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REFRAIN — REFUGE (VILLES DE)

S. Athanase, Apologia de fuga sua, 24, t. xxv, col. 675 ; sont un emprunt à la traduction des Septante, Job, xiv, 13, etta xaXéaetç, éy’5 8s <rot Ù7raxou<rou.ai.

2° Le refrain primitif est une acclamation, teru’âh, Ps. xxxiii (xxxii)3 ; lxxxjx, (cxxxviii) 16 ; Num., xxiii, 21 ; II Sam. (Reg.) vi, 5 ; I Esd., iii, 11, souvent prise en dehors du texte, comme « Amen », Deut. xxv, 15-26. Voir Amen, t. i, col., 475, ou « Alléluia », qui est encore dans le Psautier hébreu placé comme une « antienne » ajoutée aux Psaumes. Voir Alléluia, t. i, col. 369 ; ou bien cette réplique appartient au textelui-même. Nous en avons plusieurs exemples. Au Psaume cxxxvi (cxxxv), chaque verset comporte la réponse kî le’ôldm hasdô, laquelle est indiquée aussi aux Psaumes cvi (cy), et cyn (cvi) ; et il semble que cette même formule de refrain s’employait dans toutes les circonstances solennelles : I Esd. iii, 11 : « ils répondront wi, en louant et en célébrant le Seigneur, parce que sa miséricorde est éternelle. » Voir I P » t., xvi, 41 ; II Par., v, 13 ; vii, 6 ; xx, 21. Le cantique des trois jeunes hommes a pour retrain après chaque verset : « Loué, glorifié et exalté dans les siècles. » Dan., iii, 52-57 ; puis : « Louez-le et exaltez-le dans les siècles », 57-88. Ailleurs le refrain est la reprise des premiers vers. Cf. Exod. xv, 20 avec xv, 1. Voir aussi Ps. viii, 1, et 10. Telle est l’ancienne forme orientale du chant à refrain ou chant alterné. Mais l’alternance eut lieu aussi en suivant sans répétition la psalmodie ou l’hymne, chanté à deux chœurs. Socrate, H. E., vi, 8, t. lxvii, col. 689 ; Barhébræus, Chronic. ecclesiast., ii, 11, édit. Abeloos-Lamy, Paris, 1864, t. ii, p. 33-34. Les traditions artistiques de la Grèce attribuaient du reste aux chants alternés une antiquité immémoriale, lliad., i, 604. Mais le plushaul exemple de chant alterné se trouve dans Isaïe, vi, 3 : « [Les deux séraphins] criaient l’un à l’autre et disaient : « Saint, saint, saint est le Seigneur le Dieu des armées ; toute la terre est remplie de sa gloire, »

L’usage populaire du refrain devint plus tard, dans les poésies scripturaires, un procédé littéraire étudié. Au Psaume xlvi (xlv) le refrain se forme des derniers vers de la strophe :

Le Seigneur des armées est avec nous ; Le Dieu de Jacob est notre refuge.

Voir Bickell, Metrices biblicse regitlæ exemplïs illustratæ, Inspruck, 1879, p. 45. C’est aussi un refrain trois fois répété que présente le texte des Psaumes xlii xli)6, 12 ; xliii (xlii), 5.

[dedans de moi ?

Pourquoi te troubler, ô mon âme et pourquoi défaillir au Espère au Seigneur, car je le louerai encore : Il est le salut de ma face et mon Dieu.

Isaïe insère comme ua refrain, dans sa prophétie contre Israël et la Syrie, ces deux vers, répétés régulièrement après chaque strophe de douze vers :

Tous ces maux n’ont pas détourné sa colère.

Et son bras est encore levé. Ps. IX, 12, 17, 21 ; X, 4.

Le Psaume cvn (cvi) termine toutes ses strophes par un refrain de quatre vers chaque fois modifié : 8 et 9, 15 et 16, 21 et 22, 31 et 32. Cf. Ps. clxiv (cxlv), 8 et 11 ; lxxx (lxxix). Mais la transcription de ces répétitions n’est pas toujours régulière. Faut-il voir aussi un double refrain au Psaume lix (lviii). 7 et 15, 10 6, -Il a et 18 bf Quoi qu’il en soit, les. exemples cités montrent largement l’emploi du chant à refrain dans la Bible. On peut en constater encore la pratique dans le service actuel de la synagogue, où la récitation de prières rythmées, alternée entre l’officiant et le peuple, ressemble à une sorte de litanie. L’ancien usage juif passa aux chrétiens, et ce sont ces acclamations liturgiques primitives qui ont donné origine aux antiennes de notre psalmodie, lesquelles n’étaient jadis

que la réponse donnée par le peuple ou le chœur aux versets du Psaume chantonnés par le lecteur ou lechantre. . J. Parisot.

