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PROCURATEURS ROMAINS


intervention, lorsque des troubles étaient à craindre ou qu’il surgissait de sérieuses difficultés. Il agissait alors en Judée avec pleine autorité, comme le firent Petronius, Ant. jud., XVIII, vrn, 2-9 ; Cassius Longinus, Ant. jud., XX, i, 1 ; Cestius Gallus, Bell, jud., II, xiv, 3. Les procurateurs résidaient habituellement à Césarée, sur le bord de la mer ; ils n’allaient à Jérusalem qu’à l’époque des grandes fêtes, pour surveiller les mouvements du peuple. Au commandement des troupes ils joignaient l’administration de la justice et des finances.

1° Pouvoir militaire. — Les procurateurs étaient commandants de corps d’armée, comme les légats des provinces impériales, avec cette différence toutefois que les troupes rangées sous leurs ordres étaient des auxiliaires et non des légionnaires. Voir Auxiliaires, t. i, col. 1282 ; Armée romaine, t. i, col. 994. Alors que, sous Auguste, il y avait trois légions en Syrie, et quatre depuis Tibère, la Judée ne posséda, jusqu’à Vespasien, que des troupes auxiliaires, pour la plupart levées dans le pays même, et recrutées dans la population non juive. C’est ainsi que nous trouvons mentionnés les SE60KTTr]vot, Sebasteni, ou soldats pris sur le territoire de Sébaste, l’ancienne Samarie, aujourd’hui Sebastiyéh. Cf. Josèphe, Ant. jud., XIX, ix, 1-2 ; XX, vi, 1 ; viii, 7 ; Bell, jud., Il, iii, 4 ; iv, 2-3. Ce corps est sans doute identique à celui que nous montrent plus tard les inscriptions. Cf. Corpus inscriptionum latinarum, t.vm, n.9358, _9359. Un diplôme militaire de l’armée de Judée nous apprend que, en l’an 139 après J.-C, les corps auxiliaires (trois ailes et douze cohortes), placés sous les ordres du légat P. Calpurnius Atilianus, comprenaient entre autres une Cohors l Sebastenorum miliaria. Cf. Héron de Villefosse, Revue biblique, 1897, p. 598-604. Aux 2sëa<jTr)voî Josèphe associe plusieurs fois les KotKTOtpeïç, Csesarenses. Cf. Ant. jud., , XIX, IX, 1-2 ; XX, viii, 7. Il ne faut pas confondre avec ces volontaires de Sébaste la a-ïtsîpa Ssôokttti, à laquelle appartenait le centurion Julius, qui fut chargé de conduire saint Paul à Rome. Act., xxvii, 1. Le mot Eeëa<rrT|, Augusta, n’est qu’un titre honorifique donné à cette cohorte. Voir Augusta (Cohorte), t. i, col. 1235. Au temps des Apôtres, il y avait à Césarée une cohorte italique, (TTisîpa’ÏTaXtxTi, dont faisait partie le centurion Corneille, qui fut baptisé par saint Pierre., Act., x, 1. Voir Italique (Cohorte), t. iii, col. 1038. D’autres villes et d’autres postes possédaient également de petites garnisons : ainsi Jéricho et Machéronte. Bell, jud., II, xviii, 6. On les trouvait éparses dans la Samarie, Bell, jud., III, vii, 32, et la plaine d’Esdrelon était gardée par un décurion. Josèpbe, Vita, 24. Jérusalem avait une cohorte, commandée par un ^iXs’apxo ; ( ou tr i DUn i d’après la Vulgate). Act., xxi, 31-37 ; xxii, 24-29 ; xxiii, 10, 15-22 ; xxiv, 7, 22. Josèphe, Ant. jud., XV, xi, 4 ; . XVIII, iv, 3, appelle le commandant de l’Antonia <ppoypapxo ; .. La garnison comprenait aussi des cavaliers. Act., xxjii, 23, 32. Après la grande guerre de 66-73 après J.-C, la situation militaire changea en Palestine, le gouverneur « l’étant plus un procurateur d’ordre équestre, mais un légat d’ordre sénatorial ; une légion, la legio X Fretensis, vint s’établir sur les ruines de Jérusalem.

