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RABBATH-AMMON


place rectangulaire, jadis entourée de colonnes corinthiennes dont douze restent debout, précède l’amphi théâtre. C’est sans doute « le cirque de Salomon » auquel fait allusion El-Muqadassi. Six mille spectateurs pouvaient s’y tenir. À l’est de la place, se trouve un petit théâtre couvert en odéon. Parmi les ornements dont est chargée la frise de l’entablement, on remarque la louve de Romulus et de Rémus. La plupart des constructions paraissent être romaines et de l’époque des premiers Césars. — Plus bas, on rencontre un moulin. En cet endroit et sur un espace d’environ trois cents mètres, la rivière était recouverte d’une voûte et une belle muraille se développait sur la rive. Un édifice carré situé non loin du voisinage d’une mosquée ruinée semble être un monument sépulcral, que l’on a cru celui d’Urie. — La colline qui formait l’acropole domine au nord toutes ces ruines. Son altitude au-dessus de la mer Méditerranée est de 818 mètres-Elle s’élève ainsi de 102 mètres au-dessus de la ville basse dont l’altitude, près du théâtre, est de 776 mètres. La ville haute, appelée el-Qal’ah, « la citadelle », affecte la forme d’une équerre ou d’un L. Un fossé large et profond, coupant la croupe méridionale, limite la ville à l’orient. Le mur qui l’entourait, flanqué de quelques tours, était construit avec de gros blocs posés sans ciment, indice d’une haute antiquité. Une porte s’ouvrait au sud en face de la ville basse et une seconde à l’ouest. Dans l’intérieur, on remarque les restes d’un grand temple dont les caractères architecturaux sont ceux de l’époque des Antonins. La ville semble avoir été renversée par un tremblement de terre. Plus au nord, s’élève entière parmi les ruines une construction disposée à l’intérieur en forme de croix grecque, à voûtes ogivales, et dont les murs sont décorés de peintures orientales, comme on en voit dans un grand nombre de châteaux du désert qui est à l’orient de Moab. Pour les uns c’est une mosquée, pour d’autres un édifice de la période des Sassanides ; c’est, pensons-nous, un palais de l’époque chrétienne desGhassanides. De grandes citernes se rencontrent çà et là. — Des habitations particulières s’élevaient sur les flancs de fa colline, spécialement du côté de l’ouest. Les nombreux restes de constructions épars sur la colline qui fait face à la citadelle et sur les autres des alentours, semblent indiquer des villas dispersées dans les vignes et les jardins. Lesflancs des vallées dont Amman est entourée recèlent de nombreux tombeaux : les uns avec sarcophages appartiennent aux temps gréco-romains, les autres offrent des dispositions et un travail identique aux sépultures hébraïques de la Judée. Parmi ces sépulcres l’un d’eux, situé vers l’est, et qui se fait remarquer par les proportions plus qu’ordinaires de sa couche funèbre, a été pris par des voyageurs pour « le lit » du roi Og, auquel l’Écriture fait allusion. Deut., iii, ll.

