Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/633

Cette page n’a pas encore été corrigée
1237
1238
ROUTES — ROYAUME DE DIEU


sixième mille avant Gérasa, trois colonnes, dont deux portent des inscriptions. Cf. Revue biblique, 1899, p. 31-33.

4. De Gérasa à Philadelphie {’Amman). — On a retrouvé sur cette voie des bornes milliaires représentant les VIIe, VIIIe et IXe milles. ; Des fragments ^d’inscriptions rappellent les noms de Marc-Aurèle et L. Verus que nous avons déjà rencontrés. Cf. Revue biblique,

1895, p. 392-393 ; 1899, p. 35-37. Cette voie rejoignait avant Yadjûz celle qui, de Philadelphie, allait vers le nord. On a découvert sur cette dernière un certain nombre de colonnes marquant les IIIe, IVe, Ve, VIe, ’VIIe, VIIIe, IXe, Xe et XIe milles. Le VIIe se trouvait à Aïn Yadjûz. Plusieurs des colonnes ont des inscriptions intéressantes. Cf. Revue biblique, 1895, p. 394-398.

5. De Philadelphie vers le sud. — De ce côté, la voie reliait’Amman à Hesbân, l’ancienne Hésébon.

6. D’Hesbân au Jourdain. — Cette ancienne voie partait d’Hesbân pour aller traverser le Jourdain au Makadet Hadjlah. On y a retrouvé des groupes de milliaires avec inscriptions, marquant le Ve et le VIe milles. Cf. Revue biblique, 1893, p. 123 ; 1895, p. 398-400 ;

1896, p. 613, 615. À cette route se rattachait celle de Mâdaba au Jourdain.

7. De Mâdaba à l’Arnon et jusqu’à Pétra. Cette grande voie de communication, qui continuait celle de Gérasa-Hesbân, traversait du nord au sud la province d’Arabie. D’après les nombreuses inscriptions qu’on y a relevées, elle fut ouverte par Trajan, au commencement du second siècle, el maintes fois restaurée sous les empereurs Marc-Auréle et Vérus, Septime Sévère etc. Cf. Revue biblique, 1895. p. 624 ; 1896, p. 601-613 ;

1897, p. 574-591 ; 1898, p. 438-440.

4° Voies actuelles. — On voit comment les Romains avaient transformé les anciennes roules. Leur travail Colossal finit par disparaître, et longtemps le pays ne fut guère praticable pour les voitures. Il existe aujourd’hui plusieurs routes carrossables, dont quelques-unes en mauvais état. Elles vont : de Jaffa à Jérusalem ; de Jaffa à Khaïfa, avec embranchement sur Naplouse ; de Jaffa à Gaza ; de Jérusalem à Hébron, à Jéricho, au Jourdain et à la mer Morte, à Naplouse et au delà (en construction ) ; de Khaïfa à Djenîn, à Nazareth et à Tibériade. Les chemins de fer vont : de Jaffa à Jérusalem ; de Khaïfa à Damas par la plaine d’Esdrelon, puis Mezeirib ou Der’at à l’est du Jourdain ; de Damas dans le Hauràn, par les deux lignes de Mezeirib et de Der’at, qui s’unissent en ce dernier point, pour se prolonger vers le sud.

Bibliographie. — Rejand, Palseslina, Utrecht, 1714, t. i, p. 395-421 ; Survey of Western Palestine, Londres, 3e in-4°, 1881-1883, dans les différentes sections ; R. E. Brûnnow et A. von Domaszewski, Die Provincia Arabia, Strasbourg, 1904’, t. i, p. 15-124 ; 6. A. Smith, The historical Geography of the Holy Land, Londres, 1894, p. 149-154, 263-271, etc. ; F. Buhl, Géographie des alten Palàstina, Leipzig, 1896, p. 125-131 ; P. Thomsen, Palâstina nach dem Onomasticon des Eusebius, dans la Zeitschrift des deutschen Palàstina] Vereins, Leipzig, t. xxvi, 1903, p. 168-188, avec car^ V. Schwôbel, Die Verkehrswege und Ansiedlungen Galilâas inihrer Abhàngigkeit von den natûrlichen (Bedingungen, dans la même revue, t. xxvii, 1904, p. 57-88.

A. Legendre.

ROYAUME DE DIEU ou ROYAUME DES

CIEUX (grec : pa<rOxi « toC ©eoû ; pauiXeîaxwv oùpavùv). La conception du royaume de Dieu est spécifiquement juive et chrétienne, bien que certains de ses traits puissent se retrouver dans d’autres religions, par exemple chez les Perses. Nous allons suivre le développement de cette notion dans l’Ancien Testament, dans le judaïsme et dans le Nouveau Testament.

