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PROMESSE - PROPHETE

36 ; Sap., xil, 21 ; II Mach., xi, 18, etc., à cause de la fidélité de Dieu. Heb., x, 24.

Spirituelles.

1. Notre-Seigneur promet que la prière adressée à son Père sera toujours exaucée. Voir Prière, col. 667.

2. Les anciennes promesses temporelles avaient un sens spirituel concernant la nouvelle alliance et excellemment réalisé par Jésus-Christ. En lui s’accomplit pleinement ce qui a été promis aux anciens patriarches, Act., xxvi, 6 ; Kom., xv, 8 ; Gal., m, 22 ; II Cor., i, 20 ; II Pet., i, 4, spécialement par sa naissance, Act., xiii, 23, et par sa résurrection. Act., xiri, 32.

3. Lui-même a promis d’envoyer le Saint-Esprit, Luc, xxiv, 29 ; Act., i. 4, il l’a envoyé, Act., ii, 33 ; Eph., i, 13, et on participe à cet Esprit par la foi. Gal., IX, 14.

4. Les promesses de l’ancienne alliance ne concernaient que les Juifs ; aussi ces derniers sont-ils. appelés tout d’abord à bénéficier de l’effet spirituel compris dans les promesses anciennes. Rom., ix, 4 ; Act., ii, 39. Les justes de l’Ancien Testament n’ont vu que de loin l’accomplissement des promesses faites à leurs pères et ils y ont cru. assurant ainsi leur salut par la foi. Heh., xi, 13, 33, 39. Les gentils, étrangers aux promesses de l’ancienne alliance, Eph., ii, 10, participent par Jésus-Christ à celles de la nouvelle. Eph., iii, 6. En promettant d’ébranler la terre, Dieu promettait une nouvelle alliance, Heb., xii, 26, l’Évangile, promis par les prophètes. Rom., i, 2. C’est par cette alliance nouvelle et par la grâce qu’elle apporte que se réalisent, dans un sens complet, définitif et spirituel, les promesses faites jadis à Abraham. Rom., iv, 13, 14, 16 ; Gal., iii, 16 ; Heb., vi, 13. Les vrais enfants de la promesse ne sont donc pas les Juifs, mais les descendants spirituels d’Abraham, Rom., ix, 8 ; Gal., iv, 28 ; Heb., vi, 17, et cette descendance spirituelle, qui donne droit aux bienfaits de la promesse, ne vient pas de la naissance naturelle ni de la loi ancienne, mais uniquement de la foi en JésusChrist. Gal., _ iii, 18 ; lv, 23 ; Heb., vi, 12, 13.

5. Jésus-Christ, Pontife de la loi nouvelle, établit cette loi sur des promesses bien supérieures à celles de la loi ancienne. Heb., viii, 6. Il promet à ses disciples le titre de fils de Dieu, II Cor., vii, 1, la vie surnaturelle, H Tim., i, 1, les biens de la vie présente et ceux de la vie future, I Tim., iv, 8, le repos de Dieu, Heb., iv, 1, la récompense et la couronne célestes, Heb., x, 36 ; Jacoty., i, 12 ; ii, 5, la vie éternelle. Tit., i, 2 ; Heb., ix, 15 ; I Joa., ii, 25. Les incrédules doutent de la venue du royaume promis. II Pet., iii, 4. Les croyants attendent de nouveaux cieux, c’est-à-dire la vie éternelle à l’avènement du Fils de Dieu, selon sa promesse. II Pet., iii, 13.

H. Lesêtre.

PROPHÈTE, homme inspiré à qui Dieu manifeste ses volontés pour les communiquer aux autres. Les prophètes ont joué un rôle important dans l’histoire d’Israël, et Dieu s’est servi d’eux pour instruire son peuple choisi. Il n’a pas manqué non plus de prophètes dans les premiers temps du christianisme et les deux Testaments parlent fréquemment des prophètes de Dieu.

I. Notion.

Le prophète, tel qu’il apparaît dans les Livres Saints, diffère de la conception vulgaire qui ne voit en lui que celui qui prédit l’avenir. La Bible lui donne une signification plus large et elle le reconnaît comme un homme à qui Dieu manifeste spécialement ses volontés, quelles qu’elles soient, présentes oufutures, pour qu’il les fasse connaître aux autres. Comme elle n’en donne nulle part une définition expresse et formelle, il faut en dégager la notion des nombreux renseignements que l’Ancien Testament fournit sur les prophètes d’Israël. Les noms différents par lesquels ceux-ci sont désignés et la manière dont les prophètes agissaient de la part de Dieu nous serviront à préciser l’idée que la Bible nous en donne.

