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PROPHÈTE

les captifs, emmenés de Jérusalem en Babylonie par Nabuchodonosor, se trouvaient des prophètes, à qui Jérémie adressait son livre, Jer., xxix, dans lequel il les mettait en garde contre les faux prophètes, qui avaient surgi à Babylone, 15-32.

Prophètes écrivains.

1. Leur nombre, leur division et leur disposition dans la Bible.

Les Bibles grecques et latines contiennent les écrits de seize prophètes, quatre grands, Isaïe, Jérémie, Ézéchiel et Daniel, et douze petits, Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habacuc, Sophonie, Aggée, Zacharie et Malachie. La prophétie de Baruch est jointe à celle de Jérémie, dont ce prophète avait été le secrétaire. Dans la Bible hébraïque, il n’y a que trois grands prophètes ; Daniel est rangé parmi les hagiographes, ainsi que les Lamentations de Jérémie. Le livre de Baruch et la lettre de Jérémie ne sont pas au canon hébraïque. Les douze petits prophètes n’y sont considérés que comme un seul livre. Ils sont déjà mentionnés ensemble par l’auteur de l’Ecclésiastique, xlix, 12 (10, dans le texte grec), et cette mention, considérée par quelques critiques comme une interpolation, est dans le texte hébreu, récemment retrouvé. Josèphe en parle dans le même sens, Cont. Apion., i, 8, et les rabbins les tenaient pour un seul livre, recueilli par les hommes de la Grande Synagogue, voir t. ii, col. 140, et formé ainsi, en un seul recueil, « de peur que, s’ils étaient demeurés séparés, l’un ou l’autre ne se perdît à cause de leurs petites dimensions, » dit Kimchi, Comment, in Ps., præf., d’après la tradition rabbinique. Les Pères de l’Église en parlaient aussi comme d’un seul volume : δώδεκα ἐν μονοβίβλῳ, dit Méliton de Sardes, dans Eusèbe, H. E., iv, 26, t. xx, col. 397. Cf. S. Grégoire de Nazianze, t. xxxvii, col. 473 ; S. Athanase, t. xxvi, col. 1177 ; Rufin, t. xxi, col. 374, etc. Saint Épiphane l’appelait d’un mot : τὸ δωδεκαπρόφητον, t. xliii, col. 244. Ce sont les Latins qui ont nommé ces prophètes minores, par opposition aux majores, non en raison de leur importance et de leur valeur, mais seulement à cause de la moindre étendue de leurs oracles. Cf. S. Augustin, De civitate Dei, XVIII, xxix, 1, t. xli, col. 585. Si l’ordre du canon hébraïque et chrétien ne varie pas pour les trois ou quatre grands prophètes, il est différent pour les petits. Partout uniformes pour les six derniers : Nahum, Habacuc, Sophonie, Aggée, Zacharie et Malachie, il varie pour les six premiers. Dans les Bibles hébraïques, latines et en langues modernes, ceux-ci sont placés dans cet ordre : Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée ; mais dans la Bible grecque, on trouve la disposition suivante : Osée, Amos, Michée, Joël, Abdias, Jonas. On pense généralement que la disposition de la Bible hébraïque a été déterminée par une préoccupation d’ordre chronologique, et saint Jérôme croyait que les écrits des petits prophètes, qui ne portent pas leur date dans le titre, sont de la même époque que les précédents, dont la date est connue. Præfat. in prophetas, t. xxviii, col. 1016 ; Comment. in Joelem, i, 1, t. xxv, col. 950. Quoi qu’il en soit de cette règle qui n’est pas rigoureusement exacte, il reste vrai que les prophètes du viiie siècle, Osée, Amos et Michée, sont dans la première partie de la liste, que les prophètes du viie siècle, Nahum, Habacuc et Sophonie, puis ceux d’après la fin de la captivité, Aggée, Zacharie et Malachie, ont été mis dans la seconde partie. D’ailleurs, la date de quelques-uns de ces écrits a été diversement déterminée par les critiques.

