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RAZIAS — RÉBECGA


telle qu’elle avait eu lieu, ne l’a pas louée comme l’accomplissement d’un devoir. i> Voir ibid., 36-37, col. 728729. Magna hsec sunt, écrit le même saint docteur, au tribun Dulcitius, Epist., cciv, 8, t. xxxiii, col. 941, nec tamen bona.

    1. RAZON##

RAZON (hébreu : Rezôn ; Septante : 'Pe^wv, Alexandrinus : 'PaÇoJv), Syrien, fils d'Éliada. Divers savants croient que son nom est le même que celui de Rasin, poi de Damas (col. 988), mais il faut admettre alors que l’orthographe en est fautive, car la seconde consonne du nom est un zaïn, tandis qu’elle est un tsadé dans le nom de Rasin. Tout ce que nous savons de lui est résumé dans quelques mots de III Reg., xi, 23-25 ; « Dieu suscita un autre ennemi à Salomon : Razon, fils d’Eliada, qui s'était enfui de chez son maître Adadézer, roi de Soba. Il rassembla des hommes auprès de lui, et il était chef de bandes, quand David massacra les troupes de son maître. Ces hommes allèrent à Damas, ils s’y établirent 'et ils régnèrent à Damas. Il fut ennem d’Israël pendant toute la vie de Salomon. Il régna sur la Syrie. » Tout ce qu’on peut dire sur son compte en dehors de ce passage n’est qu’hypothèse. On ignore quelle était sa situation auprès d’Adadézer et comment il s’empara de Damas. Ce fut peut-être après la défaite du roi de Soba et avec les débris de ses troupes. Mais à quel moment et de quelle manière, on ne saurait le dire. Après sa victoire sur Adadézer, David avait établi une garnison à Damas. II Reg., viii, 6. Combien de temps se maintint-elle dans la ville ? Est-ce Razon qui l’en chassa ? Impossible de le savoir. Ce qui est certain, c’est que Razon et ses successeurs, appartenant sans doute à la dynastie qu’il fonda, furent les ennemis les plus acharnés et les plus irréductibles d’Israël, et que Salomon fut le premier à souffrir de cette haine profonde.

Bénadad, roi de Syrie, du temps d’Asa de Juda, est appelé, III Reg., xv, 18, « fils de Tab-Remmon, fils d’Hézion. » Plusieurs exégètes en concluent qu’il était petit-fils de Razon, qu’ils identifient avec Hézion, Cette identification est possible ; elle n’est pas prouvée. Le passage de Nicolas de Damas, rapporté par Josèphe, Ant. jud., VIII, vii, 6, qui substitue Adad à Razon, n’a aucune autorité et paraît lêtre le résultat d’une confusion occasionnée par la version des Septante mal comprise.

RÉBÉ (hébreu : Réba' ; Septante : 'Poëôx, dans les Nombres ; 'Poëi, dans Josué), un des cinq chefs madianiles qui furent tués par les Israélites, du temps de Moïse, pour se venger du mal qu’ils leur avaient fait sous l’inspiration de Balaam. Num., xxxi, 8 ; Jos., xiii, 21. Dane le premier passage, Rébé est qualifié : mélék, « roi » ; dans le second, nâsî', « prince ».

    1. RÉBECCA##

RÉBECCA (hébreu : Rïbqâh ; Septante : 'Peêéxxa), femme d’Isaac. Abraham, devenu vieux, voulut pourvoir au mariage d’Isaac. Il envoya donc son serviteur Éliézer en Mésopotamie, pour lui choisir une épouse dans son pays d’origine. Voir Éliézer, t. ii, col. 1678. Le serviteur, arrivé près de Nachor, s’arrêta auprès d’un puits, rendez-vous naturel des gens de la ville. Il vit bientôt venir une jeune fille qui offrit gracieusement à boire à lui et à ses chameaux. C'était Rébecca, fille de Bathuel, qui lui-même avait eu pour mère Melcha, femme de Nachor, le propre frère d’Abraham. Rébecca était ainsi une petite nièce de ce dernier. Éliézer donna à la jeune fille un anneau et deux bracelets d’or. Informé de ce qui s'était passé, Laban, frère de Rébecca, vint au puits et ramena chez lui Éliézer. Celui-ci raconta alors qu’il venait de la part d’Abraham, et qu’il avait demandé au Seigneur de lui faire connaître la jeune fille qui devait devenir l'épouse d’Isaac : ce serait la première

qui consentirait à donner à boire à lui et à ses chameaux. Bathuel, père de Rébecca, et Laban reconnurent qu’il y avait là une indication de la Providence. Ils accédèrent à la requête d'Éliézer, reçurent les présents qu’il leur offrit, et laissèrent Rébecca partir avec lui pour le pays de Chanaan. Isaac pleurait encore la mort récente de Sara, sa mère. Il se trouvait dans le Négéb, voir t. iv, col. 1560, aux environs d’Hébron, quand, un soir, il aperçut la caravane d'Éliézer. Le serviteur lui raconta ce qui était arrivé. Isaac conduisit Rébecca dans la.tente de Sara, l'épousa et se consola auprès d’elle de la mort de sa mère. Gen., xxiv, 1-67.

