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PROSELYTE

PROSTERNEMENT

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2. Les prosélytes devaient se conformer à toute la loi mosaïque et acquitter toutes les redevances sacrées. Cf. Gal., v, 3 ; Bikkurim, i, 4 ; Schekalim, i, 3, 6 ; Pea, iv, 6 ; Challa, iii, 6, etc. Cependant ils n’étaient tenus à ces redevances que pour les biens acquis postérieurement à leur conversion. Cf. Pea, iv, 6 ; Challa, iii, 6 ; Chullin, x, 4. Les frères nés avant la conversion de leur mère n’étaient pas obligés au lévirat. Cf. Yebamoth, xi, 2. Aux filles nées avant la conversion de leur mère ne s’appliquait pas non plus la loi du Deutéronome, xxii, 13-21. Cf. Kelhubolh, iv, 3. Les jeunes filles prosélytes ne pouvaient épouser un prêtre ; les filles de prosélytes ne le pouvaient que si elles descendaient d’un côté d’ancêtres israélites, à Va dixième génération au plus. Cf. Yebamoth, vi, 5 ; Kidduschin, iv, 7 ; Bikkurim, i, 5. Les jeunes filles prosélytes pouvaient épouser ceux que le Deutéronome, xxiii, 1, 2, interdit aux juives de prendre pour époux. Cf. Yebamoth, viii, 2. Elles n’avaient pas le bénéfice de la loi de l’Exode, xxi, 22. Cf. Baba kamma, v, 4. Elles étaient cependant obligées par celle des Nombres, v, 1128. Cf. Eduyoth, v, 6.

3. En principe, les prosélytes étaient assimilés aux Juifs de naissance ; en réalité, il subsistait entre les uns et les autres une distinction notable. Au prosélyte, en effet, manquait toujours la descendance d’ancêtres juifs. « Quand un prosélyte apporte ses prémices, il ne récite pas la confession indiquée Deut., xxvi, 3, parce qu’il ne peut pas dire : Que tu as juré de nous donner. Si sa mère était israélite, il peut réciter la confession. Si le prosélyte prie à part, il doit dire : Dieu des pères d’Israël. S’il prie dans la synagogue, il doit dire : Dieu de vos pères. Si sa mère était israélite, il doit dire : Dieu de nos pères. » Bikkurim, i, 4. Il y avait là comme une ligne de démarcation que le prosélyte ne pouvait franchir et qui lui rappelait sans cesse son origine. D’ailleurs le rang qu’il devait occuper dans la société juive lui était ainsi assigné : « Le prêtre a le pas sur le lévite, le lévite sur l’Israélite, l’Israélite sur le bâtard, le bâtard sur le nalhinéen, le nathinéen sur le prosélyte, le prosélyte sur l’esclave affranchi. » Horayoth, iii, 8.

Les interdictions.

D’après la loi du Deutéronome, xxiii, 2, 3, il était interdit de recevoir dans l’assemblée de Jéhovah, c’est-à-dire dans la société des Israélites, même à la dixième génération, par conséquent à jamais, comme l’explique le texte, le mamzer, l’Ammonite et le Moabite. Voir Mamzer, col. 637. On rie pouvait donc recevoir de prosélytes ayant cette origine. Mais, avec le temps, il devint impossible de remonter très haut dans la généalogie des étrangers qui demandaient à faire profession de judaïsme. Aussi les docteurs se montrèrent-ils faciles sur ce point, pour la raison que les Ammonites et les Moabites visés par la Loi n’existaient plus depuis longtemps. Cf. Yadayim, iv, 4. Les Iduméens et les Égyptiens pouvaient être reçus à la troisième génération. Deut., xxiii, 7, 8. Vers l’époque évangélique, cette troisième génération datait de fort loin. Il ne subsistait donc aucune difficulté pour recevoir au prosélytisme ceux de ces nations qui le sollicitaient. Cf. Josèphe, Ant. jud., XIII, IX, 1 ; xi, 3 ; xv, 4, 7, 9. Pratiquement, la porte était ouverte à tous ; les conditions imposées étaient par elles-mêmes assez onéreuses pour qu’on n’exigeât pas de celui qui les acceptait volontairement des garanties trop difficiles à fournir. Le prosélytisme juif put donc ainsi se donner libre carrière, et préparer inconsciemment à l’Évangile de dévoués disciples et un certain nombre d’adversaires acharnés.

