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PROVERBES (LIVRE DES)


stique^à retrancher, Bickell croit plutôt qu’il faudrait en ajouter un. Ordinairement parallélisme synonymique entre les stiques, parfois même entre Jes distiques d’un quatrain. — IVe section, xxiv, 23-34, la plus courte et la plus variée comme rythme : un distique, un tristique, un téfrastique, un décastique ; sauf 2 exceptions, parallélisme synonymique. — Ve section, xxv-xxix, au point de vue du rythme on peut la diviser en deux : — xxvxxvii ; usage prédominant mais non pas exclusif du distique car on y trouve plusieurs tristiques et tétrastiques, un pentasfique, un hexastique ainsi que 2 petits poèmes, l’un de 8, l’autre, de 10 stiques. Parallélisme parabolique et synthétique ; les antithèses y sont très rares ; — xxvin-xxix : emploi exclusif du distique et presque dans une égale proportion parallélisme antithétique et parabolique. — VIe section, xxx ; quelques distiques isolés, mais ordinairement chaque sentence renferme plusieurs distiques ; c’est dans cette partie du livre que se rencontrent (en dehors de vi, 16-19) les proverbes numériques dans lesquels on ne trouve point de parallélisme au point de vue de la pensée. En dehors de ces sentences, parallélisme synonymique. — VIIe section, xxxi, 1-9. Elle renferme 3 sentences de 4, 8, 4 vers : parallélisme synonymique. — VIIIe section, xxxi, 10-31 : poème alphabétique de 22 distiques, parallélisme synonymique.

II. style ET vocabulaire. — 1° Style. — Le caractère particulier du genre gnomique rend assez difficile la comparaison entre le style des Proverbes et celui des autres livres de l’Ancien Testament, la plus grande partie de ce recueil se composant de simples maximes dans lesquelles une pensée déjà bien concise est exprimée sous une forme elliptique dans un seul distique. Cependant, la variété des comparaisons, le choix des images, la régularité de la forme rythmique, l’allure si vive de l’expression, la psychologie si pénétrante de certains tableaux, revêtent d’un cachet spécial les pages mêmes du livre où les pensées sont le moins étendues, et leur donnent un coloris tout particulier. Dans les proverbes plus développés, tout spécialement dans les exhortations de la I re section, comme aussi dans les portraits esquissés à travers les autres seclions, on trouve des passages dignes des plus beaux jours de la littérature hébraïque.

2° Vocabulaire. — Il n’est point surprenant que ce recueil renferme, en outre des expressions plus spéciales aux livres sapientiaux, un certain nombre dé mots que l’on ne rencontre pas ailleurs dans la Bible hébraïque ou du moins que très rarement. La raison en est au sujet lui-même et à cette forme de littérature qui demande une plus grande précision dans l’énoncé des pensées. On peut signaler quelques locutions qui ne se rencontrent que dans ce livre ou bien s’y trouvent avec un sens particulier qu’elles n’ont pas ailleurs.

Ne se trouvent que dans les Proverbes : rvjb, couronne, i, 9, iv, 9. — n3N, hélas ! ah ! (que la Vulgate a traduit : Cujus patri vx ? xxui, 29 ; — le verbe nn4, employé uniquement au Hithp. Dinnhnn, morceaux friands, xviii, 8 (le ꝟ. se retrouve identiquement répété xxvi, 22. — fD3 >Ttn, dans le sens de entrailles, pris au figuré, xviii, 8 ; xx, 27, 30 (xxvi, 22). — vb t>, assurément, xi, 21 ; xvi, 5. — 3-- >mrn, pommes d’or, xxv, 11,

Expressions rares rencontrées plus particulièrement dans les Proverbes : g » n yy, arbre de vie, 1 fois Gen., m, 24 ; et 4 fois Prov., iii, 18 ; xi, 30 ; xiii, 12 ; xv, 4 — rnp, ville, 1 fois, Job, xxix, 7 ; 4 fois dans Prov., vm, 3 ; IX, 3, 14 ; xi, 11 (Brown, Driver). — d>t ;  : , avec le sens de choses magnifiques, ne se rencontre que dans Prov. viii, 6. — niNSi, sartté, ne se rencontre que dans Prov. iii, 8 et indique une forme aramaïsante — 13, fils, xxxi, 2 (3 fois répété), est un mot araméen. Cependant les aramaïsmes sont rares et le livre ne ren ferme point d’expression persane ou grecque. Toy, op. cit., p. xxxi. Driver, op. cit., p. 403-404, donne une liste des principales locutions particulières au livre des Proverbes, au moins pour la 2e section.

