitants de la

cunéiformes expliquent le contenu des bas-reliefs ; les grands vides entre les ailes et les jambes des Kirubi et des nirgalli, les taureaux et les lions protecteurs, sont couverts de longues inscriptions ; les plus considérables recouvraient des prismes d’argile enfouis dans les fondations de ses palais. Des bas-reliefs, il faut citer principalement celui qui représente la reddition de Lachis en Palestine. Voir Lachis, t. iv, fig. 11, col. 23. La Bible parlait de cet événement que les annales assyriennes n’avaient pas mentionné, II Reg., xviii, 14 : le roi, de très haute stature, siège sur un trône élevé, ayant sur la tête une couronne en forme de tiare d’où pendent deux fanons, vêtu d’une tunique frangée recouverte d’une sorte de chasuble richement brodée, portant de splendides bijoux, bracelets et boucles d’oreilles, élevant d’une main une flèche, et s’appuyant de l’autre sur l’arc royal (fig. 347) : derrière lui, les eunuques agitent les flabellum ; par devant, plusieurs Juifs sont agenouillés, d’autres élèvent les mains d’une façon suppliante : le croisillé du fond indique une région montagneuse ; les arbres qu’on y a représentés semblent être principalement des vignes et des figuiers. — La Bible, IV Reg., xix, 37 ; Is., xxxvii, 38 ; les historiographes et les textes cunéiformes sont una-