Voir Slevogt, De proselytis Judxorum, Iéna, 1651, et dans Ugolini, Thésaurus, t. xxii, p. 841 ; Mùller, De proselytis, dans le même volume d’Ugolini ; Wâhner, De Ebrxonim proselytis, Gœtlingue, 1743 ; Danz, Cura Judœorum in conquirendis proselytis, ad Matt., xxiii, 15, dans Nov. Test, ex Talmude illuslratum de Meuschen, 1736, p. 649-676 ; Lûbkert, Die Proselyten der Juden, dans Stud. und Krit., 1835, p. 681-700 ; Weill, Le prosélytisme chez les Juifs selon la Bible et le Talmud, Strasbourg, 1880 ; Friedlænder, La propagande religieuse des Juifs grecs avant l’ère chrétienne, dans la Bévue des études juives, t. xxx, 1895, p. 161-181 ; et surtout Schùrer, Geschichte des jùdischen Volkes im Zeil. J.-C, Leipzig, t. iii, 1898, p. 102135, qui donne tous les textes et toutes les références sur le sujet.

H. Lesêtre.

PROSTERNEMENT, attitude qu’on prend en se mettant à genoux devant quelqu’un et en inclinant la tête vers le sol. — En prenant cette posture, on témoigne qu’on se fait humble et petit devant celui auquel on veut rendre hommage, qu’on remercie ou dont on attend quelque faveur. Les hommes se prosternent en diverses circonstances :

1° Devant Dieu. Ainsi font Éliézer, Gen., xxiv, 52 ; Moïse, pendant quarante jours et quarante nuits, Deut., ix, 18 ; Tobie et sa famille, pendant trois heures, Tob., xii, 22 ; Judith et les Israélites ses compatriotes, Judith, vii, 4 ; ix, 1 ; x, 1, 20 ; les Machabées, II Mach., x, 4, une fois pendant trois jours. II Mach., xiii, 12. Le Psalmiste invite son peuple à se prosterner devant Jéhovah pour l’adorer. Ps. xcv (xciv), 6, et il annonce que les nations se prosterneront devant lui. Ps. lxviii (lxvii), 31 ; lxxii (lxxi), 9. Le Sauveur

182. — Serviteurs prosternés devant leur maître.

D’après Champollion-Figeac, L’Egypte ancienne, dans l’Univers pittoresque, de Didot, 1839, pi. 38.

se prosterna trois fois devant son Père pendant son agonie. Matth., xxvi, 39 ; Marc, xiv, 35. Les vingt-quatre vieillards sont proslernés devant le trône de Dieu dans le ciel. Apoc, iv, 10.

2° Devant les idoles. La Loi défendait de se prosterner devant des images taillées. Lev., xxvi, 1. C’est ce que faisaient les idolâtres. Is., xuv, 19 ; xwr, 6. Voir t. i, fig. 36, col. 234. Naaman était obligé, par son service auprès du roi de Syrie, de se prosterner devant le dieu Remmon. IV Reg., v, 18. À Babylone, on se prosterne pour adorer la statue de Nabuchodonosor. Dan., iii, 6, 10, 15.

3° Devant les anges. Lot se prosternait le visage contre terre pour accueillir les anges qui le visitent à Sodome. Gen., xix ; 1.

4° Devant le roi. On voit se prosterner devant David Abigaïl, I Reg., xxv, 23, Miphiboseth, II Reg., ix, 8, et Séméï, II Reg., xix, 18. Esther se prosterna devant Assuérus. Esth., viii, 3. Les subalternes n’approchaient d’un roi qu’en rampant ou en se prosternant. Voir t. ii, fig.541, col. 1637. Sur l’obélisque de SalmanasarII, on voitJéhu prosterné devantleroi assyrien. Voirt. i, fig. 37, col. 235,

5° Devant un grand. Joseph voit en songe les gerbes de ses frères se prosterner devant la sienne, le soleil, la lune et onze étoiles se prosterner devant lui, et son père se demande si les parents et les frères de Joseph auront à se prosterner de même. Gen., xxxvii, 7, 9, 10. C’est pourtant ce qui arriva plus tard. Gen., xlii, 6. En Egypte, on se prosternait ainsi devant un dignitaire (fig. 182). Joseph à