1. REFUGE (hébreu : hâsût, mahséh, mànôs, mis(ôr, mâ’ôz, mâ’ôn, misgab, oz ; Septante : xaTaçuY^ ; Vulgate : réfugiant), lieu où l’on se met à l’abri d’undanger.

1° Au sens propre. — La Palestine abonde en rochers, en vallées escarpées et en cavernes dans lesquels on pouvait se mettre en sûreté quand on était poursuivi par quelque ennemi ou menacé d’un danger. Voir Caverne, t. ii, col. 355, Les malheureux cherchaient le rocher comme refuge pendant la pluie. Job, xxiv, 8. On demandait aussi un refuge aux villes. I Mach., x, 14 ; II Mach., v, 9. Contre l’orage et la pluie, une tente pouvait servir de refuge, ànoxp’joov, absconsio. Is., iv, 6.

2° Au sens figuré. — Il n’y a point de refuge pour les méchants, .lob, xi, 20. Le juste persécuté se plaint de ne pas trouver dé refuge, tovyri, fuga. Ps. cxlh (Cxli), 5. Le refuge que les Israélites cherchent à l’ombre de l’Egypte tournera à leur confusion. Is., xxx, 3. La grêle emportera le refuge du mensonge et les eaux renverseront l’abri sur lequel on compte. Is., xxviii, 17. —Très souvent, c’est Jéhovah lui-même qui est considéré ou invoqué comme le refuge de ses serviteurs. Ps. ix, 10 ; xxxi (xxx), 3 ; xlvi (xlv), 2 ; xc (lxxxix), 1 ; xci(xc), 2, 9 ; xciv(xciii), 22 ; II Reg., xxii, 3 ; Is., xxv, 4 ; Joël, iv, 16, etc. Les différents synonymes hébreux ne sont pas toujours traduits par y.xxa ! fiyri>’*e~ fugium. Les versions se servent encore des mots (30yj61ta, « force », auxitium, « secours », . Ps. lxh (lxi), 8 ; fjoïiôdç, « fort », fortitudo, « force », Is., xxv, 4 ; adju-. tor, « aide », Ps. lxii (lxi), 9 ; lxxi (lxx), 7 ; tôttoc ôxupoç, locus munitus, « lieu fortifié », Ps. lxxi (lxx), 3 ; xpaTatMa.*, fortitudo, « forteresse », Ps. xxviii, . (xxvii), 8 ; xliii (xlii), 2 ; àv"[eXv}7rrMp, susceptor, « soutien », Ps. xviii (xvii), 3 ; xlvi (xlv), 8, 12 ; xlviii, . (xlvii), 4 ; UX (iron), 10, 18°, xci (X.C), 2 ; înwçaarcKrtifit, . protector, « protecteur ». Ps. xxviii (xxvii), 8 ; xxxvit (xxxvi), 39. Dans un même verset, Jérémie, xvi, 19, appelle le Seigneur’oz, mâ’ôz, mànôs, td/ûc, porfîzia, xaTatpuyTJ, fortitudo, robur, refugium, « . forteresse, force, refuge ».Tous ces mots expriment la même idée : en Jéhovah, le juste trouve un refuge puissant et assuré, comme celui que ménagent aux fugitifs les rochers

les plus solides.

H. Lesêtre.

2. REFUGE (VILLES DE) l’ârê miqlàt ; Septante : nt5Xei ; t<5v çuYaScuTi)p(u>v, fuyàSevTr’pia, çuyaSeîa ; Vulgate : urbes, prsesidia, auxilia fugitivorum), villes dans lesquelles s’exerçait le droit d’asile en faveur des homicides involontaires.

1° La législation. — En portant la loi contre l’homicide, Moïse avait dit au sujet du meurtrier et de sa victime : « S’il n’a pas eu cet homme en vue et que Dieu l’ait présenté à sa main, je te fixerai un lieu où ii pourra se réfugier. » Exod., xxi, 13. Quand, en effet, . un meurtre avait été commis, un propre parent de la victime avait le droit de poursuivre le meurtrier et de le mettre à mort. Voir GoEi, ^t. iii, col. 262. Mais il pouvait arriver que le meurtre^eùt été involontaire. On avait jeté quelque chose sans intention ou laissé tomber une pierre par mégarde, le fer de la hache s’était échappé du manche et avait frappé mortellement un compagnon de travail, etc. Num., xxxv, 22, 23 ; Deut., xix, 5. En pareil cas, le crime d’homicide n’existait pas, et, s’il y avait imprudence, elle n’était pas toujours gravement coupable. D’autre part, il n’eût pas été sage de laisser l’appréciation de l’acte. au vengeur du sang, qui eût souvent manqué d’impartialité. Lors donc qu’un homicide accidentel