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ROI


signifie la même chose, est attribué au roi de Babylone, Dan., ii, 4, et à celai des Perses. I Esd., vii, 12. Le roi d’Assyrie prend le titre de ham-mélék hag-gâdôl, « le grand roi ». Is., xxxvi, 4. En assyrien, le titre de sarru est supérieur à celui demalku. Les princes babyloniens le prennent, comme on le voit dans le protocole du roi Hammourabi, et même se nomment sarsarrânu ou sarru rabû, titres qui correspondent aux titres hébreux de « roi des rois » ou de « grand roi ».

— 4° Il était naturel que le titre de roi fut attribué à Jéhovah par les écrivains sacrés. Ps. v, 3 ; xliv (xliii), 5 ; i, xviii(lxvii), 25 ; lxxiv (lxxiii), 42 ; lxxxiv (lxxxiii), 4 ; Is ; vi, 5 ; xxxiii, 22 ; xliii, 15 ; Jer., xlviii, 15 ; Zach., xiv, 9. Cf. Lagrange, Etudes sur les religions sémitiques, Paris, 1905, p. 99-109. Dieu est le « grand roi », Ps. xlviii (xlvii), 3 ; Matth, , v, 35, le « roi des rois », I Tim., vi, 15 ; Apoc, xix, 16, le « roi de gloire », Ps. xxiv (xxm), 7-10, le « roi de Jacob », Is., xli, 21, le « roi d’Israël », Deut., xxxiii, 5 ; Is., xliv, 6, le « roi immortel des siècles », I Tim., i, 17, etc. — 5° Le nom de roi est aussi donné quelquefois aux idoles. Am., v, 26 ; Soph., i, 5. Job, xviii, 14, appelle poétiquement la mort le « roi des épouvantements ». — Pour ce qui concerne les rois des différents peuples autres que les Hébreux, voir les articles consacrés à ces rois et à ces peuples. II. Origine de la royauté en Israël. — 1° La prévision de Moïse. — Les nomades n’avaient pas de rois, mais seulement des chefs de tribus ou de familles. Les populations sédentaires étaient, au contraire, ordinairement gouvernées par des rois. Les anciens patriarches s’étaient souvent trouvés en contact avec les rois des districts qu’ils traversaient, et les Hébreux eux-mêmes avaient vécu longtemps en Egypte, sous le régime des pharaons. Ils ne pouvaient songera se donner un roi immédiatement après leur départ de la terre de servitude. Mais le désir d’en mettre un à leur tête ne pouvait manquer de leur venir un jour, quand ils seraient établis en Chanaan. Il était donc tout naturel que Moïse prévît cette éventualité dans sa législation. C’est ce qu’il fit. Deut., xvii, 14-20. D’ailleurs, l’idée de royauté israélite avait déjà été évoquée bien antérieurement, quand Dieu avait prédit à Abraham que de Sara sortiraient « des rois de peuples », Gen., xvii, 16, quand Jacob avait parlé du « sceptre » et du « bâton de commandement » de Juda, Gen., xlix, 10, et que Balaam avait entrevu le sceptre s’élevant d’Israël. Num., xxv, 17. Dans un autre passage, le Deutéronome, xxxviii, 36, fait encore mention du roi que le peuple hébreu aura mis à sa tête. Il n’y a donc pas de raison sérieuse pour attribuer à une époque contemporaine des rois ce que Moïse dit de la royauté future. Il n’impose pas cette institution ; il prévoit seulement qu’un temps viendra où, à l’exemple des peuples de leur entourage, les Hébreux voudront avoir un roi. Il formule donc quelques prescriptions à cet égard. La première concerne le peuple lui-même : il ne pourra se donner pour roi un étranger, mais il prendra un de ses frères, celui que Jéhovah aura choisi. Ainsi sera écarté le péril d’un prince qui entraînerait Israël hors de sa vocation. Trois autres prescriptions regardent le roi lui-même. — 1. Qu’il n’ait pas un grand nombre de chevaux et ainsi n’ait pas l’idée de ramener le peuple en Egypte pour en avoir beaucoup. Cet article n’a pu être libellé qu’à une époque où le peuple tournait encore avec regret ses regards du côté de l’Egypte, comme il fit plusieurs fois au désert. Exod., xiv, 11, 12 ; xvi, 3 ; Num., xi, 5 ; xiv, 3, etc. Pareil regret ne revint jamais aux Hébreux quand ils furent installés en Chanaan. Les chevaux n’étaientguère employés alors que pour /a guerre. En prohiber la multiplication, c’était donc interdire aux futurs rois les expéditions lointaines et les guerres de conquêtes. La Palestine était un pays accidenté et facile à défendre sans le secours des chars. III Reg., xx, 23, 28.

