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SÉNEVÉ — SENNAAR


myronate de potassium que l’écrasement suffit pour mettre en présence. La tige, qui dans les endroits favorables peut dépasser deux mètres, se termine par des rameaux étalés, à feuilles toutes pétiolées, les inférieures découpées-lyrées, celles du sommet presque entières. Les fleurs jaunes, en grappes plusieurs fois ramifiées, ont 4 sépales étalés en croix, autant de pétales à long onglet, et 6 étamines dont 2 plus courtes. À la maturité le fruit forme une silique appliquée contre l’axe, conique, un peu bosselée’et glabre, surmontée d’un bec grêle 4 fois plus court que les valves, qui sont marquées d’une forte nervure sur le dos. Les graines sont noires et globuleuses, nettement ponctuées à la surface, et sur un rang dans chaque loge. F. Hy.

II. Exégèse. — Le sénevé n’est point mentionné dans l’Ancien Testament ; il se rencontre seulement dans une comparaison et dans une parabole des Évangiles synoptiques. « Si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé, est-il dit dans Matth., xvii, 20, vous diriez à cette montagne : Passe d’ici là et elle y passerait. » La comparaison est analogue dans Luc., xvii, 5. « Si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé, vous diriez à ce mûrier : Déracine-toi et plante-toi dans la mer, et il vous obéirait. » C’est l’exiguité du grain de sénevé qui sert ici comme terme de comparaison : un peu de foi ferait faire à l’homme des choses humainement impossibles. — Dans la parabole des synoptiques, Matth., xiii, 31-32 ; Marc, iv, 31-32 ; Luc, xiii, 18-19, le royaume deDieu est comparé à un grain de sénevé, semé dans un jardin, qui croît et devient un arbre où les oiseaux du ciel viennent se reposer. Avec la petitesse de la graine, ce qui est souligné ici c’est de plus sa force d’expansion. Les textes précédents mettent en relief les caractères suivants du sénevé : C’est une graine extrêmement petite, non pas absolument la plus petite de toutes les semences, mais la plus petite de celles qu’on a l’habitude de semer ; et cette petitesse est mise en opposition avec la grandeur des résultats, c’est-à-dire l’expansion relativement considérable de cette plante. Elle devient un arbre. Il y a lieu de remarquer que les plus anciens et les meilleurs manuscrits, nBDL etc., dans saint Luc n’ont pas l’adjectif [ilya, « grand », joint à 8év-Soov, « arbre ». Ce que le texte veut faire ressortir, c’est qu’une graine si petite, presque microscopique donne naissance à un arbre : on oppose un arbre à des plantes qui ne sont que des légumes et non pas un grand arbre à de petits. La moutarde atteint en Orient, et même parfois dans le midi de la France, la grandeur de nos arbres fruitiers : elle s’élève à la hauteur déplus de deux mètres : avec sa tige semi-ligneuse, ses branches bien étalées, c’est vraiment l’aspect d’un arbre. W. M. Thomson, TheLandand the Book, in-S", Londres, 1885, p. 414. Cette disproportion entre cette quasi invisible semence et la grandeur de son développement, peintadmirablement le royaume de Dieu si faible et exigu à son origine etdont l’épanouissement final couvrira le monde. La graine de sénevé, (lardai, était employée proverbialement chez les anciens rabbins pour désigner une chose très petite, et on parle dans le Talmud de Jérusalem, Pea, 7, d’un plant de sénevé ayant les proportions d’un figuier, où le Rabbi Siméon ben Colaphta avait l’habitude de monter, et dans le Talmud de Babylone, Ketub., ni 1 ", d’un sénevé qui avait produit neuf cabs de graines et était capable de couvrir de son bois la maison d’un potier. Quelles que soient les exagérations du Talmud, il est bien certain qu’on donnait le nom d’arbre à des plants de sénevés largement développés. Tout s’explique donc naturellement dans la comparaison et la parabole de l’Évangile.

