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RÉCOMPENSE — RECONNAISSANCE


vie présente. Isaïe, le premier, annonçant le salut futur, montre le Seigneur qui vient, « et sa récompense avec lui. » Is., XL, 10 ; lxii, 11 ; cf. Apoc., xxii, 12. Dans la Sagesse, ii, 22, il est dit plus clairement que, si les méchants « n’espèrent pas de rémunération pour la justice, et ne jugent pas qu’il existe une glorieuse récompense pour les âmes justes, » cependant « les justes vivent éternellement et leur récompense est auprès du Seigneur. » Sap., v, 15-16. Cf. II Mach., xii, 45. — Notre-Seigneur insiste sur la récompense promise à ses serviteurs. Méprisés et persécutés sur la terre, ils auront une grande récompense dans les Cieux. Matth., v, 12 ; Luc, vi, 23. À ceux qui ont tout quitté pour le suivre, il promet le centuple et la vie éternelle. Matth., xix, 29 ; Marc, x, 30 ; Luc, xviii, 30. Il y a là une double récompense : le centuple, beaucoup plus qu’on n’a quitté, c’est la récompense terrestre, ^exà Stwruôv, « au milieu des persécutions », dit saint Marc, x, 30, et non cum persecutionibus, « avec des persécutions », comme traduit la Vulgate, bien qu’en un certain sens les persécutions bien' supportées puissent être considérées comme une récompense, parce qu’elles augmentent le mérite et la gloire éternelle ; celle-ci constitue la récompense de l’autre vie. Celui qui reçoit le prophète ou le juste, à raison de leur caractère, aura la récompense du prophète ou du juste, Matth., x, 41, et celui qui donne une simple coupe d’eau fraîche au nom du Sauveur, aura aussi sa récompense. Matth., x, 42 ; Marc, îx, 40. Celui qui fait du bien aux pauvres est heureux que ceux-ci ne puissent le lui rendre ; « il aura sa récompense à la résurrection des justes. » Luc, xiv, 14. Cette récompense sera le royaume préparé dès l’origine du monde pour les bénis du Père, la vie éternelle. Matth., xxv, 34, 46. — Les Apôtres aiment à rappeler aux fidèles la récompense promise, le repos après leurs travaux, Apoc, xiv, 13 ; cf. xi, 18 ; la « pleine récompense », II Joa., 8 ; l’héritage céleste, Col., iii, 24. Il faut croire que Dieu « est le rémunérateur de ceux qui le cherchent. » Heb., xi, 6. Cette récompense sera proportionnée au travail de chacun. I Cor., iii, 8. Voir Œuvre, t. iv, col. 1758. Mais, seul, l’ouvrage qui résistera au feu pourra l’obtenir. I Cor., iii, 13-15. Cette récompense est présentée sous la figure d’une couronne. Saint Paul attend la couronne de justice que lui donnera le Seigneur, le juste Juge, ainsi qu'à tous ceux qui auront aimé son avènement. II Tim., iv, 8. Celui qui supporte l'épreuve recevra la couronne de vie que Dieu a promise à ceux qui l’aiment. Jacob, i, 12. Quand paraîtra le Prince des pasteurs, ses fidèles obtiendront la couronne de gloire qui ne se flétrit jamais. I Pet., v, 4. La couronne de vie est assurée à celui qui est fidèle jusqu'à la mort et qui tient ferme ce qu’il a, de peur qu’on ne la lui ravisse. Apoc, ii,

10 ; iii, ll.

H. Lesêtre.
    1. RÉCONCILIATION##

RÉCONCILIATION (grec : xaxaXXa-n, àvTàXXavua ;

Vulgate : reconciliatio), reprise des rapports amicaux entre deux partis ennemis.

1° Entre hommes. — Des réconciliations sont mentionnées entre Ésaû et Jacob, Gen., xxxiii, 4 ; entre Joseph et ses frères, Gen., xlv, 3-5 ; entre les Benjamites et les autres tribus d’Israël, Jud., XXI, 13 ; entre David et Absalom, II Reg., xiv, 21-33 ; entre Eupator et les Juifs, II Mach., xiii, 23 ; entre Hérode et Pilate, Luc, xxiii, 12, etc. — Notre-Seigneur veut qu’on aille se réconcilier avec son frère avant de présenter son offrande à l’autel. Matth., v, 24. Lui-même, par sa mort, a renversé le mur de séparation qui se dressait entre les deux peuples, juifs et gentils, et il les a réconciliés. Eph., ii, 16. — Saint Paul décide que la femme séparée de son mari doit ou se réconcilier avec lui ou rester sans se marier. I Cor., vii, 11.

