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PRÉTOIRE


couvert également une ancienne piscine, taillée dans le roc, divisée en deux branches parallèles, qui se dirigent du nord-ouest au sud-est ; elle s’enfonce légèrement sous le rocher Baris, à l’angle nord-ouest.

Tel était le terrain sur lequel Hérode bâtit l’Antonia. Mais il n’en fit pas seulement une forteresse, il voulut aussi s’y ménager un palais, avec péristyles, salles de bains et vastes cours. Cf. Josèphe, Bell, jud., V, v, 8. Pour cela, il dut nécessairement élargir la citadelle de Baris, trop étroite pour porter les nouveaux monuments. Ne pouvant, d’après le P. Barnabe, l’agrandir du côté du sud, il l’étendit des autres côtés, et principalement sur le plateau artificiel taillé au nord. L’Antonia formait ainsi un vasle quadrilatère, enfermant dans son enceinte le rocher de Baris, qu’il dépassait. Voir fig. 171. Quatre grosses tours, reliées par des

où se rendait la justice, lorsque le procurateur y habitait, en un mot le prétoire, r| aux*), 8 iaxiv jrpatT<ipiov, suivant l’expression de Marc, xv, 16. Le Lithostrotos formait la cour inférieure et extérieure. Quoique situé à cinq mètres en contre-bas de la cour intérieure, il n’en justifierait pas moins son autre nom de Gabbatha ou « élevé » par sa position dominante ; car il est placé au sommet d’une crête rocheuse, à laquelle montent deux chemins, l’un de l’est, l’autre de l’ouest. La flagellation, d’après le P. Barnabe, p. 93, aurait eu lieu en dehors du Prétoire, comme aussi en dehors du Lithostrotos, dans le lieu spécialement destiné à ce genre de supplice. Ajoutons enfin que deux escaliers descendaient, du côté du sud, sur l’esplanade du Temple, pour permettre à la troupe de réprimer les premiers mouvements séditieux. D’autre part, le P. Barnabe,

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171. - La citadelle Antonia. D’après le P. Barnabe, Le Prétoire, p. 29.

portiques, le flanquaient aux quatre coins ; un fossé, dont le Birket Israil est considéré comme le terminus, le séparait du mont Bézétha. Une porte monumentale à trois baies s’ouvrait vers la ville, du côté de l’ouest. Cette porte ne serait autre que l’arc de YEcce Homo, qui, comme on le sait, se compose d’un grand arc en plein cintre, à cheval sur la rue, et d’une arcade plus petite, qui se trouve dans l’église des Dames de Sion, et dont le pendant ou collatéral sud a complètement disparu. Voir Jérusalem, t. iii, col. 1342. Le P. Barnabe le compare à la porte monumentale d’un camp prétorien. En avant et au delà, s’étendait un beau pavement, qu’on a mis à découvert à un ou deux mètres au-dessous du niveau de la rue, et qui se continue jusque dans l’enclos de la Flagellation. Il est formé de grandes dalles de pierre très dure, dont l’épaisseur varie entre 35 et 45 centimètres ; devant et derrière l’arc, elles sont striées par des cannelures transversales. Ce serait le Lithostrotos. Trois escaliers descendent au fond de la piscine. La résidence royale, par là même le palais du procurateur se trouvait sur le rocher Baris, dominant toute l’enceinte dn Temple ; on y accédait du Lithostrotos par un escalier, la Scala Santa de Borne. C’est là, an milieu des bâtiments qui constituaient le palais, que devait être l’atrium intérieur, la cour principale

p. 56-77, au lieu de rattacher la seconde enceinte de Jérusalem à l’angle nord-ouest de l’esplanade du Temple, la fait passer au nord des constructions dont nous venons de parler et la ramène à l’angle nord-est (fig. 5, p. 16). Après avoir ainsi reconstitué l’Antonia, il avoue, p. 85, que l’histoire ne fournit aucun argument péremptoire pour y placer le Prétoire de Pilate ; il y a simplement une très grande probabilité pour que, pendant les fêtes de la Pâque, le procurateur ait préféré la citadelle au palais du mont Sion. Ce dernier se trouvait éloigné du Temple et de la caserne principale où les troupes se tenaient concentrées, ce qui devait paralyser tout commandement prompt et rapide, qu’auraient nécessité les circonstances (p. 84).

Le P. Barnabe cherche à faire valoir en sa faveur les premiers témoignages traditionnels. Ainsi, en ce qui concerne le pèlerin de Bordeaux, il reconnaît bien (p. 141) que « les mots en bas, dans la vallée, désignent évidemment ce qu’on appelle aujourd’hui VEl-Wad, la rue du Vallon, rue qui suit un moment la Voie douloureuse ». Mais on aurait mauvaise grâce à demander aux anciens pèlerins une précision mathématique. Et puis, d’après M. de Vogué, il ne faut pas prendre à la lettre les expressions deorsum in valle, et conclure que, pour le pèlerin de Bordeaux, le Prétoire était dans le val du