IX. Texte et versions du livre des Proverbes. — A) Texte. — Le texte hébreu de ce livre a subi quelques altérations par suite de la facilité qu’il y avait à changer la suite des sentences en les transcrivant, à modifier une locution dans l’énoncé d’une maxime difficile à lire, le contexte ne pouvant pas, dans ces cas, servir à indiquer sûrement quelle était la vraie lecture du passage ; le fait qu’il n’était point du nombre des Ketubim lus dans les synagogues eut peut-être aussi pour résultat de le faire traiter avec moins de soin que d’autres livres. Par contre, Toy, Proverbs, p. xxxi-xxxii, prétend que ce livre dut à cette situation de n’être point l’objet de retouches ou de modifications sous l’influence d’idées théologiques.

Les altérations de ce texte peuvent être constatées par le contrôle des anciennes versions, par les moyens de critique que fournissent les règles poétiques et aussi, pour les plus notables transpositions, par les caractères particuliers de chaque section. C’est ainsi que plusieurs critiques voient une transposition dans la description du festin de la Sagesse, Prov., IX, 1-12 ; et rapportent les ꝟ. 7-10, à la 2° section x-xxii, 16. Bickell, Cdrnfina V. T. metrice, p. 129 ; Toy, op. cit., p. 192.

Le texte actuel du livre, renferme également un certain nombre de sentences répétées. Elles se présentent sous différentes formes, les unes sont absolument identiques dans V expression, vi, 10-"i, et xxw, 3â-31, d’autres comportent une légère modification sur un mot ou deux du mâsdl répété, xvi, 2, et xxi, 2, d’autres enfin sont identiques pour, la pensée et nullement dans les mots qui l’expriment, xi, 15, et xxii, 26. Les cas les plus difficiles à justifier sont ceux où il y a identité absolue dans les mots ; et les critiques modernes se servent assez souvent de cette constatation pour conclure à la pluralité d’auteurs et à une formation indépendante des différentes sections où on les rencontre ; ainsi entre autres Nowack, art. Proverbs, dans Dict. of the Bible, t. iv, p. 140 ; Cornill, Einleitung, >. 225 ; Toy, op. cit., p. vu. Il importe cependant de remarquer qu’il y a des répétitions de distiques entièrement identiques dans une même section, xiv, 12, et xvi, 25 ; x, 1, et xv, 20 ; xix, 5, et xix, 9.

B) Versions. — 1° La plus ancienne des versions que nous possédons du livre des Proverbes est la version grecque des Septante ; on la trouve dans les principaux manuscrits onciaux B, « , À (quelques fragments dans C) et dans de nombreux manuscrits cursifs. On admet communément que ce livre faisait partie des Hagiographes déjà traduits en grec et que l’auteur du prologue de l’Ecclésiastique désigne par les mots t «  la : nk t&v fiioXiwv ; cette traduction serait donc antérieure à 132 et aurait probablement été faite vers le milieu du IIe siècle avant J.-C. Baumgartner, Etude critique sur l’état du texte du Livre des Proverbes, p. 8. Il est des auteurs cependant qui la placent vers la fin du n s siècle, Toy, Proverbs, p. xxxii ; art. Proverbs, dans Encyc. Bibl., col. 3907.

Cette traduction est plus libre que littérale et c’est l’idée du texte original qui a été exprimée plutôt que le mot n’a été exactement rendu. Frankenberg pense que le traducteur n’était point très familier avec la langue hébraïque et que d’ailleurs il n’aurait point été soucieux de l’exactitude littérale, parce qu’il n’entreprenait pas tant cette traduction pour l’usage de ses coreligionnaires que pour des païens instruits à qui il voulait faire connaître les enseignements moraux de la littérature gnomique d’Israël. Cette préoccupation et ce but expliqueraient la pureté relative du grec de cette version et certaines réminiscences classiques (également consta-