2. Leur ordre chronologique.

Il n’est pas facile à fixer, parce que tous ne sont pas datés et que les renseignements qu’ils contiennent ne suffisent pas à l’indiquer avec certitude. Toutes les dates proposées ne sont pas certaines, et les critiques modernes ont émis à ce sujet des opinions divergentes de celles qui avaient cours autrefois. Ils prétendent même que plusieurs des livres prophétiques ne sont pas homogènes et renferment des éléments de provenance d’époques différentes. Ainsi ils partagent couramment le livre d’Isaïe en deux ou trois recueils distincts, et celui de Zacharie en deux parties d’origine diverse. Comme la date de chaque prophète est discutée à son article, le tableau suivant résumera les dates proposées dans ce Dictionnaire et par les critiques libéraux et rationalistes.

NOMS
des
prophètes.
DATES
du
dictionnaire.
DATES
des
critiques avancés.
Abdias 
Vers 865 VIe ou Ve siècle.
Joel 
837-801 Ve ou IVe siècle.
Jonas 
sous Jéroboam II. Ve ou IVe siècle.
Amos 
804-779 760-750
Osée 
789-706 750-735
Isaïe 
755-712 Ier, 740 ; IIe, vers 540 ; IIIe, Ve siècle.
Michée 
Contemporain d’Isaïe. 740-701
Nahum 
Mil. du viie s. (663-608). 650, 624, 610.
Sophonie 
Vers 665 630, 627, 625.
Habacuc 
645-630 607, 605-600.
Jérémie 
639-586 626-586
Baruch 
583 Ép. machabéenne.
Ézéchiel 
592-570 593-573
Daniel 
538 168-167 ; 164-163
Aggée 
520-516 520
Zacharie 
520 Ier, 520 ; IIe, 300
Malachie 
Après la 32e année d’Artaxerxès Longuemain. 440

Cf. A. Van Hoonacker, Les douze petits prophètes, Paris, 1908, p. vii-x.

La série des prophètes israélites se termina par Malachie. Au temps des Machabées, on attendait la venue d’un prophète, pareil aux anciens, pour décider ce qu’il fallait faire des pierres de l’autel des holocaustes profané. I Mach., iv, 46. Cf. I Mach., ix, 27 ; xiv, 41. Ce ne fut qu’à l’aurore des temps messianiques que Jean-Baptiste put être appelé prophète du Très Haut en raison de sa mission de précurseur. Luc, i, 76. Il vint dans la puissance et l’esprit d’Élie. Voir t. ii, col. 1676. Jésus le déclara prophète et plus que prophète, parce qu’il avait préparé les voies au Messie. Matth., xi, 9, 10 ; Luc, vii, 26-28. Voir t. iii, col. 1157.

VII. Faux prophètes.

Les livres de l’Ancien Testament signalent deux catégories de faux prophètes : ceux qui prophétisaient au nom des dieux étrangers, et ceux qui se donnaient mensongèrement pour desenvoyés du vrai Dieu d’Israël.

Prophétisant au nom des dieux étrangers.

En dehors de Balaam, qui fut un devin plutôt qu’un prophète, voir t. i, col. 1398, les prophètes, qui étaient prêtres de Baal,. apparurent dans le royaume d’Israël sous le régne d’Achab. Élie en provoqua 450 sur le Carmel, et après leur échec, il les fit massacrer sur les bords du Cison. I (III) Reg., xviii, 19-40 ; xix, 1. Voir t. ii, col. 292-293, 1671-1672. Sur les incisions qu’ils se faisaient, voir t. iii, col. 868-870. Ils prophétisaient au nom de Baal et trompaient Israël. Jer., xxiii, 13. Le Dieu chananéen eut aussi des prophètes en Juda jusqu’à la captivité de Babylone. Jer., ii, 8. Voir t. i, col. 1319-1320.

Prophétisant mensongèrement au nom de Jéhovah

À côté des vrais prophètes, inspirés de Dieu, se levaient des personnages, qui se comportaient comme s’ils étaient de véritables prophètes. Dieu les avait annoncés et avait indiqué les signes auxquels on les reconnaîtrait, et le sort qu’ils méritaient. Deut., xiii,. 1-5 ; xviii, 20-22. Ils sont parfois explicitement désignés comme faux prophètes. Souvent cependant ils sont dits simplement prophètes, mais le contexte permet alors de les distinguer suffisamment des vrais