Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/479

Cette page n’a pas encore été corrigée
939
940
RAISON — RAM


ignore la plupart des secrets de la nature. Job, xlii, 3, fait à la fin cet aveu : « J’Ai parlé sans intelligence des merveilles qui me dépassent et que j’ignore. » À plus forte raison, « l’homme faible, à la vie courte, est-il peu capable de comprendre les jugements et les lois » de Dieu. Sap., îx, 5. Pour saisir quelque chose à la conduite de la Providence, illaut à la raison le secours d’une lumière supérieure. « C’est par la foi que nous reconnaissons que le monde a été formé par la parole de Dieu, en sorte que les choses que l’on voit n’ont pas été faites de choses visibles. » Heb., XI, 3. Le passage n’infirme pas ce qui a été dit du pouvoir de la raison pour atteindre à la connaissance de Dieu et de ses perfection ? Rom., i, 20 ; il enseigne seulement que certains pioblèmes naturels, comme celui de l’origine du monde, ne peuvent être résolus par la raison seule, sans le secours de la révélation. « Celui qui veut sonder la majesté sera accablé par sa gloire, » Prov ; , xxv, 27, c’est-à-dire celui qui veut pousser trop avant dans la connaissance de Dieu verra sa raison réduite à l’impuissance, à cause de la disproportion inlinie qui existe entre le Créateur et la créature. De là ces conseils destinés à réprimer la curiosité excessive de la raison :

Ne cherche pas ce qui est trop difficile pour toi,

Ne scrute pas ce qui est plus fort que toi.

Ce qui t’est prescrit, voilà à quoi il faut penser,

Car tu n’as que faire des choses cachées.

Ne t’applique pas à ce qui te dépasse ;

Ce qu’on t’a montré va plus loin que la raison humaine.

La conjecture en a égaré beaucoup,

Une conception blâmable a dévié leurs pensées.

Eccli., iii, 20-23.

L’Ecclésiaste, i, 13-18, a reconnu par expérience que cette recherche des choses inaccessibles est « vanité et poursuite du vent. »

4° Ses devoirs. — La raison doit appeler Dieu à son aide, pour qu’il l’éclairé et l’empêche de s’égarer. Sap., -vu, 7 ; Ps. cxix (cxvin), 34, 73, 125, 144, etc. Elle doit ensuite reconnaître la souveraine sagesse de Dieu. « Quelle folie que le vase puisse dire du potier : Il n’y entend rien ! » Is., xxix, 16. Il lui faut encore se tourner du côté du bien, car « fuir le mal, voilà l’intelligence. » Job, xviii, 28.

La sagesse n’entre pas dans une âme qui médite le mal,

Et n’habite pas dans un corps esclave du péché ;

L’Esprit-Saint, qui instruit, fuit l’astuce,

II s’éloigne des pensées dépourvues d’intelligence

Et se retire de l’âme à l’approche de l’iniquité.

Sap., 1, 4-5.

La malice altère l’intelligence et le vertige de la passion pervertit un esprit sans malice. Sap., iv, 11-12. Moïse promet aux Israélites que, s’ils sont fidèles à ohserver les lois du Seigneur, les autres peuples diront d’eux : « Certes, cette grande nation est un peuple sage et intelligent ! » Deut., iv, 6. Il faut enfin que la raison fasse effort pour s’instruire et se développer elle-même par les leçons et les exemples des sages. C’est à faciliter cette formation et ce progrès que tendent des livres comme les Proverbes, i, 2-6, l’Ecclésiaste, la Sagesse et l’Ecclésiastique. Saint Paul rappelle l’obligation de ce progrès de la raison quand il écrit : « Ne soyez pas des enfants sous le rapport du jugement, mais faites-vous enfants sous le rapport de la malice ; pour le jugement, soyez des hommes faits. » I Cor., xiv, .20.