I. Daks l’Ancien Testament. — Ba<xi).e ; ’a signifie en

grec classique « royauté », et par dérivation « royaume », Cette même signification s’esl conservée dans les Septante qui traduisent par ce terme diflérentes « pressions du texte original : m^Do, nsibo, m^D,

tt : - t :  : nij^DD. La plupart de ces mots hébreux marquent en

premier lieu l’idée abstraite de régne, de royauté, de pouvoir royal, et secondairement seulement le royaume, soit comme territoire, soit comme société. — Ie Dans l’Ancien Testament il est plusieurs fois question de la royauté ou du règne de Jéhovah. Ps. xxii, 29 ; ciii, 19 ; cxlv, 13 ; Abdias, 21 ; Dan., iii, 54 ; Tob., xui, 1 ; Sap., vi, 4 ; x, 10. Il ne semble pas qu’on y parle jamais du royaume de Dieu au sens de ferriloire ; mais le royaume des Saints de Daniel est évidemment conçu comme une société. Dan., ii, 44 ; vii, 18. — La royauté de Dieu est déjà implicitement contenue dans le récit de la création ; en appelant les êtres à l’existence, Dieu se réserve le droit de les gouverner. Si l’homme reçoit une sorte de pouvoir royal sur les créatures, Gen., i, 26 ; ix, 1-3 ; cf. Ps. viii, 7-9, c’est parce qu’il est fait à l’image du Créateur. Dieu est roi de toute la terre, Ps. xlvii, 7 ; tous les royaumes du monde lui sont soumis, car c’est lui qui a fait le ciel et la terre. Is., xxxvii, 16. Jéhovah possède un pouvoir de judicature sur toute la terre. Gen., xviii, 25. Rien n’est soustraità sa souveraineté, et son nom doit être célébré par toute la terre. Exod., ix, 16. — La création a donc conféré à Jéhovah un droit royal sur lous les êtres, particulièrement sur les hommes, qui doivent reconnaître ce droit et se soumettre aux volontés de leur souverain. Gen., ii, 17 ; vi, 5-13. Mais les hommes frustrèrent l’attente divine ; les premiers parents se révoltèrent contre Dieu et leurs descendants méconnurent de plus en plus sa souveraineté.

— Ce que la mauvaise volonté des hommes avait détruit, la grâce allait le rétablir. Déjà au paradis terrestre Dieu avait donné à enlrevoir la victoire finale du bien sur le mal. Gen., iii, 15. Pour assurer la reconnaissance de son pouvoir, Dieu fit alliance avec les patriarches et leur postérité, Gen., xvii ; xxvi, 24 ; xxviii, 13-15. et devint ainsi à un titre spécial le souverain d’Israël. Tout en restant, de droit, le roi des autres nations, il affirma de façon particulière sa royauté sur le peuple élu. C’est lui qui veilla en Egypte sur les enfants de Jacob, qui les sauva des mains du pharaon, qui renouvela solennellement avec eux l’alliance au Sinaï et qui leur donna en partage la terre de Canaan. Les droils souverains de Jéhovah sont si bien établisque Gédéon refuse le titre de roi, car « c’est Jéhovah qui est votre maître ». Jud., viii, 23. L’institution de la royauté ne modifiera point les rapports d’Israël avec Jéhovah : le roi est le lieutenant de Dieu, choisi par lui pour combattre les guerres du Seigneur. Toute la suite des événements racontés dans la Bible, ne sera que l’histoire des vicissitudes de cette théocratie, dont le but providentiel élait de préparer l’avènement du règne de Dieu sur les hommes. — 2° En eûet, bien que ledroit royal de Jéhovah sur la création soit éternel et immuable, Ps. xciii, 2 ; xxix, 10 ; cxlv, 13, le règne n’existe de fait que dans la mesure où cette royauté est reconnue. En un sens, le règne est déjà commencé, puisque la royauté de Jéhovah est acceptée parlsraël. « Tu asétabli dansJacob le droit et la justice… Jéhovah est roi, que les peuples tremblent. » Ps. xcix, 1-4. En un autre, il est encore à venir, car les nations ne sont pas soumises à Jéhovah ; elles aussi doivent célébrer le Seigneur et reconnaître la puissance de Dieu. Ps. lxviii, 33-34 ; Ps. lxvii, 3-8. Le règne est donc aussi eschatologique, parce que dans l’avenir seul il sera établi dans toute sa splendeur, sur les Gentils aussi bien que sur les Juifs. Ce jour glorieux, les prophètes l’entrevoient et l’annoncent. « Dieu règne sûr les nations… les princes des peuples se réunissent au peuple du Dieu d’Abraham. » Ps. XL vii, 9-10.