Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/588

Cette page n’a pas encore été corrigée

1157

ROIS (IIP ET IVe LIVRES DES)

1158

buch der Einleitung in die kanon. und apokryph. Schriften des Alten Testant., 2e édit., Francfort-sur-le-Main, 1859, p. 183-187 ; P. Clair, Les livres des Rois, ia-8°, Paris, 1879, p. 126-187 ; R. Cornely, Introduetio specialis in historicos Véteris Testant, libros, in-8°, Paris, 1887, p. 288-293.

VU. LA VÉRACITÉ ET L’AUTORITÉ DIVINE DES DEUX

derniers livres des rois. — 1° Le caractère véridique et historique (te cet écrit a été attaqué sur divers points, nous l’avons vii, par les rationalistes contemporains. Ceux-ci sont néanmoins contraints de reconnaître, malgré leurs préjugés multiples, que, « dans leur ensemble, les récits sont assurément très dignes de foi. » Encyclopédie des sciences religieuses de Lichtenberger, t. xi, p. 258. Voir les aveux analogues du D r Cornill, col. 1155. Nous disons que la véracité de la narration est partout la même, et il est facile d’en donner des preuves intrinsèques et extrinsèques.

A) Preuves intrinsèques. Partout, dans nos deux livres, l’histoire est racontée de la manière la plus sérieuse, la plus objective. Nulle part on n’aperçoit les traces de la plus légère flatterie à l’égard des rois ou des autres grands personnages dont la vie est racontée : les bons rois reçoivent de légitimes éloges, mais leurs faiblesses et leurs fautes sont relevées, blâmées sévèrement ; quant aux mauvais princes, ils sont flétris avec une juste indignation. On n’aperçoit aucune de ces exagérations, de ces louanges dithyrambiques, dont les inscriptions égyptiennes et assyriennes fournissent tant d’exemples. En outre, tout, dans les narrations, est conforme à ce que nous connaissons par ailleurs de la vie orientale et des mœurs des potentats dans ces régions. C’est donc bien à tort que les néo-critiques supposent, en certains endroits, des « tendances » et de « l’idéalisation », c’est-à-dire des faussetés historiques. Par la manière dont l’auteur mentionne à tout instant ses sources, il prouve qu’il ne redoutait point le contrôle de l’histoire. Cf. F. Kaulen, Einleitung in die Bûcher A. und N. Teslam., 3e édit., p. 198-199.

B) Les preuves extrinsèques sont encore plus frappantes. Elles nous sont d’abord livrées — a) par la Bible elle-même, où d’autres récits, entièrement indépendants des deux derniers livres des Rois, permettent de faire le contrôle dont il vient d’être question. Il a été dit ci-dessus que le second livre des Paralipomènes couvre la même période que ceux des Melâkim ; or, celui qui l’a composé conserve son entière liberté, tout en utilisant les mêmes sources : les deux récits concordent admirablement. Les allusions historiques qui apparaissent fréquemment dans les livres prophétiques d’Osée, d’Amos, d’Isaïe, de Michée, de Jérémie, de Sophonie, etc., nous procurent un argument identique. « Depuis Ozias, il s’est à peine passé un fait dans Juda ou dans Israël, sans qu’un prophète ou l’autre y ait fait allusion ; et partout il règne un accord complet avec les données des livres des Rois. » Kaulen, loc.cit., p. 199. Voir aussi Eccli., xlvii, 14-xlix, 9. — 6) Les littératures étrangères et les monuments que nous ont légués les contrées bibliques nous documentent d’une façon remarquable sur le point traité. Nous avons 1° les fragments des anciens historiens, Bérose^ fcnéthon, Ménandre, etc. Josèphe, Contravpion., 1/13-34, et Ant. jud., VIII, v, 3, et xiii, 2, en appelait’déjà à leur témoignage pour défendre la véracité des livres historiques de son peuple. Cf. Eusèbe, Prsep. evang., x, 142, t. xxi, col. 680-1764 ; Rawlinson, Bampton Lectures, 2e édit., 1860, p. 89-92. Nous possédons aussi les inscriptions égyptiennes, spécialement celles de Schéschonq I er, le Sésac de la Bible, III Reg., xi, 40, etxiv, 25, gravées sur les murs du temple de Karnak, qui confirme ce que raconte le IIIe livre des Rois de la campagne de ce prince en Palestine. "Voir Sésac. Cf. Blau, Sisaqs Zug gegen Juda, dans la Zeitschrift derdeutschen

