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PSALTÉRION


instruments de cette forme diffèrent de la harpe en ce que les cordes ainsi disposées sont accessibles sur une seule face, tandis que dans la harpe elles peuvent être touchées sur deux côtés par les deux mains. Ils différent d’autre part des instruments à manche en ce que les cordes, bien qu’elles aient la même disposition, sont en nombre nécessairement restreint dans ceux-ci, par suite du manque d’espace.

Comme les autres instruments originaires d’Orient, le psaltérion, adopté par les Hellènes (tig. 184), retourna en Asie à la suite des conquêtes d’Alexandre ; mais il y revint perfectionné et sous un nom grec. Nous n’avons pas le nom hébreu de l’ancien type asiatique qui devint le tyaXTigpiov. On ne le trouve en effet que dans l’énu 183. — Musiciens de Suse.

D’après Place, Ninive et l’Assyrie, pi. S8.

mération des instruments babyloniens de Nabuchodonosor, et sous la transcription jitbjds, pesanterîn,

Dan., iii, 7, ou jnsuDS, pesanferin, Dan., iii, 5, 10, 15,

où le changement de consonne, l pour », n’est qu’une particularité dialectale et où le groupe final ]> représente la terminaison grecque iov plus complètement exprimée dans la transcription ayriaqno. Af. À <v> Q

pe$al{erôn. Toutefois les grammairiens ont traité jnrCDS, pesanferin, comme un pluriel et consacré la forme du singulier itUDS, pesanfêr. Du même mot grec les Arabes

ont fait postérieurement le mot j^aJ~^, santir, autrement pisantir, sa » (our, etles Syriens modernes samtur. Le santir arabe et son dérivé le qanûn affectent une disposition pareille à celle de l’instrument babylonien, mais sans doute moins primitive. Le premier, dont le nom rappelle directement le psaltérion grec, se compose d’une table d’harmonie en forme de trapèze ou de triangle tronqué, portant trente-six cordes de métal retenues à une extrémité par des attaches et à l’autre par des chevilles pour régler l’accord. Ces cordes, mises à l’unisson deux à deux, fournissent dix-huit notes.

Le qanûn, £jy*-*, xa-zcôv, « règle, type », offrant par ordre les toniques de chacun des modes arabes, est le développement plus complet du psaltérion. Il a de soixante-six à soixante-quinze cordes, accordées trois par trois, et vingl-deux, vingt-trois ou vingt-cinq notes,

En Algérie, on ne lui donne parfois que soixante-trois cordes et vingt et une notes. La table de l’instrument est pourvue de sillets en os, à charnière, pouvant se lever pour régler l’accord et distinguer certaines tonalités. Les cordes sont en boyau, la caisse, en bois de noyer, a 3 mètres de long sur 0, 40 de large et 0, 05 de haut. Les cordes des notes élevées sont plus minces et plus courtes, et la série tout entière va en augmentant de longueur jusqu’aux notes graves. On accorde à partir de la corde basse (ré-2 substitué à l’ut par les musiciens turcs) et par succession de notes (non pas par quintes), la deuxième corde sur le premier sillet, la troisième sur le second et ainsi de suite. Le type ancien du qanûn est, suivant Al Farabi, le djank ou sank. Land,

181. — Psaltérion grec, d’après quelques archéologues.

Baumeister, Denkmàler der klassischen Altertums, t. iii,

p. 1345, fig. 1609. Peinture du jardin Farnèse.

Recherches sur l’hhtoire de la gamme arabe, Leyde, 1884, p. 52, 74.

Le joueur ne marche pas comme le musicien babylonien ; assis à terre ou sur un tabouret bas, et les jambes croisées à la manière orientale, il porte l’instrument sur ses genoux écartés et l’appuie contre sa poitrine pour avoir les deux mains libres. Il touche les cordes au moyen de deux petits plectres, mizdrab, de corne, de baleine ou de becs de plume, fixés dans des anneaux portés au pouce et au médius de chaque main. Le son du qanûn est fort, vibrant, arec une résonnance étouffée dans les notes graves. Le santir, aux cordes de métal, estplus aiga et rappelle la mandoline. Le joueur oriental manie son instrument avec vivacité, en répétant rapidement les notes, suivant un procédé cher de tout temps aux exécutants orientaux. Voir Fontanes, Les Égyptes, Paris, 1882, p. 356-357. Le qanûn a supplanté le santir dans presque tout l’Orient. Sauf à Mossoul, Bagdad, Damas, les musiciens des. villes l’abandonnent aux exécutants populaires. Le qanûn de Damas est très grand, il a cent sept cordes quadruples, sauf la dernière qui est triplé, et donne vingt-septnotes. Enfin les Persans ont gardé pour la musique de chambre le santir, qu’ils appellent ceintour. Il a soixante-douze cordes en cuivre jaune, que l’on touche avec des baguettes d’os ou de métal appelées mezrabe. Advielle, La musique chez les Persans en 1885, Paris, 1885, p. 12-13.