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SANTAL — SANTÉ

jaunes, réunies en grappes axillaires et terminales, produisent une gousse indéhiscente, orbiculaire-comprimée, oblique et renfermant 1 ou 2 graines. Le bois présente sur une coupe transversale de larges vaisseaux sous forme de pores tout remplis d’une résine rougeâtre, la santaline, qui lui donne ses propriétés. Plusieurs autres arbres du même genre fournissent des bois employés autrefois pour la teinture et fort estimés encore en ébénisterie. — 2° Le santal blanc, Santalum album L., forme le type de la famille des santalacées. C’est un grand arbre de la côte de Malabar à feuilles opposées, lancéolées et entières. Les fleurs apétales et hermaphrodites ont un calice à 4 sépales valvaires, 4 étamines insérées à leur base et alternant avec autant d’écaillés. L’ovaire à placenta central porte 2 ou 3 ovules et devient à maturité une drupe noirâtre, globuleuse, marquée au sommet d’un œil par la cicatrice du périanthe. Son bois, faiblement coloré, acquiert par la dessiccation une odeur forte et agréable, en même temps qu’une saveur amère et piquante, due à une huile volatile jaune, usitée en thérapeutique.

F. Hy.


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297. — Pierocarpus santalinus.


II. Exégèse. — Le bois de ʾalgûm (pluriel : ’algûmim) se présente dans deux endroits parallèles des Livres Saints. D’après III Reg., x, 11, 12, les vaisseaux d’Hiram qui apportaient de l’or d’Ophir, en amenaient aussi des bois de ʾalmuggim et des pierres précieuses. Le passage parallèle II Par., IX, 10, 11, répète la même chose, mais le nom hébreu du bois se présente sous la forme ʾalgûmîm. De ce bois on dit dans les deux endroits que Salomon fit faire des balustrades pour le temple et son palais et aussi des harpes et des lyres. Et on remarque en terminant qu’on ne vit plus jamais ce bois en Palestine. Il est évident qu’il s’agit ici d’un bois étranger, rare, précieux, que l’on trouvait dans le pays d’Ophir, c’est-à-dire dans l’Inde. Or, dans cette contrée, sur la côte de Malabar, un des noms du bois de santal est valgu (valgum, valguka). Le vav étant peu usité au commencement de leurs noms, les Hébreux l’ont négligé en empruntant ce mot étranger, qu’ils ont gardé sous la forme ’algum. C’est sans doute par une faute de copiste, ou par une métathèse assez fréquente dans les emprunts de noms étrangers, qu’on trouve aussi la forme ʾalmug. À ce nom les Hébreux ont ajouté leur pluriel en im. Lassen, Indische Alterthumskunde, édit. 1866-74, t. i, p. 651-652 ; Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, t. iii, p. 535. Le rapprochement d’un des noms indiens du santal rouge avec l’ʾalgum du texte sacré rend très probable l’identification. De plus c’est ce même bois qu’on emploie très fréquemment dans l’Inde pour les usages auxquels Salomon le fit servir : on fabrique avec le santal rouge des harpes, des lyres et d’autres instruments de musique. Il n’y a donc pas à s’arrêter aux traductions variées et erronées des Septante et de la Vulgate : l’algum n’est ni un pin, ni un thuia. Ce n’est pas non plus le santal blanc employé surtout comme parfum. Les rabbins ’Salomon Ben Melek et David Kimchi interprétant les passages des Rois et des Paralipomènes voyaient déjà dans l’algum, un bois de couleur rouge. Quant au nom actuel, santal vient d’une autre appellation de cet arbre en sanscrit, tchandana, d’où les Grecs auraient fait σάνδαλον, σάνταλον.

Il reste un passage, II Par., ii, 7 qui offre difficulté. « Envoie-moi, dit Salomon au roi de Phénicie, Hiram, envoie-moi du Liban des bois de cèdre, de cyprès et de ʾalgumim. Le santal ne vient pas des forêts du Liban comme le cèdre et le cyprès. On a essayé de tourner la difficulté en disant que, pour la troisième espèce d’arbre nommé, il ne s’agirait pas d’un bois coupé dans le Liban, mais apporté de l’Inde dans la Phénicie par les vaisseaux d’Hiram et envoyé par celui-ci à Salomon avec les arbres du Liban. Cette explication n’est guère naturelle : le sens de la phrase invite à voir dans le troisième arbre nommé un bois coupé dans les forêts du Liban comme les deux autres espèces. E. Fr. K.Rosenmüller, Handbuch der Biblischen Alterthumskunde, p. 1. Das Biblische Pflanzenreich, in-8°, Leipzig, 1830, p. 237, pense que dans cet endroit, II Par., Il, 7, le mot ’algûmîm est une interpolation d’un copiste : car dans le passage parallèle III Reg., v, 8, il ne s’agit que de cèdres et de cyprès. Cependant si l’on veut maintenir dans cette énumération une troisième espèce d’arbres, on pourrait vraisemblablement supposer le mot ארנים, ’oranim, « pins », qu’un copiste distrait ou préoccupé aurait transformé en אלנםים, ’algumim. Ou bien un des noms populaires du cèdre. ארז, ’aréz, sous la forme גלםי, golmiš ou galmiš mis en marge de ce passage biblique pour l’expliquer, aura plus tard passé dans le texte en se transformant en ʾalgum, ʾalgumim. — 0. Celsius, Hierobotanicon, in-8°, Amsterdam, 1748, 1. 1, p. 171-185 ; Rosenmüller, op. cit., p. 234-238 ; Gesenius, Thesaurus, p. 93.

    1. SANTÉ #

SANTÉ (hébreu : šâlôm, marpêʾ, rifʾôṭ, ces deux derniers mots se rapportant plutôt à la guérison ; Septante : ὑγιεία, ἴασις, « guérison » : Vulgate : sanitas), état de celui qui ne souffre d’aucune maladie. Voir Maladie, t. iv, col. 611. — 1° La santé est un bienfait de Dieu, Eccli., xxxiv, 20, dont on le loue. Eccli., xvii, 27. Les idoles ne peuvent la donner. Sap., xiii, .18. Elle vaut mieux, même avec la pauvreté, que la maladie jointe à la richesse. Eccli., xxx, 14. À qui se porte bien, le médecin est inutile. Matth., ix, 12 ; Marc, ii, 17 ; Luc, v, 31. La crainte de Dieu, la docilité aux bons conseils, la paix du cœur contribuent à la santé du corps. Prov., iii, 8 ; iv, 22 ; xiv, 30. La tempérance est une condition essentielle de la santé. Eccli., xxxi, 22-40. — 2° L’affection ou la politesse obligent à se préoccuper des autres, à demander de leurs nouvelles. Jacob demande aux bergers de Haran si Laban se porte bien, et ils lui répondent : « Il est en bonne santé. » Gen., xxix, 6. Jacob envoie Joseph savoir si ses frères se portent bien. Gen., xxxvii, 14. Joseph demande à ses frères si leur père est en bonne santé. Gen., xliii, 27. Isaïe envoie David voir si ses frères qui sont au camp se portent bien. I Reg., xvii, 18. David demande si son fils Absalom va bien. II Reg., xviii, 29. « Te portes-tu bien, mon frère ? » dit Joab à Amasa qu’il va tuer sournoisement. II Reg., xx, 9. Élisée envoie Giézi dire à la Sunamite : « Te portes-tu