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PUSEY — PUSTULES


    1. PUSEY##

PUSEY (Edward Bouverie), né à Pusey (Berkshire le 22 août 1800, mort à Ascot Priory (Berkshire) le 14 septembre 1882. Il prit ses degrés à Oxford, au Collège Oriel dont il fit bientôt partie en qualité d’agrégé. C’est alors que commença entre lui, Keble et Newman cette intimité faite de profond respect et d’affection qui, quoique sous une forme moins communicalive, survécut à la conversion de Newman. De 1825 à 1827, il étudia dans différentes universités d’Allemagne, surtout le syriaque et l’arabe. Quand il revint en Angleterre, il emportait la conviction attristée que le protestantisme allemand tendait et devait fatalement aboutir au rationalisme, conviction qui le détermina, par réaction sans doute, à se donner davantage à la piété et moins aux recherches exclusivement scientifiques. Suivant les termes de ses biographes anglicans, il reçut le diaconat le 1 er juin 1829, puis, au mois de novembre suivant, fut nommé par le duc de Wellington, alors Premier Ministre, tout à la fois professeur royal d’hébreu et chanoine de Christ-Church, à Oxford. L’influence considérable de Pusey dans l’Église Anglicane tient bien plus à l’autorité de sa personne qu’à ses écrits. C’est de lui que relèvent ce qu’on appelait naguère encore Ritualisme (qu’on nomme aujourd’hui plus communément Haute-Église ou même Église anglo-catholique et qui, au début, porta l’étiquette de Puséysme), et aussi la création de maisons religieuses de femmes qui se sont multipliées depuis, tant en Angleterre qu’en Amérique. Il ne semble point toutefois que la netteté de la vision intellectuelle, la rigueur de la logique, nou plus que la décision du caractère aient égalé la réelle dignité de sa vie ; aussi était-il voué à rencontrer sur sa route de multiples déconvenues, même dans l’Église anglicane, pour ne rien dire de l’échec de ses propositions d’union, en 1869 avec l’Église catholique et en 1874 et 1875 avec l’Église orthodoxe grecque. Les commentaires de Pusey sont ses ouvrages les moins célèbres. Il a publié Daniel the prophet, in-8°, Oxford, 1864, ’pour défendre l’authenticité de sa prophétie ; The Minor Prophels with Commentary, six parties, in-4°, Oxford, 1860-1877. Il avait eu l’intention de publier un Commentaire populaire de la Bible et avait trouvé pour le réaliser des collaborateurs, mais ce projet n’aboutit point. Voir H. P. Liddon, À Life of Edward Bouverie Pusey (commencée par Liddon, continuée par J. 0. Johnston, R. J. Wilson et Newbolt), 4 in-8°, Londres, 1893-1897 ; Pusey, by the author of Charles Loivder, Londres, 1900.