morgenlândischen Gesellschaft, 1861, p. 293-250 ; The expédition of Pharao Shishak against Palestine, dans les Actes du viip congrès international des Orientalistes, IV « partie, in-8°, Leyde, 1892, p. 193-199 ; F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., Paris, 1896, t. iii, p. 407-427. - c) La célèbre inscription de Mésa, roi de Moab, complète ce que nous dit la Bible au sujet de ce monarque. Cf. IV Reg., iii, 4-27 ; C. D. Ginsburg, The Moabite stone, in-4°, Londres, 1871 ; V. Testa, L’iscrizione di Mesa illustratae commentata, in-8°, Turin, 1875 ; H. Winckler, Keilinschriftliches Textbuch zum Alt. Testant., in-8°, 1892, p. 100-105 ; F. Vigouroux, loc. cit., p. 464-474. — d)Ce sont les monuments assyriens et les inscriptions cunéiformes qui fournissent les renseignements les plus complets et les plus intéressants. « Après avoir été ensevelis, pendant de longs siècles, sous les ruines et les décombres amoncelés sur les bords du Tigre, ces pages monumentales, gravées sur la pierre ou écrites sur l’argile, ont enfin reparu à la lumière du jour…, et les savants contemporains y ont lii, avec un étonnement mêlé d’admiration, non seulement les noms des fiers monarques de-Ninive, mais aussi des noms qu’on ne s’attendait point à trouver en dehors de la Sainte Écriture, ceux de six rois d’Israël : Amri, Achab, Jéhu, Manahem, Phacée, Osée, et de quatre rois de Juda : Azarias ou Ozias, Achaz, Ézéchias et Manassé, sans parler des noms géographiques. C’est ainsi que les ennemis mêmes du peuple de Dieu sont venus confirmer l’authenticité et la véracité des annales sacrées. » F, Vigouroux, loc. cit., p. 430. Voir sur ce sujet

E. Schrader, Die Keilinschviften und das Alte Testament, in-8°, Giessen, 1872, p. 87-233 ; 3° édit. en 1905 ;

F. Kaulen, Assyrien und Babylonien nach den neuesten Enldeckungen, in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 3e édit., 1885, p. 203-225 ; Sayce, Alte Denkmâler im Lichte neuer Forschungen, Leipzig, 1886 ; et surtout F. Vigouroux, op. cit., t. iii, 253-642, t. iv, p. 1-154.

2. L’autorité divine de III et IV Reg. — Ces deux livres, qui ont toujours fait partie du canon biblique chez les Juifs et chez les chrétiens, sont par là-même inspirés et divins. Jésus-Christ et ses Apôtres leur ont emprunté des citations et allusions relativement nombreuses, montrant ainsi la haute estime qu’ils avaient pour eux, et l’autorité supérieure qu’ils leur reconnaissaient. Notre-Seigneur mentionne la richesse des vêtements de Salomon, Matth., vi, 29, cf. III Reg., x, 25 ; la visite de la reine de Saba, Matth., xii, 42, cf. III Reg., x, 1-10 ; la sécheresse au temps d’Élie, la manière dont le prophète secourut la veuve de Sarepla et la guérison du Syrien Naaman par Elisée, Luc., iv, 25-27, cf. III Reg., xvii, 1-16, et IV Reg., v, 1-19. Saint Etienne rappelle dans son discours, Act., vii, 46-48, le désir exprimé par David de construire un temple à Jéhovah et la réalisation de ce souhait par Salomon. Cf. III Reg., vi, 1-38. Dans l’Épitre aux Romains, xi, 24, saint Paul cite III Reg., xix, 10, comme parole de l’Écriture ; dans l’Épitre aux Hébreux, xi, 35, il fait allusion aux résurrections opérées par Élie et Elisée. Cf. III Reg., xvii, 17-24 ; IV Reg., iv, 18-38. Saint Jacques, v, 17-18, signale l’exemple d’Élie comme une preuve de l’efficacité de la prière. Cf. III Reg., xvii, 1. L’Apocalypse, ii, 10, nomme deux fois l’infâme Jézabel.

VIII. CHRONOLOGIE DES DEUX DERNIERS LIVRES DES

rois. — 1° Fréquente mention des dates. — Ainsi qu’il a été dit plus haut, l’auteur note très soigneusement les données chronologiques. Il fait passer sous nos yeux non seulement la durée dés divers règnes, mais aussi le synchronisme des rois d’Israël et de Juda, et les dates des principaux événements. Cf. III Reg., n, 11 ; vt, i, 37, 38 ; vii, 1 ; viii, 2, 65 ; IX, 10 ; xi, 42 ; xiv, 20, 25 ; xv, 1, 9, 25, 33 ; xvi, 8, 10, 15, 23, 29 ;