Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/581

Cette page n’a pas encore été corrigée

-1143

ROIS (LIVRES DES). I ET II SAMUEL

1144

de la période embrassée par l’ensemble delà narration, de l’autre, l’époque précise des événements les plus importants. Les deux premiers livres des Rois sont extrêmement sobres en fait de dates ; aucun livre historique de l’Ancien Testament ne l’est davantage. Il en cite quelques-unes aux passages suivants : I Reg., i, 20, 23 ; ii, 19 ; vi, 1 ; x, 27° (Septante) ; xxvh, 7, cf. xxix, 3 ; lIReg., xiii, 37 ; xiv, 28. Mais elles -sont trop vagues parfois, ou trop incomplètes, pour une chronologie. Cependant, I Reg., iv, 18, nous apprenons que le grand prêtre Héli exerça la judicature pendant 40 ans (20 années seulement d’après les LXX), et, II Reg., v, 4-7, que David régna à Hébron durant 7 ans et demi, à Jérusalem pendant 33 ans, ce qui fait 40 ans en chiures ronds. Mais nous ignorons combien de temps Samuel et ses fils gouvernèrent Israël ; de plus, bien que la période de 40 années assignée par saint ctienne au règne de Saûl, Act., xiii, 31, cf. Josèphe, Ant. jud., VI, xiv, 9, soit très claire par elle-même, elle n’est pas néanmoins sans obscurité, car il n’est pas dit -si les deux années d’Isboseth, Il Reg., ii, 10 —sept ans et demi selon d’autres, cf. II Reg., ii, 11 — sont comprises dan s ce chiffre, ou si elles doivent être calculées à _part. Cependant, on compte d’ordinaire environ 130 ou 150 ans pour la durée totale des faits racontés dans les deux livres de Samuel. Voir Chronologie, t. ii, col. 738 ; von Hummelauer, Comment, in libros Samuel, p. 2526. L’an 1000 avant Jésus-Christ coïncida approximativement avec le règne de David.

VIII. TEXTE HÉBREU ET VERSIONS PRINCIPALES. —

.1. Le texte hébreu de la Massore, reproduit dans les Bibles ordinaires, est très imparfait et a subi des altérations évidentes. Tous les critiques sont d’accord sur ce point. Voir Kuenen, , Gesammelte Abhandlungen zur biblischen Wissenschaft, in-8°, p, 82-134. Par exemple, I Reg., vi, 18, au lieu des mots’ad’abel hag-gedôlâh, qui ne donnent aucun sens (Vulgate, ad Abel Magnum), il faut lire : .’êd’ébén hag-gedôlâh, « la grande pierre est témoin ». t Reg., vi, 19, au lieu de « 50000 hommes, 70 hommes », lisez : « 70 hommes ». I Reg., viii, 16, au lieu de bahurêkém, « vos jeunes gens d’élite » (Vulgate, juvenes optimos), il faudrait : biqerêkem, « vos bœufs ».IReg., xii, 11, la leçon Bedan (Vulgate, Badân) est une faute évidente pour Baraq, cf. Jud., IV, 6, ou pour Abdon, cf. Jud., xii, 17. 1 Reg., xiv, 18, au lieu de « Fais approcher l’arche de Dieu », il faut lire : « l’éphod de Dieu ». II Reg., xv, , 7, la vraie leçon est 40| au lieu de 4, etc. Voir F. Kaulen, Einle14ung in die heil. Schriften des Alten uni Neuen Testant. , 3e édit., p. 192-193.

2. La traduction des Septante a eu pour base un texte hébreu qui diffère très souvent, et parfois d’une manière notable, de celui de la Massore. En divers endroits, elle mérite certainement les préférences de l’exégète et sert à corriger les imperfections de l’hébreu actuel. Mais on est trop porté de nos jours à exagérer ses avantages. Elle aussi, elle présente des fautes nombreuses, des transpositions et des suppressions arbitraires, de sorte qu’il est nécessaire de prendre de grandes précautions à son sujet. Elle a d’ailleurs -été remaniée à plusieurs reprises d’après le texte massorétique. Fréquemment, un seul et même passage a reçu une double traduction. Cf. I Reg., ii, 24 ; v, 4, 6 ; vi, 8 ; x, 1, 21 ; xii, 4 ; xiii, 15 ; xv, 3 ; xx, 9 ; xxi, 13 , (14) ; II Reg., v, 14-16 ; xii, 3, 4 ; xv, 20 ; xvïn, 17 ; xix, 18 (19). Du reste, les manuscrits des Septante ne contiennent pas un texte identique ; le Codex Vaticanus (B) e.st regardé comme le meilleur de. tous, en ce qui concerne les livres de Samuel. C’est celui qui est imprimé dans l’édition’de H. B. Swete, , TAe Old Testament in Greek according to the Septuagint, in-12, t. i, -Cambridge, 1887, p. 545-668. La recension de Lucien .peut rendre de grands services pour la critique du texte.

