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SEL — SÉLA


fut que le symbole et le prophète dut faire appel à son pouvoir miraculeux.

5° Pour, la destruction. — Le sel marin, en petite quantité, est un amendement employé en agriculture comme stimulant de la végétation. En grande quantité, il devient une cause de stérilité pour une terre. Dans le poème babylonien Éa et Atarhasis, ii, 33 ; iii, 48, la plaine se couvre de sel, pour empêcher la plante de sortir et de germer. Cf. Dhorme, Choix de textes religieux, Paris, 1907, p. 131, 137. Ainsi quand fut creuséle canal de Suez, on crut que le canal d’eau douce pratiqué latéralement permettrait le développement d’une végétation luxuriante. Tout commença bien, en effet. Mais quand les racines atteignirent le sous-sol, saturé de sel marin, la végétation languit, se dessécha et finit par disparaître. L’eau douce s’infiltrait d’ailleurs dans le sable et, sous l’influence du soleil d’Egypte, venait s’évaporer à la surface en entraînant avec elle le sel dont elle s’était chargée. Cf. Jullien, L’Egypte, p. 110112. Les anciens s’étaient facilement rendu compte que « tout sol où l’on trouve du sel est stérile et ne produit rien. » Pline, N. H., xxxi, 7. Cf. Virgile, Georg., ii, 238. Les régions qui avoisinent la mer Morte ont toujours été pour les Hébreux le type de ces terres stériles, à cause de la forte proportion de sel qu’elles contenaient. Ils donnaient à ces terres le nom de melèhah, iX(*upc’ç, salsugo. Job, xxxix, 6 ; Ps. cvii (cvi), 34 ; Jer., xvii, 6. Le sol renferme, surtout au sud-ouest, de considérables dépôts de sel gemme, dont se saturent les torrents qui descendent à la mer, ce qui explique la forte salure de cette dernière. Voir Morte (Mer), t. iv, col. 1305, 1306. Les terrains imprégnés de sel à dose considérable sont nécessairement impropres à toute j végétation. Seuls, les roseaux apparaissent au bord de la mer, et, à travers les rochers arides, quelques bouquets de verdure signalent la présence des fontaines ou les bas-fonds bien arrosés. À cause de la méchanceté de ses habitants, Dieu a changé ce pays fertile en plaine de sel. Ps. cvn (cvi), 34 ; Eccli., xxxix, 23. Il menace les Israélites infidèles de faire de leur pays une terre de soufre et de sei, comme l’emplacement de Sodome. Deut., xxix, 22. Moab deviendra, comme Sodome, une carrière de sel. Soph., ii, 9. Au Djebel Usdum, au sud-ouest de la mer Morte, des masses énormes de sel gemme alternent avec des brèches de marbre et des blocs de jaspe vert foncé ; c’est une vraie carrière de sel. Cf. Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, Paris, 1881, p. 433. Là se trouve la colonne de sel que les Arabes appellent « la femme de Lot ». Gen., xix, 26. Voir Lot (La. femme de), t. iv, col. 365. Les déserts arides et salés servaient de demeure aux onagres. Job, xxxix, 6. L’homme qui se confie en l’homme plutôt qu’en Dieu mérite d’y habiter. Jer., xvii, 6. Quand Abimélech eut pris Sichem, « il rasa la ville et y sema du sel ». Jud., IX, 45. Les rois assyriens avaient aussi coutume de semer du sel sur l’emplacement des villes qu’ils avaient rasées. Cf. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, t. ii, 1897, p. 638, 655. Cet acte n’avait évidemment pas pour but d’empêcher une ville de se relever de ses ruines, ni de rendre son sol impropre à la culture. Il marquait seulement que, dans la pensée et les désirs du vainqueur, l’emplacement de cette ville devait rester à l’état de champ stérile et de lieu inhabité.

