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ROYAUME DE DIEU RUBEN

ici que rarement. « Dieu a choisi les pauvres selon le monde pour les rendre riches en foi et héritiers du royaume qu’il a promis à ceux qui l’aiment. » Jac, ii, 5. « Appliquez-vous à affermir votre vocation et votre élection… et ainsi l’entrée dans le royaume éternel de N.-S. et Sauveur J.-C. vous sera pleinement accordée. » II Pet., i, 11. « Puisque nous rentrons en possession d’un royaume qui ne sera point ébranlé, retenons fermement la grâce. » Heb., xii, 28. Comme on le voit, il s’agit, dans tous ces textes, du royaume céleste. Cf. encore Heb., i, 8.

Conclusion. — S’il fallait maintenant comprendre sous une formule globale les significations diverses de l’expression βασιλεία τοῦ Θεοῦ, nous la définirions : l’actualisation de la royauté éternelle de Dieu, dans les âmes par la libre soumission à la loi du Dieu créateur et sauveur, dans le monde par l’établissement et le développement progressif de la société des fidèles (Église), dans l’au-delà par l’union définitive des élus avec Dieu (vie éternelle) et leur incorporation dans l’Église triomphante.

IV. Bibliographie.

La question du royaume de Dieu est traitée, plus ou moins longuement, dans toutes les Vies de Jésus, les commentaires, les Théologies de l’Ancien ou du Nouveau Testament, ainsi que dans les différents dictionnaires bibliques. Nous nous contenterons d’ajouter aux ouvrages ou articles, mentionnés au cours de ce travail, les publications qui se rapportent plus directement à notre sujet. — E. Fleck, De regno divino, Leipzig, 1829 ; *F. Crusius, De notione τῆς βασιλείας τοῦ Θεοῦ in N. T. obvia, 1844 ; "Wittichen, Die Idee des Reiches Grottes, Gœttingue, 1872 ; *Lindenmeyer, Das göttliche Reich als Weltreich, nach der hl. Schrift, Gütersloh, 1876 ; * E. Schürer, Der Begrift des Himmelreiches aus jüdischen Quellen erlüutert, dans Jahrbücher fur protestantische Theologie, 1876, p. 166-187 ; *J. S. Candlish, The Kingdom of God, Edimbourg, 1884 ; *A. B. Bruce, The Kingdom of God, Edimbourg, 1890 ; *Schmoller, Die Lehre vom Reiche Gottes im N. T., Leyde, 1891 ; *Bousset, Jesu Predigt in ihrem Gegensatz zuni Judentum, Gœttingue, 1892 ; *Issel, Die Lehre vom Reiche Gottes im N. T., Leyde, 2e édit., 1895 ; *G. Schnedermann, Die Vorstellurtg vom Königreich Gottes, Leipzig, 1893-1896 ; L. Paul, Die Vorstellungen vom Messias und vom Goitesreich bei den Synoptikem, Bonn, 1895 ; *Titius, Jesu Lehre vom Reiche Gottes, Leipzig, 1895 ; *Lütgert, Das Reich Gottes nach den synoptischen Evangelien, Gütersloh, 1895 ; *F. Krop, La pensée de Jésus sur le royaume de Dieu, Paris, 1897 ; J. Schäfer, Das Reich Gottes im Licht der Parabeln des Herm, Mayence, 1897 ; V. Rose, Études sur les Évangiles, Paris, 1902, c. iii, Le Royaume de Dieu ; *J.Böhmer, Der alttestamentliche Unterbau des Reiches Gottes, Leipzig, 1902 ; ld., Reichsgottesspuren in der Völkerwelt, Gütersloh, 1906 ; *P. Wernle, Die Reichsgotleshoffnung in den ältesten christlichen Dokumenten und bei Jesus, Tubingue, 1903 ; Bartmann, Das Hinimelreich und sein König nach den Synoptikern, Paderborn, 1904 ;

  • W. Wrede, Vorträge und Studien, Tubingue, 1907,

c. iv, Die Predïgt Jesu vom Reiche Gottes.

J.-B. Frey.

ROYAUMONT (BIBLE DE). On connaissons ce nom l’Histoire du Vieux et du Nouveau Testament, in-f°, Paris, 1670, qui a été si populaire en France et a eu d’inombrables éditions. Voir Fontaine 2, t. ii, col. 2306.

RUBEN (hébreu : Re’ûbên; Septante : Ῥουβήν, nom d’un patriarche et d’une tribu d’Israël.