I. d’après leurs noms.

Trois noms hébreux, rro’-t, mil, « ’33, rô’éh, fyôzéh, nâbï, indiquent la nature du prophète Israélite. Comme, d’après une note que le rédacteur de I Sam., ix, 9, a insérée dans son récit, hni est le nom le plus ancien ou au moins le plus répandu dans l’antiquité, nous l’étudierons le premier nous y ajouterons son synonyme rnfi, avant d’examiner les noms techniques, n>33, ndbi’, en hébreu, et npoç-rç T ttiç, en grec.

Le rô’éhou voyant.

Étymologiquement, ce non » dérive de la racine nui, rtfâh, qui signifie originaire T T ment « voir » des yeux du corps ou de l’esprit. Ce verbe a servi à exprimer les visions divines des prophètes. Is., xxix, 10 ; xxx, 10. Rô’éh en est le participe actif. De soi, il pourrait désigner un voyant quelconque ; mai » l’usage biblique l’a réservé à dénommer une catégorie spéciale de voyants, d’hommes qui voient des yeux de l’esprit ce que les autres hommes ne voient pas.

Ce nom est donné à Samuel, pour la première fois dans la Bible, par Saùl et son serviteur, I Sam., ix T 11, 18, qui l’avaient d’abord appelé « homme de Dieu », 6, 7, 8, 10.<La glose du verset 9, dans les deux rédactions différentes de l’hébreu et du grec, indique que ce nom était usité à l’époque de l’événement et désignait ceux qu’au temps du rédacteur on appelait ndbi’. Le voyant était donc l’homme qu’on allait interroger quand on voulait consulter Dieu. Il voyait ce qu’on voulait apprendre de Dieu et ce que Dieu répondait à "la consultation faite. Sa réponse était considérée comme la réponse de Dieu. Si l’objet de la consultation, rapportée dans cette anecdote, est un intérêt temporel et privé, la découverte d’ânesses perdues, Dieu toutefois manifestait à Samuel des desseins plus importants et tout secrets. La veille, il lui avait révélé à l’oreille la venue de Saùl et ses vues sur lui, et quand Saùl parut devant lui, Dieu réitéra ses déclarations, 15-17. Samuel promit à Saùl de lui indiquer le lendemain tout ce qui était dans son cœur, après lui avoir annoncé que le » ânesses étaient retrouvées, 19, 20. Le lendemain, en effet, il fit connaître au fils de Cis la parole du Seigneur, 27, l’élection divine à la royanté, x, 1, et il lnï donna trois signes pour confirmer la vérité de cette déclaration, 2-11. Ce n’était pas, d’ailleurs, la première révélation faite par Dieu à Samuel. Celui-ci, encore enfant, avait entendu à Silo la voix divine. La première fois qu’elle se fit entendre, l’enfant ne savait de qui .elle provenait, I Sam., iii, 7, parce que la parole de Dieu ne lui avait pas encore été manifestée. Du reste, elle était rare à cette époque, et les visions n’avaient pas lieu, 1. Au troisième appel, Héli comprit que Je Seigneur parlait à Samuel, 2. Au quatrième, l’enfant, obéissant aux recommandations du prêtre, dit ; « Parlez, Seigneur, votre serviteur écoute, » 10, et le Seigneur lui annonça le sort qu’il réservait à la famille d’Héli, 11-14. Samuel craignait de rapporter au prêtre la vision, nNisn, 15. Interrogé, il répéta les paroles divines, 16-18. Samuel fut dès lors connu dans tout Israël comme un prophète, 20, 21. Cf. II Par., xxxv, 18. Il porte spécialement dans l’Écriture le nom de voyant. I Par., ix, 22 ; II Par., xxvi, 28 ; xxix, 29.

Quelques autres personnages cependant sont.dits voyants. David appelle ainsi le prêtre Sadoc. II Sam., xv, 27. Le prophète Hanani, qui vivait sous le règne d’Asa, porte aussi ce nom. II Par., xvi, 7, 10. Isaïe, xxx, 10 ; xxxii, 3, emploie poétiquement le pluriel rô’tni. On en a conclu que le nom de voyant a cessé d’être usité après le règne d’Asa. Quoi qu’il en soit, ces simples attributs ou ces substantifs absolus ne non ? apprennent rien sur la signification du nom. Toutefois, de l’histoire de Samuel il ressort que le voyant recevait la vision et entendait la parole de Dieu pour les manifester aux autres.