Les rois devaient se contenter d’y maintenir et d’y défendre leur peuple. — 2. Que le roi se garde de multiplier à son usage les femmes, l’argent et l’or. Il ne fallait pas qu’il imitât, sous ce rapport, les excès des princes orientaux, que l’abus des plaisirs rend incapables de bien gouverner. — 3. Le roi copiera le livre de la loi, le méditera assidûment et conformera sa vie aux préceptes divins. Le gouvernement d’Israël ne doit pas cesser d’être une théocratie, et la loi de Jéhovah servira au roi de règle inviolable. — Les prescriptions de Moïse ne portent que sur des points fondamentaux, mais très généraux. Si çepassagedu Deutéronome avait été ajouté à l’époque des rois, on y trouverait certainement beaucoup plus de détails, tels, par exemple, que ceux qui se lisent dans le discours de Samuel sur la royauté. I Reg., viii, 11-17.

2° L’établissement de la royauté.— 1. Pendant trois siècles et demi (de 1453 à 1095), les Hébreux se passèrent de rois. La remarque en est faite à plusieurs reprises dans l’histoiredes Juges, xvii, 6 ; xviii, 1 ; xxi, 24, pour bien montrer que les sauveurs que Dieu suscitait périodiquement au milieu de son peuple n’avaient qu’une mission temporaire ou locale et ne ressemblaient pas aux rois des villes ou des nations environnantes. A cette époque, chacun r aisait ce qui lui semblait bon et personne ne commandait. — 2. Samuel exerça un pouvoir plus régulier et plus durable. I Reg., vii, 15-17. Mais ce pouvoir n’avait pas de caractère militaire, comme il eût été nécessaire pour tenir constamment les ennemis à distance et centraliser contre eux les efforts des tribus. De plus, Samuel devenait vieux et la conduite de ses fils n’était rien moins que recommandable. I Reg., viii, 3-4. C’est alors que le peuple demanda à avoir un roi « comme toutes les nations ». Cf. Deut., xvii, 14. Celte requête déplut à Samuel, probablement pour des raisons qui le touchaient personnellement, comme le donne à supposer la parole de Jéhovah : « Ce n’est pas toi qu’ils rejettent, c’est moi. » I Reg., viii, 7. Il suit de là que, bien que prévue et légitime en soi, la requête impliquait un sentiment dont Dieu avait le droit de se plaindre. Qn comptait moins sur son secours que sur le savoir-faire du roi qui serait Choisi. Ose., xiii, 10-11. Cf. Zschokke, Historia sacra, Vienne, 1888, p. 198. Avant d’accéder au désir du peuple, le prophète eut ordre de lui faire connaître les charges qui pèseraient sur lui par le fait de la royauté. Le peuple aura à fournir au roi des soldats, des serviteurs, des cultivateurs, des ouvriers, des parfumeuses, des cuisinières, des boulangères, puis des terres, des dîmes, des troupeaux, sans compter tout ce que le roi prendra de force. I Reg., viii, 11-18. Telles étaient les charges que les rois voisins imposaient à leurs sujets : telles sont celles que les meilleurs rois, David, par exemple, ne pourront se dispenser de faire peser sur leur peuple. Les Israélites ne s’émurent pas des prédictions de Samuel. Ils persistèrent dans le désir d’avoir un roi pour les gouverner, les conduire à la guerre et mettre ainsi leur nation au même niveau social que les nations d’alentour. Jéhovah ordonna à Samuel d’accéder au désir du peuple. Si, malgré sa répugnance, le prophète n’avait pas tout d’abord opposé un refus formel à la demande des Israélites, c’est vraisemblablement parce que les dispositions, éventuelles réglées par Moïse lui étaient connues. — 2. Ces dispositions supposaient un roi choisi par Jéhovah. Deut., xvii, 15. L’élection du premier roi fut conforme à la prescription mosaïque. Dieu lui-même indiqua Saùl à Samuel, I Reg., ix, 16 ; il prit soin ensuite que le sort désignât publiquement celui qu’il avait choisi. I Reg., x, 20-24. Sans doute, Dieu n’entendait pas désigner ainsi chacun de ceux qui régneraient sur son peuple. H se contentait de choisir le chef de la dynastie qui devait fournir les rois. C’est pourquoi, après le rejet de Saûl, il intervint