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PSAUMES (LIVRE DES)


Psaumes historiques : Lxviif (lxvii), lxxvii (lxxvi), lxxviii (lxxvii), cxv (cxiv), cxi (ex), cxxxv, (cxxxiv), cxxxvi (cxxxv) (sortie d’Egypte, désert, conquête de Palestine) ; période des Juges, cv (civ), evi (cv) ; davidiqne, lx (lis), cvm (cvn) ; période assyrienne, xuv (xi.hi), lxxxhi (lxxxii), xlvi (xlv), XLVI1I (xlvii), lxxvi (lxxv) ; période babylonienne, lxxiv (lxxiii), lxxix (lxxviii), lxxx (lxxix) ; exil, Cxxxvil (cxxxvi) ; retour, lxxxv (lxxxiv), cvii (cvi), cxxvi -(cxxv).

Psaumes relatifs à Jérusalem au Temple : xxi (xxvi), xlii (xll), xliii (xlil), xlviii (xlvd), lxxxivi (lxxxui), lxxxvii (lxxxvi), cxxii (cxxi), cxxxh (cxxxi) ; cérémonies religieuses ; xxiv (xxm 6), i.xviii (lxvii), cxviii (cxvii), cxvi, b (cxv).

Psaumes royaux : xsl (xix), xxi(xx), ci (c), cxxxiii (cxxxvii b) ; messianiques, lxxxix (lxxxviii) ; promesse : cxxxii (cxxxi) ; son règne universel, ii, lxxii (lxxi), ex (cix) ; sa gloire xlv (xi.iv) ; le Serviteur de Jéhovah souffrant, lxxxviii (lxxxvii), xxii(xxi) ; le règne de Jéhovah sur les [nations, xlvii (xlvi), lxvii (lxvi), xcxvi (xcxv), cxlix, etc.

Psaumes personnels : contre ennemis et persécuteurs m, v, vii, xiii (xii), xiv (xiii) etc. ; pardon du péché, li (l), cxxx (cxxix), etc. ; la souffrance suite du péché, vi, xxxviii (xxxvii), xli (xl), eu (ci) ; la vieillesse, xxxix (xxxviii), xc (lxxxix) ; confiance en Dieu, xvi (xv), xxiii (xxii), cxxi (cxx), xci (xc), CXII (cxi).

II. doctrine des psaumes.

La doctrine générale des Psaumes est l’abrégé de toute la Bible, sous la forme la plus imagée et la plus brillante. Les Psalmistes nous donnent, dans leurs chants, une image grandiose du monde et du créateur, naturellement sous des images proportionnées à la capacité intellectuelle et aux formes du langage des Hébreux. Le monde est comme une vaste demeure bâtie par Jéhovah, créateur, ordonnateur du chaos primitif, sorte d’océan immense et ténébreux. Les restes de cet océan entourent encore le monde actuel, c’est le grand fleuve, la merdes confins du monde jusqu’où le Messie devra étendre son règne ; la terre s’élève par dessus, et ses plus hautes montagnes soutiennent le firmament qui sépare le ciel du monde visible. Au ciel, Dieu trône éternellement sur sa montagne sainte, entouré de la milice des armées célestes, et de là il gouverne le mondé matériel et le monde humain. Au dessus du firmament sont accumulés, prêts à exécuter ses ordres, les trésors des eaux, de la neige, de la grêle, des foudres et des tempêtes. Au firmament se balancent ou se meuvent les astres, les étoiles, la lune, le soleil qui forment une seconde armée céleste : c’est dans ces deux sens que Jéhovah s’appelle le Dieu des armées, Dominus Deus Sabaoth, Deus virtutum, Deus exerciluum ; tous ces termes ont le même sens. — Quand Jéhovah vient juger les hommes, c’est-à-dire sanctionner [ses lois par des récompenses et des châtiments, ou soutenir ses fidèles et anéantir les méchants, il est représenté descendant sur son char, traîné par les chérubins, lançant la foudre autour de lui, caché derrière un voile de nuées, faisant entendre sa voix qui est le tonnerre, faisant trembler la terre et desséchant les abîmes. Le monde aune troisième partie, la terre des morts, le èeôl, sorte de grand tombeau souterrain où les défunts viennent successivementprendre place : c’est l’abîme de la nuit, du silence, et de l’oubli : Jéhovah n’y est pas loué. Les Psaumes les plus anciens ne sont guère plus explicites sur cette existence ultra-terrestre et n’y distinguent pas le sort du juste de celui de l’impie. Dans ces descriptions, il n’est pas toujours facile de discerner le sens du fond d’avec ce qui est simple formule poétique et pure métaphore, ou bien allusion aux croyances de l’Orient ancien : les Babyloniens, les Égyptiens employaient souvent un langage analogue ; la science du temps avait groupé sous cette série d’images l’ensemble des phénomènes observés par elle : les termes mêmes du dictionnaire hébreu renfermaient des mots qui faisaient allusion à ces opinions, le tonnerre ou la voix de Jéhovah, les armées célestes ou les étoiles, etc. Les Psalmistes hébreux devaient parler comme leurs contemporains.