Sur ces divers points, voir Lôhr, Die Bûcher Samuels, p. lxxx-ciii ; Nowack, Die Bûclier Samuelis, p. îx-x. — Pour les deux premiers livres des Rois, il n’existe que de simples fragments des traductions grecques d’Aquila, de Symmaque et de Théodotion.Cf. Field, Hexaplorum Origenis quse supersunt, in-8°, Londres, 1875, 1. 1. Il en est de même de la Vêtus latina, faite d’après les Septante. Cf. Sabatier, Bibliorum Særorum latinse versionis anliquse, 1743 ; Vercellone, Variée lectiones Vulgalx latinse Bibliorum editionis, Rome, 1864, t. h. — Quant à la Vulgate, elle a été traduite directement et fidèlement sur l’hébreu, et elle a conquis l’estime de la plupart des critiques. Voir W. Nowack, Die Bedeutung des Hieronymus fur die Textkritik des Alten Testam., in-8°, Gœttingue, 1875. Il n’est pas sans intérêt de noter que saint Jérôme commença par nos deux livres sa traduction sur l’hébreu. Malheureusement elle a conservé mainte addition de Vllala ; dans ce cas, elle diffère du texte original et correspond au grec des Septante. Cf. I Reg., iv, 1 ; v, 6, 9 ; viii, 18 ; x, 1 ; xi, 1 ; xiii, 15 ; xiv, 22, 41 ; xv, 3, 12, 13 ; xvii, 36 ; xxi, ll ; xxx, 15 ; II Reg., i, 26 ; v, 23 ; x, 19 ; xiii, 21, 27 ; xiv, 30. Voir Vercellone, op. cit., t. ii, p. ix. Il lui arrive aussi de donner une double traduction du même texte. Cf. I Reg., ix, 25 ; xx, 15 ; xxi, 7 ; xxiii, 13, 14 ; II Reg., ii, 18 ; iv, 5 ; vi, 12 ; xv, 18, 20. — Il n’y a pas beaucoup de profit à tirer de la traduction syriaque pour la critique textuelle des livres de Samuel ; on peut utiliser avec plus de fruit le Targum, qui, tout en demeurant d’ordinaire conforme à l’hébreu massorétique, s’en écarte assez souvent aussi., ’rx. bibliographie. —1° Pour la critique du texte et les origines du livre : C. A. Graf, Delibrorum Sapiuelis et Regum compositione, scriptoriOus etfide historica, in-8°, Strasbourg, 1842 ; F. BoUcher, Neue exegelischkritische Aehrenlese zuni Alten Testamente, in-8°, t. i, Leipzig, 1863, p. 83-208 ; J. Wellhausen, Der Text der Bûcher Samuelis, in-8°, Gœttingue, 1871 (c’est cet ouvrage qui a servi de guide principal à tous les néocritiques ) ; du même auteur, Einleitung in das Alte Testam. de Bleek, 4e édit., in-8°, 1878, p. 181-267 ; Die Composition des Hexateuchs und der historischen Bûcher des Alt. Testam., in-8°, Berlin, 1878 ; 3e édit. en 1899, p. 238-266 ; Prolegomena zur Geschichte Isræls, in-8 « , Berlin, 1883, 5e édit. en 1899, p. 247-275 ; E. Reuss, dans l’ouvrage cité plus bas, p. 85-148 ; C. H. Cornill, dans la Zeitschrift fur kirchliche Wissenschaft und kirchl. Leben, 1885, p. 113-141, dans les Kœnigsberger Studien, 1. 1, 1888, p. 25-59, et dans la Zeitschrift fur alttestamentliche Wissenschaft, 1890, p. 96-109 ; C. Bruston, Les deux Jéhovistes dans les livres de Samuel, dans la Revue (protestante) de théologie et de philosophie, 1885, p. 511-528, 602-637 ;

A. Kuenen, Historisch-critisch Onderzoek naar het ontstaan en de verzameling van de boeken des Ouden Verbonds, in-8°, 2° éd., Leide, 1887, I « part., p. 368-392 ; K. Budde, dans la Zeitchrift fur alttestamentl. Wissenschaft, 1888, p. 231-245 ; du même auteur, TheBooks of Samuel, dans Haupt, Critical édition of the sacred Books of the Old Testam., in-4°, Leipzig, 1894 ;

B. Stade, Geschichte des Volkes Israël, in-8, Berlin, 1887, t. i, p. 197-292 ; S. R. Driver, Notes on the hebrew Text of the Books of Samuel, in-8°, Londres, 1890 ; R. Kittel, dans les Studien und Kritiken, 1892, p. 4471 ; du même auteur, Geschichte der Hébrâer, in-8°, Leipzig, 1892, t. ii, p. 22-50 ; F. Montet, La composition de l’Rexateuque, des Juges, de Samuel et des Rois, Étude de critique biblique, broch. in-8°, Lyon, 1894 ; A. Mez, .Die Bibel des Josephus untersucht, in-8°, Bâle, 1895 ; NPeters, Beitrâgèzur Textund Literaturkritik der Bûcher Samuelis, in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1899. Ce dernier ouvrage seul a été composé par un auteur catholique.