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PROVERBES (LIVRE DES)


Laquelle de ces deux dernières sections serait la plus ancienne ? Les uns (Davidson, Loisy, Bickeli), utilisant la donnée chronologique de xxv, considèrent xxv-xxix comme le plus ancien recueil de proverbes ; d’autres (Delitzsch, Ewald, Driver, Kautzsch), considérant plutôt la place respective de ces sections dans le recueil définitif, regardent x-xxii, 16, comme la plus ancienne collection. Quelques-uns parmi les auteurs les plus récents (Franckenberg, Nowack), tout en estimant qu’au point de vue des pensées, xxv-xxix (et spécialement xxvxxvii), renferment les plus anciens proverbes, pensent néanmoins que comme compilation cette section serait postérieure à la 2e (x-xxii, 16).

Les proverbes qui constituent ces deux sections, provenant de milieux différents, auraient d’abord été réunis en deux groupements absolument distincts et auraient ainsi existé indépendamment l’un de l’autre vers le milieu du rve siècle, tous les deux portant le même titre Proverbes de Salomon. Vers cette même époque (Nowack), ou vers la fin de ce même siècle (Toy), ils auraient été réunis ensemble, mais comme dès ce moment le premier groupement (x-xxii, 16), était déjà pourvu des deux petites sections, xxii-17, xxiv, 22, et xxiv, 23-34, on ne toucha point à ces appendices et l’on ajouta xxv-xxix à la suite de xxiv, 34, en maintenant dans xxv, 1, le nom de Salomon comme il était déjà dans x, 1 ; et c’est ainsi que fut constituée la plus grande partie du livre x-xxix.

Le recueil fut complété par les chap. i-ix, qui devaient servir d’introduction générale à tout l’ensemble formé par les précédentes collections, alors même qu’il n’aurait pas été composé précisément dans ce but. La date de cette addition varie selon les auteurs car elle dépend de l'époque admise pour la composition même de cette section ; en effet, ils admettent généralement que l’addition suivit de près la composition, si même elle ne fut pas l'œuvre du même auteur. Davidson, Cornill, Wildeboer. La fixation de cette date dépend de l’influence principale que l’on croit reconnaître dans ces pages : influence persane (Cheyne, Semit. studies, 1891) ; influence grecque (Franckenberg, Wildeboer, Stade) ; ou seulement trace des créations haggadiques de la littérature rabbinique à la fin de l'ère persane (Baudissin). Selon Friedlsender, Griech, Phil. im ait. Test., 1904, p. 20, citant Clément d’Alexandrie, Strom., i, v, t. viii, col. 717, la femme étrangère (n, 16 sq.), dont le pieux Israélite doit si soigneusement se défier, serait la culture grecque, xrjv 'EXXsviiuiv « suSeiav, Et par suite, si le recueil est complet au début de la 2e moitié du IV siècle pour Kautzsch, Kuenen ; pour d’autres, Nowack, Franckenberg, Wildeboer, Toy, on ne trouvera point le recueil i-xxix avant la 2e moitié du m « siècle. Enfin, avec certains de ces auteurs, Franckenberg, Toy, il faut descendre jusqu’au IIe siècle pour trouver le livre actuel absolument complet avec l’addition de xxx-xxxi, c’est-àdire à l'époque de Ben-Sira (200-180) et peu de temps avant la traduction grecque du livre des Proverbes.

Ces assertions contradictoires et arbitraires ne peuvent modifier le sentiment des auteurs catholiques qui soutiennent l’authenticité des sections salomoniennes, en s’appuyant sur les titres, Prov., i, 1 ; x, 1 ; xxv, 1, sur certaines descriptions de leur contenu et sur le témoignage de la tradition.

