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PENTATEUQUE


lequel Moïse aurait joint ce récit à des récits précédents et qui serait reproduit dans le Pentateuque. Plus loin, Exod., xxiv, 4, il est dit que Moïse écrivit toutes les paroles de Jéhovah. Or il ne s’agit naturellement pas de toutes les révélations "faites par Dieu à Moïse, « puisqu’elles n'étaient pas terminées, ni même de toutes les communications divines antérieures, mais seulement des paroles qui précèdent immédiatement et qui contiennent les conditions de l’alliance conclue entre Dieu et les Israélites, Exod., xx-xxm, du « livre de l’alliance », que Moïse lut au peuple. Exod., xxiv, 7. Cf. Heb., ix, 19, 20.

Les deux témoignages précédents prouvent déjà que Moïse avait rédigé un récit historique et un code législatif, celui de l’alliance. Un autre petit code de l’alliance est encore expressément attribué à Moïse. De nouveau, Dieu ordonna au législateur d'écrire les paroles qu’il vient de prononcer, Exod., xxxiv, 10-26, et qui contiennent les bases de l’alliance proposée à Israël, Exod., xxxiv, 27, et Moïse écrivit les dix paroles de l’alliance sur deux tables qu’il avait préparées, Exod., xxxiv, 1, 4, qu’il tenait en mains à la descente du Sinaï et dont il imposa le contenu aux Israélites. Exod., xxxiv, 28, 29, 32. Le pelit livre de l’alliance, comprenant le Décalogue, Exod., xxxiv, 10-26, a donc été rédigé de la main <e Moïse.

Un autre ordre de Dieu impose à Moïse de décrire les marches et les slations d’Israël dans le désert. Num., xxxiii, 1, 2. On a interprété cet ordre de deux laçons différentes. Selon les uns, Dieu aurait ordonné à Moïse d'écrire le récit de l’exode, en suivant l’ordre des stations et des campements des Israélites. Dans cette interprétation, Moïse serait l’auteur de la narration détaillée dont la liste des campements dressée, Num., xxxiii, 3-49, ne serait que le résumé. Mais comme cette liste ne résume pas la narration précédente, puisqu’elle indique un plus grand nombre de stations, dont quelques-unes sont différentes, il vaut mieux, semblet-il, avec d’autres, restreindre cet ordre à la liste ellemême des stations qui, suivant cette explication, serait 4'œuvre de Moïse.

Parce que les témoignages précédents n’attribuent pas explicitement à Moïse la rédaction du Pentateuque entier, et ne lui en rapportent que des portions seulement, les critiques modernes veulent en conclure qu’ils restreignent la composition mosaïque à ces parties et qu’ils excluent celle du tout. Mais cette conclusion n’est pas légitime. La rédaction des passages mentionnés est toujours exécutée par ordre divin. En ordonnant à Moïse d'écrire le récit des événements les plus notables pour en garder le souvenir et les dispositions fondamentales de son alliance avec Israël, Dieu ne lui interdisait pas de relater l’histoire entière des Israélites au désert ni de rédiger toutes les lois qu’il l’avait chargé de porter. Son ordre de mettre par écrit les faits et les lois les plus importants est loin d’exclure la relation des autres événements et des autres dispositions législatives.

Le Deutéronome, composé de discours prononcés par Moïse, nous fournit une indication sur l’activité littéraire de Moïse dans l'épilogue, xxxi. Sur le point de mourir, Moïse, après avoir institué Josué son successeur, remet aux prêtres et aux anciens cette loi-ci qu’il avait écrite et il leur ordonne de la faire lire tous les sept ans au peuple assemblé pour que tous en connaissent et en observent les préceptes, 9-13. Ayant achevé d'écrire « les paroles de cette loi dans un livre », il ordonne aux lévites de porter ce livre auprès de l’arche d’alliance, pour qu’il serve de témoignage contre ceux qui en violeront les dispositions, 24-26. On ne peut pas affirmer avec certitude que cette loi est le Pentateuque -entier, car elle peut n'être que celle à laquelle le c. xxxi est rattaché : la législation du Deutéronome