5° Ses écarts. — La Sainte Écriture stigmatise souvent la conduite des lësînf, « moqueurs », esprits frivoles qui emploient leur raison à s’éloigner de Dieu et à l’outrager. Voir Moquerie, t. iv, col. 1258. Les Israélites du temps de Moïse n’ont pas voulu comprendre la signification des merveilles opérées en leur faveur. Jéhovah ne leur a pas donné un cœur qui comprenne,

Deut., xxix, 4 ; leur raison, par leur faute, a manqué de discernement. Il a fallu dire d’eux :

C’est une nation dénuée de sens,

Et il n’y a point d’intelligence en eux. Deut., xxxil, 28. « C’est un peuple au cœur égaré, » Ps. xcv (xciv), 10, c’est-à-dire aux idées et à la conduite déraisonnables. Les méchants ne prennent point garde aux œuvres de Dieu, Ps. xxviii (xxvii), 5 ; ils cessent ainsi d’avoir l’intelligence qui les conduirait au bien. Ps. xxxyi (xxxv), 4. L’homme raisonnable, malgré sa dignité, ne veut pas comprendre et s’assimile ainsi à la bête, Ps. xlix (xlviii), 21, au cheval et au mulet qui n’ont point la raison. Ps. xxxii (xxxi), 9 ; Tob., vi, 17. — Il faut le dire surtout des idolâtres.

Insensés par nature tous les hommes qui ont ignoré Dieu, Et qui n’ont pas su, par les biens visibles, S’élever à la connaissance de Celui qui est, Ni, en voyant ses œuvres, reconnaître l’Ouvrier… D’autre part, ils ne sont pas non plus excusables ; Car, s’ils ont acquis assez de science Pour chercher à connaître les lois du monde, Comment n’en ont-ils pas connu plus aisément le Seigneur ?

Sap., xiir, 1, 8, 9.

Au jugement de Dieu, impies et idolâtres déploreront en vain le mauvais usage qu’ils auront fait de leur raison : « Nous avons donc erré, loin du chemin de la vérité ! » Sap., v, 6. Saint Paul ne condamne pas moins sévèrement ceux qui n’ont pas su se servir de leur raison pour rendre à Dieu l’hommage qui lui est dû. « Ils sont inexcusables, puisque, ayant connu Dieu, ils ne l’ont pas glorifié comme Dieu et ne lui ont pas rendu grâces ; mais ils sont devenus vains dans leurs pensées, et leur cœur, sans intelligence s’est enveloppé de ténèbres. Se vantant d’être sages, ils sont devenus fous, et ils ont échangé la majesté de Dieu incorruptible pour des images représentant l’homme corruptible, des oiseaux, des quadrupèdes et des reptiles. » Rom., i, 21-23. C’est là le pire écart de la raison, rendre à de grossières créatures les honneurs divins. Les conséquences de cette déraison sont lamentables. Ceux « qui suivent la vanité de leurs pensées ont l’intelligence obscurcie et sont éloignés de la vie de Dieu, par l’ignorance et l’aveuglement de leur cœur. Ayant perdu tout sens, ils se sont livrés aux désordres. » Eph., iv, 17-19. Cf. Tit., i, 15. — À l’enseignement apostolique, les faux docteurs ont opposé les erreurs de leur raison pervertie. « Us ne comprennent ni ce qu’ils disent, ni ce qu’ils affirment, » dit saint Paul. I Tim., i, 7. Ils ont une science qui n’en mérite pas le nom. I Tim., vi, 20. Sous des formes diverses, la raison a cherché à combattre la doctrine de Jésus-Christ. L’Apôtre s’oppose à ses prétentions : « Nous renversons les raisonnements et toute hauteur qui s’élève contre la science de Dieu, et nous assujettissons toute pensée à l’obéissance du Christ, » II Cor., x, 5. Cet assujettissement n’abaisse pas la raison, mais au contraire l’élevé et l’ennoblit, puisque le Christ est « la vraie lumière, » Joa., i, 9, et qu’en lui « sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la science. »

Col., ii, 3.

H. Lesêtre.

RAM (hébrtL : Kâm), nom de deux ou trois personnages mentionnés dans l’Ancien Testament.

1. RAM (Septante : ’Apiu, ), fils d’Hesron, ou Esron, descendant de Juda, par Phares, I Par., ii, 9, 10. Comme il n’est pas nommé dans la généalogie de Juda, Gen., xlvi, 4, on doit en conclure qu’il ne vint au monde qu’après l’établissement de la famille de Jacob en Egypte. Il est mentionné pour la première fois dans la généalogie de Booz, Ruth, iv, 19, mais la Vulgate l’appelle en cet endroit Aram, comme les Septante.