Rébecca, d’abord stérile, eut ensuite deux jumeaux, Ésaù et Jacob. Le premier, habile chasseur et homme des champs, fut le préféré d’Isaac ; l’autre, paisible et sédentaire, eut l’affection de Rébecca. Un jour, £saû vendit son droit d’aînesse à Jacob pour un plat de lentilles. Gen., xxv, 21-34. Rébecca songea alors à rendre ce droit d’aînesse effectif en faveur du fils qu’elle chérissait, d’autant plus que les femmes épousées par Ésaù lui causaient plus d’un chagrin. Un jour, le vieil Isaac demanda à son fils aîné de lui servir de sa chasse, et celui-ci partit à la recherche du gibier. Aussitôt Rébecca, qui avait entendu ce qu’avait dit Isaac, fit prendre deux chevreaux et les assaisonna suivant le goût du vieillard. Puis, avec la peau, elle couvrit le cou et les mains de Jacob, pour qu’il ressemblât à son frère qui était velu, elle le revêtit des habits de ce dernier, et elle lui commanda de porter le plat de chasse à Isaac, en se faisant passer lui-même pour Ésaû. Le vieillard avait les yeux trop obscurcis pour reconnaître son second fils ; au toucher, il le prit pour son aîné, bien que la voix qu’il entendait lui persuadât le contraire, et il lui donna la bénédiction qu’il réservait à Ésati. — Il est certain que Jacob était autorisé à réclamer la bénédiction paternelle qui consacrait le droit d’aînesse cédé par Ésaii. Mais, puisqu’il était dans les desseins de Dieu qu’il obtînt cette bénédiction, Rébecca eût dû laisser à la Providence le soin de la lui faire donner. Or, pour y parvenir, elle use de toute une série de tromperies, dont Isaac ne paraît pas être absolument dupe, puisqu’il reconnaît Jacob à sa voix, mais dont elle aurait dû se dispenser. Il est vrai qu’en Orientées sortes de procédés sont considérés bien plutôt comme des coups d’adresse que comme des fraudes. Plusieurs Pères ont excusé Rébecca. Saint Augustin a dit à ce sujet : Non est mendacium, sed mysterium. Cf. Cont. mendac, x, 23, 24 ; De mendac, v, 7, t. xl, col. 533, 491 ; De Civ. Dei, xvi, 37, t. xli, col. 515 ; S. Thomas, Sum. theol., II a IIe, q. ex, a. 3, ad 3 am. Saint Jérôme, Apol. adv. Rufin., i, 18, t. xxiii, col. 413, reconnaît le mensonge, mais l’excuse. Les modernes sont moins portés que les anciens à regarder.comme bonnes et louables toutes les actions qui sont attribuées aux personnages bibliques. D’ailleurs l’intention des écrivains sacrés n’est nullement d’approuver tout ce qu’ils racontent. Voir Jacob, t. iii, [col. 1061.

.Dieu ratifia la bénédiction accordée à Jacob, puisqu’il était dans ses desseins qu’il l’obtînt, mais celui-ci la paya cher. Devant la colère d’Jisaû, qui parlait de le tuer après la mort de son père, Rébecca résolut de l'éloigner. Elle persuada à Isaac de l’envoyer en Mésopotamie, afin de s’y marier avec l’une des filles de son oncle Laban. Jacob partit donc. Lui, qui avait trompé son père, fut joué par Laban, qui substitua Lia à Rachel sur laquelle Jacob comptait et l’obligea à un dur service pendant quatorze ans. À son retour en Chanaan, Jacob ne retrouva plus sa mère, dont il n’est plus fait mention et qui sans doute c était morte. Il est seulement raconté que Débora, nourrice de Rébecca, mourut alors et fut enterrée près de Béthel. Gen., xxxv, 8. Il est à croire que, Rébecca étant morte, Débora avait cherché à aller au-devant de Jacob. Isaac mourut ensuite à Hé-