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SALOMON


première la perception de cette dîme. Ajoutée à la dime lévitique, elle faisait peser un impôt d’un cinquième sur les biens de la terre. Il est bien possible aussi que la première fenaison, appelée « coupe du roi », Am., vii, 1, ait déjà été prélevée au temps de Salomon. Cf. III Reg., IV, 28. — 2. Les droits d’importation. Ils étaient exigés des marchands nomades et des négociants. Les rois d’Arabie y ajoutaient leurs tributs en or et en argent. III Reg., x, 15 ; II Par., ix, 14. — 3. Les droits de transit. Les marchandises venues de l’est à destination des Phéniciens ou des Philistins devaient nécessairement emprunter le territoire de la Palestine, depuis que Salomon était maître de tout le pays jusqu’à Émath. Celles qui venaient d’Egypte passaient par la Palestine pour arriver en Syrie et chez les Héthéens. III Reg., x, 28, 29. On en exigeait des droits de passage. — 4. Les présents. Les sujets de Salomon lui apportaient des objets d’argent et d’or, des vêtements, des armes, des aromates, des chevaux et des mulets, présents volontaires dont l’usage ne permettait pas de se dispenser et qui se renouvelaient chaque année. En retour, les contribuables pouvaient voir Salomon el entendre sa sagesse. III Reg., x, 24-25. — 5. Le commerce. Voisin des Phéniciens, le roi d’Israël constatait les immenses richesses que le commerce leur procurait. Il résolut de les imiter. Il se réserva le monopole de certains trafics, celui de l’or, III Reg., ix, 28, et celui des chevaux. II Par., x, 28. Il établit, dans les endroits les plus favorables, des entrepôts et des relais pour les caravanes marchandes. Sa puissance s’étendaitjusqu’auprès de Thapsaque, où l’on pouvait traverser l’Euphrate. III Reg., iv, 24. Pour faciliter l’accès de ce débouché, il bâtit ou restaura Thadmor, la ville des Palmes ou Palmyre, au milieu du désert, sur la route de Damas à Thapsaque, III Reg., ix, 19, et mit en état les villes du pays d’Émath qui pouvaient servir de magasins.

II Par., viii, 4. À l’intérieur du pays, pour faciliter les transports et les transactions, il fit paver de pierres noires, probablement de basalte, les voies qui menaient à Jérusalem, cf. Josèphe, Ant. jud., VIII, VII, 4, et ménagea des magasins dans les villes. II Par., viii, 5. Lçs chevaux et les chars qu’il tirait de l’Egypte, et peut-être de Coa, étaient achetés, les premiers 150 sicles d’argent (424 fr. 50) et les seconds 600 sicles (1698 fr.).

III Reg., x, 29. Il y avait là, sans nul doute, une source de grand profit pour Salomon. Les Phéniciens étaient marins ; le roi d’Israël voulut lui aussi posséder une marine. Il fit d’Asiongaber, à la pointe du golfe Élanitique, une ville maritime. Une flotte y fut construite, voir Navigation, Navire, t. iv, col. 1496, 1506, et, de concert avec des matelots de Tyr, ceux de Salomon entreprirent par mer le voyage d’Ophir. Voir Ophir, t. iv, col. 1829. Le voyage durait trois ans, et l’on en rapportait de l’or, de l’argent, de l’ivoire, des singes et des paons, III Reg., ix, 26-28 ; x, 22 ; II Par., iii, 17, 18, du bois de santal et des pierres précieuses. IIÏ Reg., x, 11-12. Pour acquérir ces objets, il fallait en donner d’autres en échange. La Palestine ne fournissait guère de produits pouvant se vendre sur le marché indien.

II est donc à croire que les marins de Salomon se pourvoyaient d’objets’manufacturés en Phénicie et les échangeaient contre les matières précieuses d’Ophir. La Hotte rapporta à Salomon 420 talents d’or, soit près de 17000 kilogrammes ou plus de 55 millions. III Reg., ix, 28. Chaque année, le roi revevait de toute provenance 666 talents d’or, soit une valeur de 87 812 100 francs.

