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PROCOPE DE GAZA


date précise de sa naissance et de sa mort. Son disciple et son successeur, le sophiste Choricius, a écrit son éloge dans un discours intitulé Xopixt’ou uofioroO ÈKiTiiçio ; citï Ilpoxoiti’ii) <Toç’.<rrrj YâXftib lôyoc, et publié, avec une traduction latine de Joseph Chrétien Wolff, par Fabricius, Bibliotheca greeca, édit. H » rless, V, xxxi, t. viii, p. 840-851, et aussi par Boissonade, Choricii Gazæi orationes, declamationes, fragmenta, Paris, 1844, p. i-24. Avec les lettres de Procope (voir Pat. Gr., t. lxxxvii, col. 2717-92, Fabricius-Harless, Bibliotheca grœca, t. ix, p. 296 et R. Hercher, Epistolograpki grxci, Paris, 1873, p. 533-598), le panégyrique de Choricius est la principate source pour la biographie, d’ailleurs peu fournie, de Procope. Sauf quelques courts séjours à Alexandrie, à Césarée, en Pamphylie, et peut-être à Constantinople, sa paisible carrière s’est toute entière écoulée dans sa ville natale. Étranger aux agitations qui, de son temps, bouleversèrent l’Église et l’État, Procope se voua complètement et uniquement à des travaux littéraires et théologiques. Nous n’avons à nous occuper ici que de ces derniers. La majeure partie de l’œuvre de Procope est consacrée à l’Écriture Sainte. Il est, parmi les commentateurs de la Bible, un des principaux exégètes de ceux qui ont pratiqué la méthode dite de la Chaîne (ueipâ, Catena). Lui-même caractérise nettement son procédé, au début d’un commentaire sur la Genèse, t. lxxxvii, col. 21. « Nous avons réuni les explications sur l’Octateuque fournies par les Pères et d’autres écrivains, les recherchant dans les documents et divers discours… lorsqu’une explication est commune à tous, nous ne la donnons qu’une fois. S’il y a quelque divergence, nous l’exposons sommairement pour faire de toutes les opinions un seul corps, qui renfermera pour nous les sentiments de tous. » Les commentaires de Procope, qui tous portent sur l’Ancien Testament, sont les suivants. 1° Celui que Photius, -Bibl., ccvi, t. ciii, col. 676, intitule IIpoxoTC(o’j coçkttou è^Yquxat ayjilcù éiç xe xr, v’Qxtocteuxov tûv IlaXaiwv Tpa^iiâTtov xai eïç ta ; Ba<rt-Xeca ; xal 8ï| sï ; ta LTapaXe ! ir<S|jisv<i. Il fut publié pour la première fois en 1553 à Zurich par André Gesner, mais seulement en traduction latine, peu correcte de Conrad Clauses, qui porte aussi le nom de Claude Thrasybule. Toutefois Conrad Clauser ne traduisit que le commentaire sur la Genèse, l’Exode et le Lévitique ; le reste de la traduction, soit la partie concernant le Deutéronome, le livre de Josué, celui des Juges, ceux des Rois et les Paralipomènes furent l’œuvre d’Hartman Hamberger. En 1620, J. Meursius publia à Lyon, une traduction de Louis Lavater, ou plutôt aussi, prétend-on, d’Hartman Hamberger, le texte grec des scolies sur les livres des Rois. J. Meursius, Opéra, t. viii, p. 1 et suiv. Le cardinal Auguste Mai, au xixe siècle, retrouva le texte grec de la partie du commentaire qui se rapporte à la Genèse et l’édita à Rome en 1834, dans ses Classici auctores, t. vi, p. 1-18. Migne, t. lxxxvii, a reproduit le texte grec de Mai et la traduction de Gesnert, d’Hamberger, on y ajoutant, pour certaines parties, le texte grec de la Catena Lipsiensis éditée à Leipzig en 1772, par Nicéphore Hiéromonachos, et que l’on a tout lieu de croire l’œuvre de Procope. — 2° Commentaire sur le livre des Proverbes ; signalé par Montfaucon, Palœographia grœca, p. 278 et suiv., et Turrianus, Defensio epistolarum Pontificum, t. iv, p. 4, 6, 17, le texte grec en a été publié par le cardinal Mai, Classici auctores, t. ix, p. 1-256, et il a été reproduit avec une traduction latine dans Migne, t. lxxxvii, col. 1221-1514. Dans un manuscrit de la Bibliothèque royale de Belgique, n° 389596 (cf. J. Van den Gheyn, Catalogue des. manuscrits de la Bibliothèque royale de Belgique, t. ii, p. 221-222), oh trouve p. 1-247, le texte grec de IIpoxoTrtou TaÇat’oy XptCTTtavoû uotpioToy TtSv £tç *uàç îcapot|xtaç SaXofjLwvroç ^YITtxôiv êxloYiôv ÊTttTOtiVî, accompagné d’une traduc tion latine faite au xviir siècle par Balthazar’Cordier, . S. J. Migne, t. lxxxvii, col. 1779-1800, en donne quelques extraits. — 3° Dans les Auctores classici, t. ix f p. 257-430, le cardinal Mai et Migne, t. lxxxvii, col. 15411754, ont publié Ilpoxomou TaÇaiou -/ptatiavovi « roiptaxoû e ! c ta otaiiaTà twv àufiâtuv l$tiY1~tx<5v ÈxXofâJv èmTO(iVi r Procopii Gazsei christiani sophistse in Cantica Canticorum selectarum expositionum epitome. Migne a ajouté à son édition les variantes du mss. n » 3895-96de la Bibliothèque royale de Belgique. En outre, Mai, Classici auctores, t. vi, p. 348, et Migne, t. cité, col. 17551779, ont publié des fragments d’un autre commentaire de Procope sur le Cantique des Cantiques. — 4° En 1579, Jean Curterius publia le texte grec et la version latine d’un long commentaire de Procope sur Isaïe, reproduit dans Migne, t. lxxxvii, col. 1801-2718. Cave, Historialitteraria, 1740, p. 327, attribue à Procope un commentaire sur les douze petits prophètes, mais cette opinionn’est guère appuyée. Toutefois, il n’est pas impossible qu’un examen plus approfondi des manuscrits fasse retrouver encore un certain nombre d’ouvrages du sophiste de Gaza, ou du moins des exemplaires de traités de Procope connus seulement par un texte unique. Ainsi M. E. Bratke, Handschriftliches zu Procopio » von Gaza, dans Zeitschrift fur wissenschaftliche Théologie, t. xxxix, 1896, p. 303-12, croit avoir reconnu une Chaîne de Procope sur le Cantique des Cantiques dans le manuscrit grec n » 131 de la bibliothèque de Munich et il signale également de nouveaux exemplaires du commentaire sur le livre des Proverbes.

Les travaux scriptùristiques de Procope ont de tout temps, chez ceux qui les ont édités ou connus, excité une vive admiration. Ernesti loue sa vaste érudition et sa profonde connaissance des anciens exégètes. Patr. Gr~, . t. lxxxvii, col. 15. Le cardinal Mai relève l’importancedes commentaires et qualifie la méthode de Procope « d’herméneutique solide et de doctrine authentique », et il constate que l’on retrouve chez lui d’intéressantes variantes des Hexaples d’Origène. Patr. Gr., t. IX, col. 17. Jacques Gesner, un des éditeurs de Procope, émet un jugement semblable. Ibid., col. 11. On s’est récemment surtout préoccupé, en ce qui concerne Procope de Gaza, de démarquer le fond même de ses commentaires sur l’Écriture, si riches en extraits d’auteurs anciens, dont quelques-uns sont en partie perdus ou incomplètement conservés. En d’autres termes, on s’est efforcé de reconnaître les sources auxquelles Procope a puisé ; s’il nomme parfois les écrivains auxquels il emprunte, le plus souvent il fond les opinions d’autrui dans son propre texte. M. Rendel Harris, Fragmenta of Philo-, Cambridge, 1886, a constaté que Procope s’est plus d’une fois inspiré des écrits du juif Philon, dans son commentaire sur l’Octateuque. Des constatations analogues ont été faites par MM.P. Windland, Neuentdeckte Fragmente Philo’s, Berlin, 1891, p. 19, note 17, et L. Cohn, Zwr indirecten Uberlieferung Philo’s und der àlteren Kirchenschriftsteller, dans Jahrbuch fur protestantische Théologie, 1812, p. 475-492. Mais ils signalèrent en même temps l’influence d’Origène, toutefois en bornant leurs observations aux textes parallèles d’Origène et de Procope pour le commentaire sur la Genèse et suipl’Exode et ne renseignant pas les homélies d’Origène comme ayant été utilisées par Procope. Cette dernière constatation était réservée à M. Éric Klostermann, qui a nettement indiqué que les, homélies d’Origène ont été mises à contribution par Procope dans son commentaire sur le livre de Josué ; mais seulement les quatre premières et les onze dernières des vingt-six homéliesd’Origène sur Josué. Griechische Excerpte ans Homilien des Origenes, dans Texte und Untersuchungen zur altchristlichen Literalur, t. xii, Heꝟ. 3, 1894, p. 1-12. Toutes les recherches sur l’œuvre de Procope et ses sources ont été complétées de façon notable par