Mais, le contraste est frappant quand de la forme, on passe au fond : sans langue philosophique, sans raisonnements métaphysiques, ils.nous donnent une telle idée de Jéhovah que nulle part nous ne trouvons une notion de Dieu plus élevée ni plus exacte : tandis que les dieux des nations sont des vanités, des abominations dépourvues de sentiment, d’intelligence et de vie, Jéhovah est le créateur et le maître de tous les êtres célestes et terrestres : tout change et passe, seul Jéhovah est immuable : sa pensée pénétre l’avenir comme le passé et le présent ; son regard voit partout, jusqu’au fond des abîmes et des ténèbres : nul ne peut fuir sa présence : où qu’on soit, sa main nous soutient. Sa puissance est telle que la création et ses merveilles ne lui ont coûté qu’un mot : c’est lui qui conserve à tout la’vie et l’existence, s’il détourne sa face, tout rentre dans le néant ; sa justice est incorruptible, et rien n’y échappe : la sainteté est sa nature, son essence : seule sa miséricorde et sa bonté la surpassent, le pardon habite avec lui, et il aime les enfants des hommes : sans doute il a une affection paternelle pour Israël, mais il veut aussi le bien de tous les peuples de la terre, il prend soin d’eux dès maintenant, et il les amènera tous un jour à reconnaître sa royauté. Il aime l’homme et il prend soin de lui, il l’a fait à son image et comme le Dieu visible de la terre.

La loi qu’il a donnée à Israël est une lumière qui réconforte l’âme, par ses enseignements et par ses préceptes : les sacrifices qu’il exige ne sont pas son aliment à lui, il n’a besoin de rien, rien ne lui manque ; les pratiques rituelles doivent surtout être accompagnées de justice, de rectitude morale, de confiance en Jéhovah : il aime mieux le cœur repentant que les holocaustes ; les sacrifices lui sont insupportables quand ils sont accompagnés de l’homicide, de l’oppression des faibles, du déni de justice aux opprimés : quant aux sacrifices offerts aux idoles, surtout le sacrifice humain des cultes chananéens et phéniciens, ils souillent la terre, Jéhovah les abhorre, et doit les punir.

A la vérité le Psalmiste rend ces idées relevées par toute sorte d’anthropomorphismes, mais cela tient aux nécessités mêmes de la langue hébraïque : d’ailleurs, ils sont très bien choisis pour nous donner une haute idée deJéhovahtouten nous rapprochant de lui ; Jéhovah est notre salut, notre bouclier, notre citadelle, notre rocher, tous termes du reste adoucis par les Septante et la Vulgate ; il trône dans les cieux et la terre est l’escabeau de ses pieds : ses yeux toujours ouverts sondent les cœurs des hommes, sa main les soutient, ses ailes les couvrent de leur ombre lutélaire, son bras châtie les impies ; ses flèches les transpercent, sa colère les anéantit.

Plusieurs points de la doctrine des Psaumes exigent cependant des éclaircissements spéciaux :

Immortalité de l’âme. — La Providence, la justice de Dieu, son amour du bien et sa haine du mal soulèvent dans le Psautier le même problème que dans le livre de Job : le pécheur est souvent heureux, etle juste dans l’épreuve : l’auteur l’explique par la doctrine des rétributions terrestres : puis il suggère des moyens de justifier la providence divine : tout cela est passager, et le juste et le pécheur finissent toujours par obtenir le traitement auquel ils ont droit, en eux-mêmes et dans leur descendance : telle est la solution commune. À d’autres endroits, le psalmiste va plus loin et trouve une solution plus haute : Dieu seul est une récompense suffisante, le juste sera toujours avec Dieu, dont la main le conduira et l’introduira dans la gloire, Dieu sera son partage à jamais, lxxiii (lxxh), 23-26 ; xvi (xv), 10-11, assure