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PRIERE


sauver de la mort, et fut exaucé pour sa piété. » Cet exemple montre déjà quelle importance a la prière dans la religion et, en général, dans les relations de l’homme avec Dieu.

II. Sa. nécessité. — Il y a, surtout dans l’ordre naturel, une foule de biens que Dieu accorde même à ceux qui ne le prient pas. « Il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et descendre sa pluie sur les justes et sur les injustes. » Matth., v, 45. Mais beaucoup de biens, principalement dans l’ordre spirituel, ne peuvent être accordés qu’à ceux qui les demandent par la prière. « Sachant que je ne pouvais obtenir la sagesse si Dieu ne me la donnait, et c’était déjà de la prudence que savoir de qui vient ce don, je m’adre ssai au Seigneur et je l’invoquai. » Sap., viii, 21. Pour faire comprendre cette nécessité de la prière, Notre-Seigneur se sert de deux exemples. Un ami déjà couché ne se lève que quand son voisin vient avec insistance le solliciter pour lui emprunter du pain. Autrement, il ne se lèverait pas et n’irait pas au-devant de ses désirs. En conséquence, « demandez et l’on vous donnera, cherchez et vous trouverez, frappez et l’on vous ouvrira. Qui demande reçoit, qui cherche trouve, à qui frappe on ouvre… Si vous, qui êtes méchants, vous savez donner ce qui est bon à vos enfants, combien plus votre Père du haut du ciel donnera-t-il le bon esprit à ceux qui le lui demandent ! » Luc, xi, 5-13. Pour montrer « qu’il faut toujours prier sans se lasser », le Sauveur met encore en scène une pauvre veuve qui n’obtient gain de cause auprès d’un juge inique qu’à force d’instances. Puis, comparant Dieu à ce juge inique, il conclut qu’à plus forte raison ceux qui s’adressent à lui seront exaucés. Luc, xviii, 1-8. Le Sauveur prescrit à ses Apôtres de veiller et de prier, afin de ne pas entrer en tentation. Matth., xxvi, 41. Saint Jacques, iv, 2, dit aux chrétiens que, s’ils n’obtiennent pas, c’est qu’ils ne demandent pas. — De là les exhortations pressantes à la prière fréquente, Luc, xviii, l ; « Priez sans cesse, »

I Thés., v, 17 ; Soyez « assidus à la prière, » Rom., xii ; 12 ; « persévérez dans la prière, » Col., iv, 2 ; s soyez prudents et sobres, pour vaquer à la prière. » I Pet., iv, 7. Dans les circonstances graves, les Apôtres et les chrétiens avaient recours à la prière continue. Act., i, 14 ; xii, 5. La vraie veuve « persévère nuit et jour dans les supplications et les prières. » I Tim., x, 5. Ces exhortations et ces exemples s’inspirent de la recommandation du Seigneur : « Veillez et priez sans cesse, afin que vous soyez trouvés dignes d’échapper à tous ces maux qui doivent arriver, et de paraître debout devant Je Fils de l’homme. » Luc, xxi, 36.

III. Son efficacité. — Du commencement à la fin, la Sainte Ecriture témoigne de l’accueil bienveillant que Dieu fait à la prière. Gen., xxx, 17 ; Num., xxiii, 1 ; Deut, ix, 19 ; I Reg., vii, 9 ; III Reg., xvii, 22 ;

II Esd., ix, 28 ; Ps. iv, 2 ; xviii (xvii), 7 ; xxxiv (xxxin), 5 ; Is., xlix, 8 ; Dan., xiii, 44 ; II Mach., i, 8 ; Luc, i, 13, etc. Notre-Seigneur exauce presque tous ceux qui l’implorent. ILdonne les assurances les plus formelles sur l’efficacité de la prière. Matth., vii, 7-12 ; Luc, xi, 1-13. « Je vous le dis de nouveau, si deux d’entre vous s’entendent sur la terre, quoi qu’ils demandent, ce leur sera accordé par mon Père qui est dans les cieux. » Matth., xviii, 19. « Tout ce que vous demanderez avec foi dans la prière, vous l’obtiendrez. » Matth., xxi, 22 ; Marc, xi, 21. « Tout ce que vous demanderez à mon Père en mon nom, je le ferai, pour que le Père soit glorifié dans le Fils. » Joa., xiv, 13-14. « Si vous demeurez en moi, et si mes paroles demeurent en vous, vous demanderez tout ce que vous voudrez et cela vous arrivera. » Joa., xv, 1, 16. « Ce que vous demanderez à mon Père en mon nom, il vous le donnera. Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom : demandez et vous recevrez. » Joa., xvi, 23, 26. En