VIII. Forme littéraire du livre des Proverbes. — I. rythme. — Par son contenu le livre des Proverbes appartient à la série des didactiques ; par sa forme, aux livres poétiques. Les règles de la poésie hébraïque y sont constamment observées et se manifestent par un parallélisme très régulier. Les vers seraient uniformément de sept syllabes d’après Bickeli, Carmina Veteris Teslctmenti metrice, p. 121 ; ils seraient de trois, quatre et très rarement de cinq accents, d’après le système dé Grimme, « et il faut s’attendre à voir changer le mètre

à chaque sentence nouvelle. >> Mètres et Strophes, dans la Revue biblique, 1900, p. 405. Toy, Proverbs, p. ix-x, reconnaît également cette même mesure et désigne les stiques des Proverbes par l’appellation de binaire, ternaire ou quaternaire selon qu’ils comptent 2, 3 ou 4 accents. Cf. N. Schlœgl, Études métriques et critiques sur le livre des Proverbes, c. I, dans la Revue biblique, 1900, p. 518-525.

La strophe, sous différentes formes, se rencontre dans toutes les sections du livre, à l’exception de la 2e, car elle n’est pas entièrement absente de la 5e, bien que celle-ci renferme surtout des distiques. Toy, The Book of Prov., p. îx ; Bickeli, Kritische Bearbeitung der Proverbien, dans la Wiener Zeitschr. fur die Kunde des Morgenlandes, 1891, où il établit l’existence de strophes de quatre vers chacune dans tous les poèmes de la première section.

Toutes les pièces qui composent ce livre n’ont pas la même longueur, on trouve dans Frz. Delitzsch, Das Salom. Spruchb., p. 7-17, le relevé des différentes formes de sentences constatées dans notre livre. La plus fréquemment employée, c’est le simple distique, soit antithétique, x, 1, 20 ; xi, 1 ; xiii, 24 ; soit synonymique, n, 3, 8, 11 ; soit synthétique, ii, 13 ; xiii, 14 ; soit parabolique. Ce dernier renferme une comparaison, exprimée ou sous-entendue par le simple rapprochement de l'énoncé de deux idées, empruntées à la connaissance de quelque phénomène naturel, x, 26 ; xxv, 14, ou à un incident de la vie quotidienne domestique ou sociale, xxv, 17, et qui sert à faire mieux ressortir la pensée morale que le sage veut apprendre à son disciple. C’est sous cette forme que se trouve pleinement réalisée la première notion du tndsàl. D’autres fois une même maxime dépasse les limites du simple distique et la pensée qu’elle renferme s’y trouve développée pendant 4, 6, 8 vers et même davantage, iii, 11-12 ; xxiii, 19-21 ; vi, 12-15 ; xxiii, 29-35.

A côté de cette catégorie de proverbes ainsi développés il convient de signaler soit des groupements de distiques ainsi placés parce que chacun d’eux renfermait une même expression ou avait trait à un même "objet, par exemple au roi, xvl, 12-15, soit des séries de vers à indication numérique. Dans ces derniers, l’auteur indique dès le premier distique la somme totale des sujets dont il va parler, mais le fait de telle sorte que le nombre répété dans le 2 a stique renferme une unité de plus que dans le 1 er, ainsi xxx, 21-22 :

Trois choses troublent la terre

Ei il en est quatre qu’elle ne peut supporter.

Enfin on y rencontre un poème alphabétique très régulier.

Toutes ces espèces de proverbes ne sont pas disposées sur un plan uniforme et ne se rencontrent point également dans les diverses sections du livre : I re section, i îx. Dans l’ensemble, ce sont des discours moraux formant de petits poèmes plus ou moins développés, ni, 1-10 ; IV, 1-9 ; , vii, 6-23, ordinairement en strophes de 4 vers (Bickeli) ; les pensées détachées sont rares, ni, 29, 30. On y trouve un proverbe numérique (vi, 1619) et l’usage du parallélisme synonymique y est à peu près exclusif. — IIe section, x-xxii, 16 ; uniquement des distiques ; dans x-xv presque exclusivement antithétiques, sans que cependant l’antithèse soit toujours aussi uniformément accentuée ; dans xvi-xxii, 16, surtout synonymique et synthétique ; peu d’antithèses, xviii, 23. — IIIe section, xx », 17-xxtv, 22 ; au début exhortation morale de 10 vers analogue à celles de la 1° section ; quelques distiques, mais surtout des tétrastiques, plusieurs sentences de 5, 6, 7 et 8 stiques et même un petit poème de 16 stiques d’après Toy et Kautzsch, de 18 d’après Bickeli. Le texte massorétique compte 17 stiques : Toy et Kautzsch pensent qu’il y a un