Certains auteurs cependant, croyant que le sénevé ne répondait pas suffisamment à la qualification d’arbre et surtout de « grand arbre », et aux exagérations des rabbins, ont voulu voir dans le aivaxi de l’Évangile le


Sàlvadora persica. C’est le D r Royle, dans un article paru dans le Journal of theR. asiatic Society, en 1844, qui lança cette idée, en prétendant que cet arbre était appelé arbre à moutarde par les Arabes, et qu’il croissait sur les bords du Jourdain et du lac de Tibériade. Mais qui jamais a rangé cet arbuste parmi les plantes potagères, Aajrâvtov, comme il est dit dueri’vairi dans Matth., xm, 32 ? Cela suffit à écarter le Sàlvadora persica. De plus, comme le remarque très justement G. E. Post, dans Hastings’Dictionary of the Bible, t. iii, p. 463, cetteplante ne se trouve pas, comme le prétendait le D r Royle, sur les bords du lac de Génésareth, mais seulement autour de la Mer Morte ; elle ne pouvait donc être bien connue des auditeurs du divin Maître et être prise par lui comme terme de comparaison dans ses paraboles. On ne la sème pas non plus dans les jardins ; ce n’est pas une plante annuelle dont on puisse remarquer la rapide croissance et il ne semble pas exact que les Arabes lui aient appliqué le nom de Khardal, « moutarde ». Le Sàlvadora persica est appelé Arac par les Arabes et son fruit Kebath. H. B. Tristram, The natural History of the Bible, in-12, Londres, 1889, 8e édit., p. 473. 0. Celsius, Hierobotanicon, xi-% Amsterdam, 1748, t. ii, p. 253-259. E. Levesque.

    1. SENNA##

SENNA (hébreu : Sinnâh, avec hé local ; Septante : ’EvvâI. ; Alexandrinus : SEcvvdtx), orthographe du nom du désert de Sin dans la Vulgate. Num., xxxiv, 4. Voir SiN.

    1. SENNAAB##

SENNAAB (hébreu : Sin’àb ; Septante : Sewoâp), roi d’Adama, à l’époque de l’invasion de la Palestine par Chodorlahomor. Gen., xiv, 2. Voir t. ii, col. 711.

    1. SENNAAR##

SENNAAR (hébreu : Sin’âr ; Septante : Sevvoâp), Sevaâp), nom donné à la Babylonie dans la Genèse et dans quelques prophètes. Avant le déchiffrement des inscriptions cunéiformes, on avait fait toute sorte d’hypothèses sur l’origine de ce mot. Les documents assyriens ont mis les assyriologues à même de constater que Sennaar n’est que l’ancienne forme du mot Sumer qu’on lit si fréquemment sur les monuments antiques du pays, mât Sumeri u Akkadi, « terre de Sumer et d’Accad ». Dans les lettres de Tell el-Amarna, H. Winckler, Altorientalische Forschungen, t. ii, 1898, p. 107, Keilinschriftenunddas Aile Testament, p. 238, le nom est écrit Sanhar, d’après une explication assez vraisemblable. La langue sumérienne paraît avoir été parlée en Babylonie avant qu’un idiome sémitique, celui que nous désignons sous le nom d’assyrien, y fût en usage.

Le royaume primitif de Nemrod comprenait Babylone, Arach, Achad et Chalanné, dans la terre de Sennaar. Gen., x, 10. Avant de se disperser, les hommes rassemblés dans la plaine de Sennaar, lorsqu’ils se furent multipliés après le déluge, y élevèrent la tour de Babel. Gen, , xi, 9. Voir Babylone, 1. 1, col. 1351. — Amraphel, c’est-à-dire Hammurabi, un des rois confédérés qui firent la guerre en Palestine, ayant à leur tête Chodorlahomor, était roi de Sennaar. Gen., xiv, 119. Voir le portrait d’Hammurabi, t. iv, fig. 108, col. 336. Cf F. Vigouroux, Manuel biblique, 12e édit., 1906, t. i. fig. 51, p. 475. — On ne retrouve plus le nom de Sennaar dans l’Écriture qu’à l’époque des prophètes. Isaïe, xi, 11, appelle la Babylonie Sennaar. Daniel, i, 2, et Zacharie, v, 11, font de même. — Voir Eb. Schrader, Keilinschriftenund Geschichtsforschung, 1878, p. 533-534 ; Weissbach, Zur Lôsung der Sumerischen Frage, Leipzig, 1897 ; G. Pinches, Languages of the early Inhabitants of Mesopotamia, dans le Journal of the Royal Asiatic Society, 1884, p. 301 sq. ; Id., Sumerian or Cryptography, dans la même revue, 1900, p. 25 sq., 343, 351.

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