1. RUBEN, l’aîné des fils de Jacob, le premier que lui donna Lia. Gen., xxix, 32. Le nom hébreu, ראיּבֵן, Ré’ûbên, signifie proprement : « Voyez, un fils. » C’est sans doute le cri de joie que poussa sa mère en le mettant au monde. L’Écriture cependant y ajoute celui de la reconnaissance envers le Seigneur, et fait dire à Lia : Râ’âh Yehôvâh be’onyi, « Jéhova a vu mon affliction. » Le mot Re’ûbên ne serait-il point plutôt sorti de cette exclamation : רָאָה בְּעָנְיִי, Râ’âh be‘onyi, contractée en Râ’ù be‘ên ? Quelques-uns le pensent ; mais ce n’est guère probable. En dehors de l’étymologie que fournit la forme actuelle du nom, on n’aboutit qu’à des conjectures plus ou moins hasardées. Josèphe, Ant. jud., i, xix, 8, etc., appelle le patriarche Ῥουβηλος ; les versions syriaque, arabe, éthiopienne donnent de même : Rûbîl. Partant de là, on a tenté diverses explications. Pour les uns, Roubel viendrait de l’hébreu : רָאוּי בֵאֵל, Ra’ûi be’El, qui serait l’équivalent de ἔλεον τοῦ Θεοῦ, [objet de la] « miséricorde de Dieu », étymologie donnée par Josèphe, loc. cit., et conforme à la parole de Lia. Cf. J. Fürst, Hebräisches und chaldäisches Handwörterbuch, Leipzig, 1876, t. ii, p. 344. A. Dillmann, Genesis, Leipzig, 1892, préfère cette lecture et la rapproche de l’arabe ri’bâl, « lion » ou « loup. » Inutile d’aller, avec C. J. Bail, The Book of Genesis, dans la Bible polychrome de Paul Haupt, Leipzig, 1896, p. 83, jusqu’à l’égyptien Ra-uban ou l’arabe ra’ûb, aussi bien que de faire appel à l’araméen רבאל, Rabel, dont la formation n’est pas la même. Mieux vaut accepter l’origine toute simple du nom que de chercher si loin. Quant à la vraie forme du mot, il est permis de donner la préférence au texte hébreu. On invoque, il est vrai, le changement de Béthel en Beîtîn, de Jezraël en Zer’în ; mais la permutation entre n et l rend aussi plausible le passage de Re’ûbên à Roubel. — L’Écriture nous représente Ruben comme une nature ardente, passionnée, mais généreuse. Il commit un crime en souillant la couche de son père. Gen., xxxv, 22. Mais c’est à lui que Joseph dut d’échapper à la mort. Pour l’arracher aux mains de ses frères, qui voulaient le tuer, il conseilla de le jeter dans une vieille citerne sans eau, ayant l’intention de l’en retirer après et de le rendre à son père. Gen., xxxvii, 21-22. Son désespoir en ne retrouvant plus l’enfant montre à quel point il partageait son infortune et la désolation que sa perte causerait au malheureux Jacob. Gen., xxxvii, 29-30. C’est avec raison que, plus tard, en Egypte, il rappelait à ses frères et ses conseils et leur indigne conduite. Gen., xlii, 22. Sa générosité éclate encore lorsque, sur le point d’emmener Benjamin réclamé par Joseph, il offre ses propres fils en gage pour lui. Gen., xlii, 37. Ruben eut quatre fils: Hénoch, Phallu, Hesron et Charmi. Gen., xlvi, 9 ; I Par., v, 3. Au lieu de la bénédiction de son père, c’est la punition de sa faute qu’il reçut, en perdant la prééminence que lui assurait son titre d’aîné. Gen., xlix, 3-4. Voir, pour l’explication de ce passage et pour les autres endroits où se trouve le nom, ce qui est dit de la tribu, Ruben 2.

A. Legendre.

2. RUBEN, une des douze tribus d’Israël.

I. Géographie. — La tribu de Ruben occupait « au delà », c’est-à-dire à l’est « du Jourdain », Num., xxxii, 32 ; Jos., xiii, 8, le territoire situé à l’extrémité méridionale des possessions israélites de ce côté. Elle avait partagé avec Gad le royaume de Séhon, roi des Amorrhéens. Num., xxxii, 33; Jos., xiii, 8-10, 21. Voir la carte, fig. 266.

I. limites. — Ses limites sont décrites Jos., xiii, 15-23. Elles s’étendaient depuis Aroër (’Ara’îr), sur le bord du torrent d’Arnon, au sud, jusqu’à Hésébon (Hesbân) au nord. Il est probable, en effet, qu’au lieu de lire, ꝟ. 16-17, avec la Vulgate : « Toute la plaine qui conduit à Médaba et Hésébon… » (hébreu : vekol-ham-mîšôr ’al Mêdbâ’ Ḥéšbôn…), il vaut mieux traduire,