III Reg., x, 14 ; II Par., IX, 13. Cf. Eccle., Il, 8. Salomon employa cet or à la fabrication de toutes sortes d’ustensiles pour le Temple et pour ses palais. III Reg., x, 25. Il se fit, entre autres objets, 200 grands boucliers d’or battu, à chacun desquels il employa 600 sicles d’or (26100 fr.), et 300 petits, représentant chacun 3 mines d’or (6 600 fr.). Ces seuls boucliers va laient donc une somme de 19800000 francs. On conçoit que, dans ces conditions, l’argent eût peu de valeur à Jérusalem. III Reg., x, 21. Cf. Eccli., xi/vn, 20. — On ne peut assurer que toutes ces richesses aient été gérées très sagement. Un fait significatif permet d’en douter. Vingt ans après la construction du Temple et des palais, Salomon n’avait pas encore restitué à Hiram 120 talents d’or (16822000 fr.) que ce dernier lui avait avancés, et il lui céda en paiement vingt villes de Galilée, dont Hiram se montra d’ailleurs peu satisfait. III Reg., ix, 1014. Comment un roi qui recevait annuellement 666 talents d’or a-t-il pu rester vingt ans sans pouvoir payer 120 talents ? Les chiffres bibliques sur les richesses de Salomon auraient-ils été exagérés par les transcripteurs ? Ou enfin, la prodigalité excessive du roi d’Israël est-elle seule en cause ? Cette dernière raison paraît la plus probable.

V. Les grandes constructions. — 1° Les préparatifs. — David avait laissé à son fils le soin de construire un Temple à Jéhovah. III Reg., v, 3 ; I Par., xxviii, 2-21. Il avait même fait préparer à l’avance le plan des constructions et le modèle des ustensiles du culte, et avait mis en réserve 3000 talents d’or (395550000 fr.) et 7 000 talents d’argent (59500000 fr.) pour être employés à l’ornementation et au mobilier. I Par., xxviii, 11-xxix, 5. À son exemple, les grands et les riches de la nation avaient fait leurs offrandes comprenant 5000 talents d’or (659 250000 fr.), 10000 dariques (366666 fr.), 10000 talents d’argent (85000000 fr.), 18000 talents d’airain (765594 kil.) et 100 000 talents de fer (4253300 kil.). — Il n’y avait personne en Israël qui fût capable d’exécuter des œuvres aussi importantes que celles que David avait prévues. Salomon s’adressa donc aux Phéniciens, habiles constructeurs et experts dans toutes les œuvres d’art. Il fit alliance avec Hiram, roi de Tyr, et lui demanda de lui envoyer un architecte capable de prendre la direction des ouvriers préparés par David. Le roi de Tyr lui envoya maître Hiram, fils d’un Tyrien et d’une femme de Nephthali. III Reg., vii, 13, 14. Voir Hiram, t. iii, col. 718. Il s’engagea aussi à faire couper dans le Liban, par des Phéniciens associés à des Israélites, les bois nécessaires aux constructions, moyennant un salaire convenu, 20000 cors de froment (67658 hectol.), 20000 cors d’orge, 20000 baths de vin (7 776 hectol.) et 20000 balhs d’huile. III Reg., v, 1-12 ; II Par., i, 316. Les pierres et les autres matériaux devaient se trouver en Palestine. Voir Carrière, t. ii, col. 319. — Enfin, Salomon eut recours à la corvée pour se procurer les ouvriers nécessaires. Voir Corvée, t. ii, col. 1032. Il leva 30 000 Israélites pour aller alternativement pendant un mois travailler par 10000 dans le Liban. Adoniram fut mis à la tête de ce service. David avait fait le dénombrement des étrangers, la plupart anciens Chananéens, qui séjonrnaient dans le pays. Il s’en trouva 153600. Salomon en prit70 0CO pour porter les fardeaux, 80, 000 pour tailler les pierres dans la montagne et 3 600 pour servir de surveillants. Les maçons de Salomon et ceux de Hiram, les Gibliens, travaillèrent en commun. III Reg., v, 13-18 ; II Par., ii, 17, 18. Il arriva ainsi qu’une bonne partie des constructeurs du Temple de Jéhovah furent des idolâtres, sous la direction générale de Hiram, qui devait l’être aussi.

2° Les constructions. — Sur le Temple, voir Temple. Sur les autres édifices, voir Maison du Bois-Liban, t. iv, col. 594 ; Palais, col. 1967. Le Temple fut construit en sept ans, de la quatrième à la onzième année du règne. III Reg., vi, 37, 38. Salomon éleva ensuite en treize ans ses trois palais : la Maison du Bois-Liban, pour les réunions officielles, sa maison d’habitation, dans une seconde cour et une autre habitation semblable pour la fille du pharaon. III Reg., vii, 2-12. Sur l’emplacement de ces palais, voir Jérusalem, t. iii,