gens, enfants d’Israël, pour offrir des holocaustes à Jéhovah et immoler des taureaux en actions de grâces. Exod., ssiv, 4-5. Puis les anciens d’Israël, et non les prêtres, sont admis à monter sur la montagne. Exod., xxiv, 9. On a pensé que ces prêtres n’étaient autres que les premiers-nés, cf. S. Jérôme, Epist. lxxiii, 6, t. xxii, col. 680, que Jéhovah avait commandé de lui consacrer, Exod., xiii, 2, et qui furent ensuite remplacés par les lévites. Mais rien ne prouve ojueles premiers-nés aient été appelés à remplir des fonctions sacerdotales si peu de temps avant l’institution du sacerdoce aaronique, et, d’autre part, les Hébreux devaient avoir depuis longtemps des hommes marqués pour offrir les sacrifices. D’après de Hummelauer, In Exod. et Levit., Paris, 4897, p. 6, le sacerdoce aurait été exercé en première ligne par les chefs de famille, sans préjudice du droit qui appartenait aux fils, comme Caïn etvbel, Jacob, etc., d’offrir des sacrifices en certains cas. Jacob, chef de famille et prêtre, aurait transmis ses droits, non à son aîné, Ruben, mais à Joseph, qu’il appelle « prince de ses frères ». Gen., xlix, 26. Manassé, l’aîné de Joseph, aurait hérité de la charge sacerdotale de son père, et après lui les prêtres des Hébreux auraient été choisis dans sa tribu. Mais ensuite cette tribu serait devenue indigne de son mandat ; aussi Moïse tint-il ses prêtres à l’écart au moment de la promulgation de la loi et fit-il offrir les sacrifices par des jeunes gens choisis ailleurs. Les prêtres manasséens auraient été les instigateurs du culte rendu au veau d’or, et trois mille d’entre eux auraient été mis à mort par les fils deLévi.Exod., xxxiii, 28. Plus tard, afin de briser davantage l’orgueil de la tribu et couper court à ses prétentions, Moïse l’aurait divisée en deux, pour qu’une partie fût établie à l’est du Jourdain et l’autre à l’ouest. Ces conjectures sont spécieuses ; mais on ne peut démontrer historiquement ni la transmission exclusive du droit sacerdotal de Jacob à Joseph, ni la fixation du sacerdoce dans la tribu de Manassé. Pendant le séjour des Hébreux en Egypte, le sacerdoce continua à être exercé parmi eux dans des conditions sur lesquelles les renseignements nous font défaut. Quand Dieu voulut instituer les cérémonies de son culte, il était naturel qu’il mit de côté l’ancien sacerdoce, quel qu’il fût, pour en créer un nouveau.
II. Sacerdoces idolatriques. — Les coutumes primitives étaient passées à tous les peuples, mais elles s’étaient transformées suivant les conditions particulières à chacun d’eux. Quand ceux-ci se créèrent de multiples divinités, ils ne manquèrent pas de mettre à leur service des hommes ou même des femmes ayant les attributions sacerdotales.
1° Chez les Égyptiens. — Le pharaon exerçait la haute maîtrise sur tous les cultes de son empire ; il officiait devant tous les dieux, sans être spécialement prêtre d’aucun, et mettait à la tête des temples les plus richement dotés, comme ceux de Pthah Memphite ou de Rà Héliopolitain, les princes de sa famille ou ses serviteurs les plus fidèles. Le seigneur féodal exerçait sa juridiction sur les temples de son territoire et il y « xerçait le sacerdoce. Toute une hiérarchie, de prêtres remplissaient les autres fonctions, lis étaient de toute origine et il n’y avait pas de règles spéciales pour leur recrutement ; mais ils tendaient à rendre leur situation héréditaire et leurs enfants occupaient presque toujours leur place, de sorte que les prêtres égyptiens finirent par constituer une sorte de caste sacrée. Les temples les logeaient, les nourrissaient du produit des sacrifices et leur assuraient des revenus en rapport avec leur rang ; de plus, ils étaient exempts des impôts ordinaires, du service militaire et des corvées. Les nombreux serviteurs et scribes qni les entouraient partageaient en fait les mêmes privilèges. Il y avait là tout un monde qui échappait aux charges communes. Le prêtre égyptien avait à veiller aux mille formalités que comportait
le culte de la divinité à laquelle if était voué. Tous les
prêtres étaient assujettis à de multiples purifications
et devaient avoir la « voix juste » pour réciter correctement
les formules de prière. Ils formaient une hiérarchie
savamment ordonnée. Cf. Brugsch, Die Aegyptologie,
Lepzig, 1891, p. 275-291. À chaque culte était préposé
un souverain pontife, appelé premier prophète
quand il servait une divinité secondaire : Au temple de
Râ, à Héliopolis, et dans ceux du même rite, il se nommait
Oirou maou, « maître des visions », parcequeseul,
avec le pharaon et le seigneur du nome, il avait le droit
d’ « entrer au ciel et d’y contempler le dieu », c’est-à-dire
de pénétrer dans le plus intime du sanctuaire.