Ce livre se donne comme une législation spéciale promulguée par Moïse au pays de Moab, iv, 1-40, 44-49 ; v, 1 sq. ; xii, 1 sq. Au début de leur régne, les futurs rois d’Israël devaient recevoir des prêtres ; < un exemplaire de cette loi-ci », xvil, 18, 19, pour qu’ils la lisent et l’observent, et les termes de la recommandation sont identiques à ceux de Deut., xxxi, 12, 13. La même loi, ou au moins une de ses parties, est encore visée dans l’ordre donné aux anciens de la transcrire sur la pierre, lorsqu’ils renouvelleront l’alliance à l’ouest du Jourdain, xxvii, 1-8. De même encore, « les paroles de cette loi-ci qui sont écrites dans ce volume, » xxviii, 58, qui comprenaient les malédictions et les peines, portées en ce chapitre contre les violateurs de la loi, cf. ꝟ. 61, et rappelées de nouveau, xxix, 20, 21, 27, aussi bien que les bénédictions qui y sont jointes en faveur des observateurs de la même loi, xxxii, 46, 47, désignent le Deutéronome. Ce livre législatif est donc de la main de Moïse. On attribue encore à Moïse la composition d’un cantique que Dieu lui avait ordonné d'écrire, Deut., xxxi, 19, et qui est cité, xxxii, 1-43.

Des commentateurs catholiques concluent de Deut., i, 5, où il est dit que Moïse va expliquer la loi, que la législation antérieure, dont le Deutéronome n’est qu’une explication et une répétition, est d’origine mosaïque. Mais toutefois la loi que Moïse va expliquer ou mieux recommander paraît être plutôt, non celle qui précède et qui est contenue dans les livres du milieu, mais celle qui suit et qui est promulguée au delà du Jourdain. Il faut reconnaître, du reste, que si l’introduction avait la signification qu’on lui donne, elle affirmerait, non pas que la législation précédente a été rédigée par Moïse, mais seulement qu’elle a été promulguée par lui. Or, de la promulgation de la législation hébraïque par Moïse on ne peut conclure rigoureusement à sa rédaction par Moïse dans l'état ou elle se trouve actuellement dans le Pentateuque. Celle-ci est possible, vraisemblable même, mais elle n’est pas démontrée par le seul fait de la promulgation mosaïque.

2. Témoignages des autres livres de l’Ancien Testament. — Le livre de Josué parle à plusieurs reprises d’une loi, provenant de Moïse. D’abord, Dieu ordonne à Josué d’observer lui-même et de faire observer aux autres la loi de Moïse et il lui recommande de méditer le volume de cette loi. Jos., i, 7-8. Si les termes de cet ordre ne disent pas explicitement qu’il s’agit de tout le Pentateuque, ils ne l’excluent pas non plus. Le renouvellement de l’alliance, accompli conformément aux ordres de Moïse tels qu’ils sont écrits dans le livre de la loi de Moïse, Jos., viii, 30-35, vise directement les prescriptions de Deut., xxvit, 1-8, avec les bénédictions et les malédictions contenues Deut., xxvii, 9xxviii, 68 ; mais la manière dont parle l’auteur sacré suppose qu’il y a aussi autre chose dans le livre de la loi. Avant de mourir, Josué exhorte les Israélites à observer tout ce qui est écrit dans le volume de la loi de Moïse, Jos., xxiii, 6, ce qui désigne, en le prenant dans le sens le plus restreint, le Deutéronome. Enfin, après l’alliance solennelle conclue à Sichem, Josué dressa un statut et une ordonnance, et il écrivit toutes ees paroles « dans le livre de la loi de Dieu ». Jos., xxiv, 25-26. Ce texte signifie que Josué a ajouté ses ordonnances en les écrivant à la suite du livre où étaient contenues celles de Moïse. La législation de Moïse était donc écrite et révélée par Dieu. Voir Hoberg, Veber den Ursprung des Pentateuchs, dans Biblische Zeitschrift, 1906, t. iv, p. 340, qui pense que ce volume de la loi de Dieu est le Pentateuque. Il désigne au moins le Deutéronome.

Les livres des Juges et de Samuel ne parlent pas en propres termes du Pentateuque, mais ils supposent son existence. Voir Jud., i, 5, et Exod., xxxiii, 2, xxxiv, 11 ; Deut., vii, I, etc. ; Jud., ii, 1-3, et Exod. ;

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