6° Dans les comparaisons. — Le sel est assez lourd ; il pèse un dixième de plus que le volume d’eau équivalent. Le sable, le sel, le fer sont moins lourds à porter que le sot. Eccli., XXH, 18. — Le givre répandu sdf la terre ressemble à du sel. Eccli., xliii, 21. — Notre-Seigneur dit à ses disciples : « Vous êtes le sel de la terre. Si le sel perd sa vertu (u.<i)pav8r„ « devient fou », evamterit), avec quoi le salera-t-on ? Il n’est plus bon à rien qu’à être jeté dehors et foulé aux pieds. »

Matth., v, 13 ; Luc, xiv, 34. Le sel peut devenir ava-Xov, insulsum, « non salé ».Marc, IX, 49. Pline, H. N., xxxi, 39, 44, parle de sal iners, « sel inactif », et dit que sal tabescit, « le sel se dissout », devient impropre à saler. Cet effet pouvait se produire quand le sel restait longtemps exposé à la chaleur du soleil, ou que, plus ou moins mélangé à des matières terreuses, il fondait en ne laissant subsister que ces dernières. Le sel représente ici la sagesse chrétienne personnifiée dans les disciples et les apôtres. Si, en ceux qui sont chargés de conserver et de propager cette sagesse, elle devient folie, |iMpav6° ), comment les rendra-t-on sages eux-mêmes ? Si la grâce perd en eux son efficacité, comment la communiqueront-ils aux autres ? Aussi le Sauveur dit-il : se Ayez en vous le sel, » Marc, IX, 49, c’est-à-dire ce qui doit préserver de la corruption et de la folie, vous et les autres. « Que votre parole soit toujours assaisonnée de sel, » c’est-à-dire de sagesse, « en sorte que vous sachiez comment il faut répondre, » dit aussi saint Paul. Col., iv, 6. Dans sa liturgie, l’Église emploie le sel à la bénédiction de l’eau, pour le « salut des croyants » et la « santé de l’âme et du corps ». Au baptême, elle l’appelle « sel de la sagesse » devant acheminer à la vie éternelle. L’imposition du sel était particulière au rit romain. Cf. Duchesne, Origines du

culte chrétien, Paris, 1903, p. 297.

H. Lesêtre.

2. SEL (MER DE) OU TRÈS SALÉE. Voir MORTE

(Mer), t. iv, col. 1289.

3. SEL (ville DE) (hébreu : ’Ir ham-mélah ; Septante : al îto), et ; Sa8ûv ; Vulgate : civitas Salis), ville de Juda, située dans le désert appelé du nom de cette tribu. Jos., xv, 62. Elle pouvait être dans le voisinage de la mer Morte non loin d’Engaddi qui la suit dans l’énumération des six villes du désert de Juda. Le site précis en est incertain. Des savants la placent dans la vallée des Salines où Amasias, roi de Juda, battit les Édomites, IV Reg., xiv, 7 ; II Par., xxv, 1 1, ou bien près de cette vallée. Voir col. 1373. On connaît maintenant à l’est de Bersabée une vallée du sel, ouadi Milh, ou Melh qui passe au pied du Tell Melh, « la colline du sel » (voir Juda 6, carte, t. iii, col. 1156), et divers savants localisent en cet endroit la défaite des Édomites. Voir F.-M. Abel, dans la Revue biblique, avril 1910, p. 229. Ce site paraît trop éloigné d’Engaddi pour y placer la ville de Sel.

SÉLA, nom d’homme et nom de ville, dans la Vulgate. — Pour la capitale de l’Idumée, qui est appelée has-Séla’, dans le texte hébreu, voir Pétra, col. 166.

1. SÉLA (hébreu : Sêldh ; Septante : Sr, Xii ; j.), le plus jeune fils de Juda et d’une Chananéenne, dont le père se nommait Sué ; petit-fils de Jacob. Gen., xxxviii, 5 ; xi.vi, 12 ; Num., xxvi, 20 ; I Par., ii, 3 ; iv, 21. Ses descendants furent appelés Sélaïtes. Num., xxvi, 20. Une partie d’entre eux esténumérée, I Par., iv, 21-23. Juda avait promis à Thamar, sa belle-fille, qui était veuve, de lui donner Séla comme époux, quand il aurait grandi, mais il ne tint pas sa promesse Gen., xxxviii, 10-11, 14, 26.

2. SÉLA (hébreu : Séla’; omis dans l’édition sixtine des Septante, Jos., xviii, 28 ; dans II Reg. (Sam.), xxi, 14, Septante : it).eypi ; Vulgate : latus), ville de la tribu de Benjamin, nommée entre Tharéla et Éleph (t. ii, col. 1657) et située dans la partie sud-ouest de cette tribu. C’est là qu’était le tombeau de la famille de Cis, père du roi Saûl. David, après l’exécution des fils de Respha, fit transporter dans ce tombeau familiatles restes de Saül et de Jonathas et les y fit ensevelir avec les fils de Respha. II Reg. (Sam.), xxi, 12-14. Les Sep-