Cf. Maspero, Histoire ancienne, 1. 1, p. 123-125, 303-305.
Putiphar, « consacré à Rà », dont la fille Aseneth fut
donnée en mariage à Joseph, était prêtre à On ou Héliopolis,
là même où Râ, le soleil, avait son temple. Gen.,
xli, 45. La fonction de Putiphar devait être la première
du temple ou l’une des principales. Le philosophe stoïcien
Chœrémon, qui vivait au milieu du I er siècle,
écrivit une histoire d’Egypte dont il ne reste que des
fragments. Cf. Josèphe, Cont. Apion., i, 32-33. L’un
d’eux, conservé par Porphyre, et cité par saint Jérôme,
Adv. Jovin., ii, 13, t. xxiii, col. 302, décrit’en ces termes
la vie des prêtres égyptiens : « Ils mettent de côté toutes
les affaires et les préoccupations du monde, pour être
toujours dans le temple. Ils observent les natures des
êtres, les causes et les lois des astres. Ils ne se mêlent
jamais aux femmes, et ne voient plus leurs parents,
leurs alliés ni même leurs enfants, du jour où ils commencent
à se consacrer au culte divin. Ils s’abstiennent
absolument de viande et de viii, à cause de l’affaiblissement
des sens et du vertige de tête qu’ils éprouvent
même après en avoir pris très peu, et surtout à cause
des appétits désordonnés qu’engendrent cette nourriture
et cette boisson. Ils mangent rarement du pain, pour ne
pas se charger l’estomac ; et quand ils mangent, ils
prennent avec leurs aliments de l’hysope pilé, pour
que sa chaleur fasse digérer une nourriture trop lourde.
… Au même titre que la viande, ils s’abstiennent d’oeufs
et de lait… Leur couche est faite avec des branches de
palmiers ; un escabeau incliné et posé à terre sert de
coussin à leur tête ; ils supportent des jeûnes de deux,
trois jours. » Cf. Porphyre, De abstin., iv, 6-8. Ce portrait
ne s’appliquait qu’à une élite des prêtres égyptiens,
ceux qu’on appelait prophètes, kposToXiirraf, « chargés
des habits sacrés des dieux », scribes, et <opoX<Syoi, « ceux qui disent l’heure », et encore n’est-il pas certain
que ces coutumes ascétiques remontent très haut. On
voit cependant que certaines pratiques sont communes
aux prêtres égyptiens et à ceux d’Israël.
2° Chez les Babyloniens. — En Chaldée, comme en Egypte, le roi était le prêtre par excellence ; il prenait le titre de patési ou « vicaire » de la divinité. Les fonctions journalières du sacerdoce étaient remplies par des prêtres, soit héréditaires, soit recrutés, formant une hiérarchie sous la conduite du grand-prêtre de chaque temple. Les grands-prêtres des divinités principales, Bel-Mardouk, Sin et Schamascb, participaient à la suprématie de leur dieu. Parmi les prêtres, les issakku présidaient aux libations, les sangu gouvernaient les différentes parties du domaine de la divinité, les kipu et les Satammû veillaient à ses intérêts financiers, les pasiSu s’occupaient des détails du culte ; au-dessous d’eux venaient les sacrificateurs et leurs aides, les devins, les augures, les prophètes, les hiérodules de toute espèce. Tous vivaient des revenus du dieu et des offrandes qui lui étaient apportées. Cf. Maspero, Histoire ancienne, t. i, p. 675-679. Le grand-prêtre s’appelait Sangamahhu ; sous ses ordres agissaient VaSipu et le bâru. UaSipu ou « c enchanteur » était une sorte d’exorciste chargé de conjurer les mauvais esprits, causes des maladies et de tous les maux qui affligent l’huma V. - 21