2° Entre Dieu et les hommes. — Au temps de la colère, Noé est devenu un ivT<iXXaY|JLa, « une réconciliation ». Eccli., xliv, 17. Il a rétabli les bons rapports entre Dieu et l’humanité. Le mot hébreu correspondant est tahâlif, de l’hiphil de hâlaf, comme nahâlif dans Isaïe, ix, 9. Il signifie « substitution », comme quand on remplace un arbre par un autre. Noé est en effet devenu la souche d’une nouvelle humanité. — Le Seigneur se réconcilie avec son peuple quand il cesse de le traiter sévèrement. II Mach., i, 5 ; v, 20 ; vii, 33 ; vin, 29. — La réconciliation parfaite et définitive de Dieu avec l’humanité a été opérée par la mort de Jésus-Christ. Rom., v, 10, 11 ; II Cor., v, 18 ; Col., i, 20, 22. Pour assurer les fruits de cette réconciliation, Notre-Seigneur a confié à ses Apôtres la prédication et le ministère de la réconciliation, II Cor., v, 19, c’està-dire la mission de la faire connaître et le pouvoir d’en appliquer la grâce. Il ne manque plus que le consentement de l’homme, et c’est pourquoi saint Paul supplie ses fidèles de se réconcilier avec Dieu. II Cor., v, 20. H. Lesêthe.

    1. RECONNAISSANCE##

RECONNAISSANCE (hébreu : (ôdàh, « action de grâces » ; Septante : e-j^apsori’a, aîvé<riç, È|o(j.oXdyi](j’n ;  ; Vulgate : gratiarum actio, laus, confessio), expression des sentiments de joie, d’affection et de dévouement que l’on éprouve à l'égard de celui dont on a reçu un bienfait. Le contraire de ce sentiment est l’ingratitude. Voir Ingratitude, t. iii, col. 877. La Sainte Écriture parle quelquefois de reconnaissance envers les hommes. Esth., xvi, 4 ; Sap., xviii, 2 ; Eccli., xxxvii, 12 ; 1 Mach., xiv, 25 ; II Mach., iii, 33 ; xii, 31, etc. Mais habituellelement la reconnaissance à laquelle elle fait allusion s’adresse à Dieu.

1° La reconnaissance envers Dieu s’exprime d’abord par des sacrifices. Les offrandes de Caïn et d’Abel sont un hommage rendu à Dieu à cause de sa grandeur et aussi de ses bienfaits. Gen., iv, 3, 4. L’action de grâces inspire également les sacrifices de Noé, Gen., viii, 20, et de Melchisédech. Gen., XIV, 18, 19. Dans la loi mosaïque, le sacrifice pacifique, sélém, était souvent un sacrifice d’action de grâces, Lev., iii, 1 ; vii, ii, 13, 15 ; Num., vii, 17, et il s’appelait {ôddh quand il avait pour but spécial l’expression de la reconnaissance. Lev., vii, 13, 15 ; xxii, 29 ; Ps. lvi (lv), 13. Comme le sacrifice de la croix et le sacrifice de la messe remplacèrent tous les sacrifices anciens, l’action de grâces est une des quatre fins pour lesquelles ils ont été offerts. Voir Sacrifice.

2° La reconnaissance s’exprime encore par des chants. Elle inspire les cantiques de Moïse après le passage de la mer Rouge, Exod., xv, 1-18 ; de Débora, Jud., v, 1 ; d’Anne, I Reg., ji, 1-10 ; de Tobie, xiii, 2-23 ; de Judith, xvi, 2-21 ; d'Ézéchias, Is., xxxviii, 10-20 ; des jeunes hommes dans la fournaise, Dan., iii, 52-90 ; de la Sainte Vierge, Luc, i, 46-55 ; de Zacharie, Luc, i, 6879 ; de Siméon, Luc, a, 29-32, etc. De plus, trente Psaumes ont pour objet direct la reconuaissance. Ps. (hebr.), ix, xviii, xxi, xxx, xxxiv, xl, xlvi-xlviii,

LXV, LXVII, LXVUI, LXX, LXXXV, XCVIII, C, CIII, CIV, CVII, CXI, CXVI, CXVIII, CXXIV, CXXVI, CXXXIV, CXXXVI, cxxxviii,

cxliv, cxlvi, cxlvii. Dans plusieurs âùtrésyies auteurs sacrés expriment leur reconnaissance. Ps. xxvi (xxv), 7 ; xlh (xli), 5 ; h (xlix), 14, 23 ; cvn (cvi), 22 ; cxvi (cxv), 17, etc.

3° La prière est une troisième forme d’action de grâces. Tob., ii, 14 ; xi, 7, 12. C’est ainsi que le Sauveur rend grâces à son Père. Joa., xi, 41. Saiut Paul fait de même. Act., xxviii, 15. Dans presque toutes ses Epîtres, il insère de3 formules d’actions de grâces. Rom., i, 8 ; VI, 1 ; xvi, 4 ; 1 Cor., 1, 4, k ; w, & ; "sm, 5>î -, UCoï., h, 14 ; viii, 16 ; ix, 15 ; Eph., i, 16 ; Phil., i, 3 ; Col., i, 3 ; I Thess., i, 2 ; ii, 13 ; iii, 9 ; II Thess., i, 3 ; I Tim.,