IV. Histoire. — Les admirables conditions dans lesquelles se trouve le site de Amman, n’ont pu manquer d’y attirer les premiers occupants du pays qui étaient de la race des Raphaïm et étaient appelés les Zomzomrniu par les Ammonites. Deut., ii, 20. Les fils d’Ammon cependant s’y étaient établis déjà et en avaient fait leur capitale à laquelle ils avaient donné le nom de. leur père, quand les Israélites, sortis de l’Egypte, arrivèrent avec Moïse sur les confins du pays de Moab. Le roi Og paraîtrait l’avoir occupé quelque temps auparavant. Cf. lbid. et iii, 11. Deux siècles plus tard, Rabbath-Ammon, laissée par Moïse en la possession des fils de Lot, dut voir arriver les parlementaires de Jephté demandant raison de l’envahissement des terres d’Israël par les Ammonites. Jud., xi, 12-28. Les députés de David, venus pour présenter les condoléances du roi d’Israël au roi Hanon à propos de la mort de son père, y furent ignominieusement accueil lis. C’est pour venger cette injure que Joab, avecl’armée de David, vint l’assiéger l’année suivante. Maître de la ville basse, « la ville des eaux, » et sur le point de s’emparer de la ville haute, Joab appela David pour assister à l’assaut. Urie était mort pendant le siège, tué sous les murs, dans une sortie des assiégés prévue parle général israélite. D’immenses richesses étaient accumulées dans la ville royale, David s’en, empara et réserva la couronne du roi, du poids ou de la valeur d’un talent d’or, et chargée de pierres précieuses, pour son propre usage. II Reg., x, xi, xii, 2631 ; I Par., xx, 1-3. Rabbath devint un simple chef-lieu d’une province de l’empire de David, jusqu’après le schisme d’Israël. Au temps de Jérémie, Rabbath avait recouvré son indépendance. Le prophète reprocha à son peuple ses empiétements et lui annonça des châtiments célestes. Jér., xlix, 1-6. Ezéchiel le menace du glaive du roi de Babylone. Celui-ci consultera lesorl pour savoir s’il doit porter l’épée contre Rabbathr Ammon d’abord ou contre Jérusalem. Pour n’être paschoisie la première, Rabbath n’échappera cependant pas à l’épée. Ezech., xxi, 19-22, 28-29. Les fils d’Ammon. ont applaudi avec fureur aux malheurs d’Israël et de Juda et à la profanation du sanctuaire du Seigneur, pour cela Rabbath sera livrée aux Benê-Qédém, c’est-à-dire aux Arabes, et deviendra la demeure de leurschameaux. Ezech., xxv, 1-7. En effet, la cinquième annéeaprès la destruction de Jérusalem, raconte l’historien. Josèphe, NabachodoRosor marcha contre Ammon et Moab et les réduisit en sa puissance. Josèphe, Ant. }ud, r X, IX, 7. Ainsi, Rabbath perdait son indépendance pourtoujours. De la domination des Assyriens et des Chaldéens elle passa sous celle des Perses, et des mainsdes Perses aux mains des Crées, des Romains et des^ Arabes.

C’est sans doute la présence d’une colonie grecque installée à Rabbath aussitôt après la conquête de la. Transjordane (332), qui porta Ptofémée II Philadelphe (258-247) à agrandir et à embellir la ville qui » fut alors appelée de son nom. Etienne de Byzance, Ethniques, au mot « ÊtXaSeXç/a. — Rabbath-Ammon-Philadelphie apparaît, avec son général d’armée, Timothée, comme l’adversaire le plus implacable des Juifs, pendant la guerre soutenue par ceux-ci contre l’hellénisme. Cf. I Mach., v ; II Mach., vm-x, xii ; Ant. jud., Xll, viii, 3-4. L’assassin de Simon Machabée, de sa femme et de ses fils, vint lui demander un refuge pour échapper aux vengeances de Jean Hyrcan, Ant. jud., X.111, viii, 1 ; Bell, jud., i, ii, 4. Elle fut une des villes qui s’unirent, quand Pompée et les Romains se furent emparés de là Syrie (63), pour former la petite confédération hellénique de la Décapole. Pline, H. N., v, 18. Cf. Décapole, t. ii, col. 1333. Cependant à côté de l’élément grec s’en développait un autre mêlé à la population aborigène d’Ammon qui devait bientôt absorber ce dernier et le supplanter, en attendant qu’il restât seul maître de la ville : c’était l’élé-, ment arabe. Il devait être assez nombreux déjà, dès lespremiers temps de l’occupation macédonienne, pourque Polybe, faisant allusion à cette époque, appelât, , loc. cit., Rabathamana une « ville d’Arabie ». Arétas, . roi des Arabes, qui avait pris parti pour Hyrcan II, . contre son frère Aristobule, menacé par Scaurus, , lieutenant de Pompée, acheté par celui-ci, se réfugia à. Philadelphie comme dans une ville qui lui appartenait. Bell, jud., i, vi, 3. Hérode, chargé par Antoine de réduire les Arabes à l’est du Jourdain, vint avec les Juifs, mettre le siège devant Philadelphie (31), où se trouvait le roi des Arabes. Repousses dans plusieurs sorties, , dans lesquelles plus de douze mille hommes avaient péri et quatre mille avaient été faits prisonniers, les-Arabes rendirent la ville et recomiurent le roi da, Judée pour patron (npaazixr^) de leur nation. BelL