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SARDES — SARDOINE


emparer dès le xi= siècle. Tamerlan la prit à son tour en 1402, et la détruisit de fond en comble. Elle ne s’est jamais relevée de cette catastrophe (fig. 303). Le vaste emplacement de l’ancienne capitale lydienne n’a aujourd’hui de vie que grâce au misérable village de Sart, composé seulement de quelques huttes bâties au , milieu des ruines. Et celles-ci sont peu considérables, car « les terres éboulées des collines ou portées par les eaux courantes ont recouvert une grande partie de ÎSl ville antique. » E. Reclus, L’Asie antérieure, in-4°, Paris, 1884, p. 606-607. Celles des ruines qui sont restées visibles n’offrent qu’un intérêt très restreint. Elles datent surtout de la période romaine. Sur les bords du Pactole, se dressent deux colonnes solitaires, qui « Affermis ce qui reste et qui est près de mourir. » L’évêque et l’Église sont menacés d’un châtiment soudain, s’ils ne reprennent bientôt leur ferveur première. Il y avait néanmoins à Sardes quelques chrétiens dignes de ce nom, auxquels une belle récompense est promise. — Dans la suite, l’Église de Sardes eut à sa tête plusieurs évêques illustres, entre autres saint Méliton, qui fut au IIe siècle l’une des plus grandes lumières de l’Asie, et qui est spécialement célèbre par le canon des saintes Écritures qui porte son nom. Eusèbe, H. E., iv, 13, 26, t. xx, col. 337, 392-397. Voir F. Vigouroux, Manuel biblique, 12e édit., t. i, p. 89, n. 3 ; R. Cornely, lntrod. in libros.sacros, Paris, 1885, t. i, p. 76. Plus tard encore, les habitants de Sardes résistèrent

303. — Ruines de l’acropole de Sardes. D’après une photographie de M. Henri Cambournac.

appartenaient vraisemblablement au temple de Cybèle (fig. 304), On voit aussi les restes d’un théâtre. — À une certaine distance de Sart, au nord de l’Hermos, près du lac Gygée, on voit de nombreux monticules coniques, dont quelques-uns ont des proportions gigantesques ; ils représentent l’ancienne nécropole de Sardes. Hérodote la mentionne déjà, i, 93. Cf. Strabon, XIII, iv, 4.

3° Sardes et le Nouveau Testament. — À l’époque du paganisme, la religion particulière de la capitale de la Lydie roulait autour du culte de Cybèle, dont le caractère présentait beaucoup de ressemblance avec celui de la Diane d’Éphèse. Voir Diane, t. ii, col. 14051406. Mais le christianisme pénétra de bonne heure dans Sardes, où nous trouvons, dés la fin du I er siècle, une Église importante, l’une des sept de la province d’Asie auxquelles saint Jean écrivit une lettre spéciale au début de l’Apocalypse, iii, 1-6. Nous ignorons dans quelles circonstances cette Église avait été fondée. La lettre de l’apôtre nous apprend que son ange, c’est-à-dire son évêque, cachait un triste état moral sous de belles apparences : « Tu passes pour vivant et tu es mort, s Cet état était malheureusement aussi celui de la chrétienté qu’il dirigeait, comme l’indiquent les mots

énergiquement aux tentatives faites par Julien l’Apostat pour rétablir parmi eux le culte des idoles.

4° Bibliographie. — Arundell, Discoveries in Asia Minor, 2 in-8°, Londres, 1834, t. i, p. 26-28 ; P. de Tchihatchef, Asie Mineure, Paris, 1852-1869, 8 in-8°, t. i, p. 232-242 ; G. H. von Schubert, Reise in das Morgenland, 3 vol. in-8°, t. i, Erlangen, 1840, p. 347350 ; Fellow, Journal written during an excursion in Asia Minor, Londres, 1839, p. 289-295 ; Ch. Texier, Asie Mineure, description géographique, historique et archéologique, in-8°, Paris, 1862, p. 252-259 ; Ms r Le Camus, Les sept Églises de (Apocalypse, in-4°, Paris, 1896, p. 218-230 ; B. V. Head, Catalogue of the Greek Coins of Lydia, in-8°, Londres, 1901, p. 236-277 ; . W. M. Ramsay, The Letters to the seven Churches of Asia, in-8°, Londres, 1904, p. 354-368.

L. Fillion.

SARDOINE. Ce mot est souvent pris dans le sensde pierre de Sardes, qui n’est autre que la cornalinerouge. Voir Cornaline, t. ii, col. 1007. Le mot sardoine, qui paraît emprunté du latin sardonyx, désigne aussi une variété d’onyx, veinée de deux couleurs. La pierre sardonyx choisie pour la 11e pierre du rational était rouge et blanche. Elle portait probablement le nom de-