mettant au cœur de l’homme l’instinct naturel de la prière, Dieu s’était engagé à lui donner satifaction, el, par conséquent, à accueillir et à exaucer les prières qui lui seraient adressées. Notre-Seigneur corrobore puissamment la confiance de l’homme, en multipliant lui-même les promesses. « Nous avons auprès de Dieu cette pleine confiance que, si nous demandons quelque chose selon sa volonté, il nous écoute. Et si nous savons qu’il nous écoute, quelque chose que nous lui demandions, nous savons que nous obtenons ce que nous avons demandé. » I Joa., v, 14-15. La mort volontaire de Jésus-Christ nous est un infaillible garant des promesses de Dieu. « Lui qui n’a pas épargné son propre Fils, mais qui l’a livré à la mort pour nous tous, comment avec lui ne nous donnera-t-il pas toutes choses ? » Rom., viii, 32. — Pour figurer l’efficacité de la prière, les auteurs sacrés se servent de métaphores expressives. La prière monte jusqu’au ciel, à la sainte demeure de Jéhovah, II Par., xxx, 27, devant la gloire du Dieu souverain, Tob., iii, 25, en sa présence. Ps. lxxxviii (lxxxvii), 3. Elle s’élève comme l’encens. Ps. cxli (cxl), 2. Elle pénètre les nues. Eccli., xxxv, 21. Quand il ne veut pas exaucer, Dieu se couvre d’une nuée, « afin que la prière ne passe point. » Lam., iii, 44. — Ce n’est pas à dire pourtant que la prière soit toujours efficace, au moins dans les termes où elle a été formulée. Dieu voit plus loin que celui qui le prie et sa sagesse règle l’action de sa bonté. Aussi saint Jean dit-il que Dieu nous écoute, si ce que nous lui demandons est « selon sa volonté ». I Joa., v, 14. Autrement, au bien demandé, il substitue un bien préférable. Il y a donc, dans la Sainte Écriture, des prières bonnes en elles-mêmes qui, pour ce motif, ne sont pas exaucées. Telles sont celle du possédé guéri qui demande à suivre Jésus, Marc, v, 18, 19 ; Luc, viii, 38, 39, celle des fils de Zébédée et de leur mère, Matth., xx, 20-23 ; Marc, x, 35-40, et surtout celle du Sauveur à Gethsémani. Matth., xxvi, 39-44 ; Marc, xiv, 36-40 ; Luc, xxii, 42.

IV. Ses conditions. — Saint Jacques, iv, 3, écrit : « Vous demandez et vous ne recevez pas, parce que vous demandez mal, avec l’intention de satisfaire vos passions. » Il y a donc des conditions à remplir pour être exaucé. La Sainte Écriture indique les suivantes : — 1° Conditions essentielles. — 1. La foi et la confiance. Comme il est impossible de plaire à Dieu sans la foi, il est de toute nécessité de croire pour s’approcher de Dieu utilement. Heb., xi, 6. Notre-Seigneur exige absolument cette foi. Matth., xxi, 22. Il la réclame ordinairement de ceux qui le prient et les traite en conséquence de leur fol. Matth., viii, 13 ; IX, 28 ; Marc, v, 36 ; ix, 22 ; xi, 23 ; Luc, viii, 50 ; etc. C’est la prière avec la foi qui soulage le malade. Jacob., v, 15. — 2. L’humilité. Dieu s’incline à la prière du petit. Ps. en (ci), 18. C’est aux humbles qu’il accorde sa grâce. Jacob., iv, 6 ; I Pet., v, 5. La parabole du pharisien et du publicain a pour but de faire comprendre la nécessité de l’humilité quand on parle à Dieu. Luc, xviii, 9-14. — 3. La loyauté. Dieu veut que ceux qui lui demandent de faire leur volonté commencent par faire la sienne. « Jéhovah est près de tous ceux qui l’invoquent d’un cœur sincère. » Ps. cxlv (exuv), 18. « Il écoute la prière des justes. » Prov., xv, 29. Par conséquent, pour prier devant la face du Seigneur, il faut quitter ses péchés, diminuer ses offenses, détester le mal. Eccli., xvii, 24, 25. La prière de celui qui n’écoute pas la loi est une abomination. Prov., xxviii, 9. Elle est même réputée péché, c’est-à-dire qu’elle est offensante pour Dieu. Ps. cix (cvni), 7. « Quand-vous multipliez les prières, dit Jéhovah, je n’écoute pas… Lavez-vous, purifiez-vous, ôtez de devant mes yeux la malice de vos actions. » Is., i, 15. — 4. La charité fraternelle. Le Sauveur en insère la condition dans le Pater même, et