2° Pouvoir judiciaire. — Comme les gouverneurs d’ordre sénatorial, les procurateurs avaient également droit de haute justice dans leur province ; mais ceux de Judée ne l’exercèrent que dans les cas extraordinaires. La justice ordinaire, en effet, aussi bien dans les causes criminelles que dans les causes civiles, était restée entre les mains des Juifs. Le pouvoir du procurateur comprenait le droit de vie et de mort, le jus gladii. Josèphe, Bell, jud., II, vw, 1, nous dit que Coponius avait reçu |iéxpt T0 ^ xTsfvetv èïoWoiv, la puissance de condamner même à la peine de mort. Cependant le citoyen romain, sous le coup d’une accusation capitale, gardait, au commencement et au

cours du procès, le droit d’en appeler à César. Act., xxv, 10-12, 21 ; xxvi, 32. Le pouvoir coercitif du gouverneur ne s’étendait donc qu’aux gens de la province, qu’il pouvait néanmoins renvoyer à Rome, pour un jugement définitif, lorsqu’en raison de la difficulté du cas il aimait mieux laisser la décision à l’empereur. Ainsi fit Félix pour Éléazar et un grand nombre de ses compagnons. Ant. jud., XX, viii, 5 ; Bell, jud., Il, xiii, 2. Bien que le procurateur fût seul juge, il prenait cependant assez souvent l’avis de son « conseil », u’jjjiëoijXtov, Act., xxv, 12, composé en partie des hauts fonctionnaires de sa suite, en partie des jeunes gens qui l’accompagnaient pour leur propre formation. L’exécution de la sentence capitale revenait régulièrement aux soldats. Voir Bourreau, t. i, col. 1895.

3° Pouvoir financier. — Les procurateurs avaient encore pour fonction de veiller à la perception des impôts ; c’est même de là que leur venait leur titre. La Judée étant province impériale, son tribut allait au trésor de l’empereur, et non à celui du sénat. Cf. Matth., xxii, 17-21 ; Marc, vii, 14-17 ; Luc, xx, 2225. Pour les impôts en usage dans la fiscalité impériale et la manière de les lever, voir Cens, t. ii, col. 422 ; Impôts, t. iii, col. 851 ; Publicains.

III. Liste. — On compte quatorze procurateurs romains en Palestine, sept de l’an 6 à l’an 41, avant le règne d’Agrippa I er (41-44), et sept après, de 44 à 66. Nous n’avons que peu de renseignements sur plusieurs d’entre eux.

1° Coponius, 6-9 ap. J. C. Il vint en Judée avec Quirinius. Ant. jud., XVIII, 1, 1. C’est sous son administration que quelques Samaritains, entrés furtivement à Jérusalem, vinrent, une nuit, pendant la fête de Pâque, jeter des ossements humains dans le temple, pour le souiller et ainsi en empêcher l’accès au peuple. Ant. jud., XVIII, II, 2. C’est aussi dans cette période que Judas le Gaulonite fomenta une sédition, en proclamant qu’on ne devait ni payer l’impôt aux Romains, ni reconnaître d’autre maître que Dieu. Bell, jud., II, viii, 1.

S" Marcus Ambivius ou Ambibulus ; on lit dans Josèphe, Ant. jud., XVIII, ii, 2 : ’Afiëioû’ioç, dans certains manuscrits : ’A[xgiëouxoç ; le nom d’Ambibulus se retrouve ailleurs, par exemple celui des consuls C. Eggius Ambibulus et Varius Ambibulus. Cf. Corpus Inscript, lat., t. x, n. 3864. Ce procurateur fut en Judée de l’an 9 à l’an 12. De son temps, Salomé, sœur du roi Hérode, légua en mourant à Livie, épouse d’Auguste, différentes villes, comme Jamnia, Phasaélis et Archélaïs. Ant. jud., XVIII, ii, 2 ; Bell, jud., II, ix, 1.

3° Annius Rufus, 12-15. Ant. jud., XVIII, ii, 2.

4° Valerius Grdtus, 15-26. Envoyé par Tibère, il déposa et nomma successivement plusieurs grands prêtres : Anne (6-15) ; Ismaël, fils de Phabi ; Eléazar, fils d’Anne ; Simon, filsdeCamith ; et Caïphe. Ant. jud., XVIII, ii, 2.

5° Pontius Pilatus, 26-36. Voir Pilate, col. 429.

6° Marcellus, 36-37, ami de Vitellius, légat de Syrie, et envoyé par lui. Ant. jud., XVIII, iv, 2 ;

7° Marullus, 37-41. Ant. jud., XVIII, vi, 10.

8° Cuspius Fadus, 44- ?. Envoyé par Claude, après la mort du roi Agrippa I, il gouverna, comme ses successeurs, non plus seulement la Judée, mais toute la Palestine, Ant. jud., XIX, îx, 2. Il eutà arrêter un conflit entre les Juifs de la Pérée et les habitants de Philadelphie, délivra la Judée des brigandages qui s’y commettaient ; mais il souleva maladroitement une difficulté à propos des vêtements du grand-prêtre, qu’il voulait faire garder dans l’Antonia, afin qu’ils fussent au pouvoir des Romains. Ant. ; tctf v <XX, i, 1, 2. Il mit également à mort l’imposteur Theudas et un grand nombre de ses partisans. Ant. jud., XX, v, 1.

9° Tiberius Alexander, jusqu’à 48. Issu d’une des plus grandes familles juives d’Alexandrie, neveu de