J. Montagne.

    1. PUSTULES##

PUSTULES (hébreu : ’âba’ebiïôf, de la racine ba’ba’, « gonfler s> ; Septante : çXuxtsSsç ; Vulgate : vesicse), petites tumeurs cutanées renfermant du pus. —’Il en est question à propos de la sixième plaie d’Egypte, qui consista dans une « inflammation produisant des pustules. » Dieu ordonna à Moïse et à Aaron de remplir leurs mains de cendre de fournaise et de la jeter vers le ciel sous les yeux du pharaon, de manière que, répandue en fine poussière sur tout le pays, elle produisît sur les hommes et sur les animaux des tumeurs bourgeonnant en pustules. C’est ce qui arriva. Les magiciens, atteints comme tous les autres, ne purent tenir en présence de Moïse. Il n’est point dit cependant que personne soit mort de cette plaie. Exod., ix, 8-11. — Il faut remarquer tout d’abord que la cendre prise dans la fournaise et répandue dans l’atmosphère n’est pas la cause de la plaie. C’est un simple symbole des principes pernicieux qui vont vicier l’air et une indication que la plaie naîtra non plus de l’eau, comme les grenouilles, Exod., "vin, 3, ni de la poussière de la terre, comme les moustiques, Exod., vnr, 16, mais de l’air même qu’on respire. La cendre joue ici le même rôle que la boue dans la guérison de l’aveugie-né. Joa., ix, 6. Quant aux pustules, elles peu vent caractériser deaffections assez diverses, qui ne sont pas nécessairement les mêmes pour les hommes et pour les animaux. D’après Josèphe, Ant. jud., Il, xiv, 4, « les corps furent atteints de terribles ulcères, pendant que la pourriture était à l’intérieur, et ainsi beaucoup d’Égyptiens périrent. » II y a là une exagération du texte sacré. Rosenmûller, In Exod., Leipzig, 1795, p. 443, voit dans les pustules l’effet de l’éléphantiasis, ce qui est peu probable. Voir ÉléphantiaSIS, t. ir, col. 1662. Les maladies éruptives n’ont jamais manqué sur les bords du Nil. Le « bouton du Nil », par exemple, est une maladie cutanée dans laquelle le derme se remplit de tubercules qui peuvent couvrir tout le corps. Cette affection, endémique sur les bords méridionaux et orientaux de la Méditerranée, ainsi que sur les rives du Tigre et de l’Euphrate, est appelée ailleurs « bouton d’Alep, clou de Biskra », etc. ; elle est identique avec le lichen tropicus, inflammation cutanée, avec éruption de petites papules, ulcérations superficielles et démangeaisons fort incommodes. Mais ces maladies mettent quatre à cinq mois à se développer et produisent ensuite des suppurations pendant cinq ou six autres mois. Cf. W. Ebstein, Die Mêdizin im Alten Testament, Stuttgart, 1901, p. 141-144. Les pustules pourraient être aussi la conséquence d’une espèce de peste, comme il s’en produit parfois par suite de la stagnation des eaux sur le sol. Les calendriers égyptiens, dans lesquels sont notés les jours bons ou mauvais, donnent cette indication pour le 19 du mois de tybi : « L’air dans le ciel, en ce jour, mêle à lui les aatu annuels, n Papyrus Sallier, pi. xv. Dans le Papyrus de Leyde, des formules magiques sont fournies pour préserver de Yaat. Quiconque récite ces formules « est sauvé de Yaat annuel, l’ennemi (la morl) ne s’empare pas de lui, … Yaat annuel ne l’abat pas, … la débilité ne s’empare pas de lui, Yaat annuel ne le tue pas, Yaabu (la maladie) ne le détruit pas. » La maladie désignée par le mot aat revenait donc annuellement ; c’était une sorte d’épidémie dont les effets pouvaient être mortels, ainsi que le supposent les formules magiques. Cf. Chabas, Mélanges égyptologigues, l re sér., t. i, p. 39 ; Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. ii, p. 331-332. En réalité, il n’est pas nécessaire d’identifier le mal qui constitua la sixième plaie avec une maladie déterminée. Pour cette plaie, comme pour les autres, Dieu se contenta de déchaîner un mal que les Égyptiens voyaient de temps en temps se produire dans des conditions naturelles ; mais il le fit sévir à l’instant indiqué par Moïse, avec une soudaineté, une universalité, une intensité qui en rendaient le caractère absolument miraculeux. La plaie cependant ne paraît pas avoir causé la mort, comme le font fréquemment les autres maladies épidémiques qui se développent en Egypte. Les pustules étaient choses très connues sur les bords du Nil. Les Égypliens en furent tous atteints en peu de temps et dans des conditions qui ne permettaient pas d’attribuer le mal à des agents naturels. Les magiciens eux-mêmes, frappés comme les autres, ne furent plus en état de paraître devant le pharaon pour remplir leur office habituel ; les pustules les défiguraient et on pouvait craindre que la, contagion s’en communiquât à la personne du prmceVLes animaux échappés à la cinquième plaie, c’est-à-dire ceux qui, au moment de cette plaie, ne se trouvaient pas dans les champs, Exod., îx, 3, furent également frappés d’une épizootie éruptive, analogue à la contagion qui atteignait les hommes. D’ordinaire, les pustules n’ont de caractère épidémique que sur les hommes et sur les troupeaux de moutons ; le mal se propage alors d’homme à homme, de mouton à mouton. Dans les races bovine, caprine, chevaline et canine, ils n’apparaissent guère qu’à l’état sporadique. Cf. Erbstein, Die Medizin, p. 144. À la sixième plaie,