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POUZZOLES — PRÉDESTINATION


panienne était beaucoup plus grecque que latine, le nom de Dikéarkhia, que lui donne encore Josèphe, Ant. jud., XVII, xii, 1. C’est pendant la seconde guerre punique qu’elle fut occupée par les Romains.

En sa qualité de port marchand fréquenté du monde entier, Pouzzoles ne pouvait manquer de posséder une colonie de juifs, cf. Josèphe, l. c, et aussi d’entendre de très bonne heure la prédication chrétienne. Voir Ramsay, St. Paul the Traveller, 5e édit., in-8°, Londres, 1900, p. 346. C’est probablement parmi ces habitants israélites que germèrent les premières semences de la foi en Jésus-Christ. Paul, en y débarquant, y trouva des « frères », Act., xxviii, 14, qui le prièrent de demeurer quelques jours auprès d’eux. Le centurion Julius, sous la garde duquel était l’Apôtre, lui accorda cette faveur, comme précédemment à Césarée, Act., xxvii, 3, de sorte que saint Paul put passer une semaine entière à Pouzzoles. Une variante du texte grec, dans Act., xxviii, 13, mérite d’être signalée : au lieu de îrapsxX716^[isv nap’aÙToî ; ini| ».EÏvai, qui est la leçon la plus autorisée et celle qu’a suivie la Vulgate, le cod. D et d’autres manuscrits portent : TcapEx), . iit’aÛToïç é[i|j.stvavreç, « Nous fûmes consolés, étant demeurés auprès d’eux ». L. Fillion,

    1. PRADO##

PRADO (Joronime de), exégète espagnol, né à Bæza en 1547, mort à Rome le 13 janvier 1595. Il entra en 1572 au noviciat de la Compagnie de Jésus et devint ensuite professeur à Cordoue où il enseigna d’abord les humanités, puis, pendant 16 ans, l’Écriture Sainte. Il est surtout Connu à cause de son grand ouvrage sur Ézéchiel. Étant allé à Rome pour y chercher des artistes capables de faire les illustrations qu’il voulait joindre à son Commentaire, il y mourut, laissant inachevée son œuvre qui fut terminée par son confrère Villalpaud : Hieronymi Pradi etJoannis Baptistse Villalpandie Societate Jesu in Ezechielem Explorationes et Apparatus Vrbis ac Templi Eierosolymitani Cotnmentariis et Imaginibus illustratus. Opus tribus tomis distinctum, 3 in-f°, Rome, 1596-1604. Le tome i, part. i, renferme le commentaire des 26 premiers chapitres, le tome n est consacré au Temple et le tome ni à la ville de Jérusalem. La première partie seule du tome i est l’œuvre de Prado ; la seconde partie du tome i (Èzech., xxvii-xxviii) et les tomes n et m sont l’œuvre de Villalpand.

    1. PRÉCURSEUR##

PRÉCURSEUR (grec : icpoTpÉ X cov, np<S5po[ioç ; Vulgate : prsecursor), celui qui court devant un personnage pour préparer son passage. — Les précurseurs étaient employés chez les Égyptiens. Us sont représentés courant à pied devant le char du pharaon. Voir t. ii, fig. 193, col. 566. L’un d’eux précédait le char de Joseph en criant’abrek ! Gen., xli, 43. Voir Abrek, t. i, col. 90 ; Main, t. iv, col. 584. Samuel prévit que les rois israélites voudraient aussi avoir des hommes pour courir « devant la face de leur char », à la mode égyptienne. I Reg., viii, 11. L’usage du précurseur existe encore en Egypte. « Il court devant notre landau, écartant de ses cris et menaçant de sa baguette les paresseux ou les affairés qui sont sur la route. Les sais des grands seigneurs, mieux costumés que lui, portent des vestes brodées d’argent et d’or. Leurs manches larges et leur jupe volumineuse flottent au vent, tandis qu’ils crieirï, qu’is -<ioïrt, qw’ïis ftappetA.-i> Le Cawwvs, Notre voyage aux pays bibliques, Paris, 1894, t. i, p. 97. Cf. Landrieux, Aux pays du Christ, Paris, 1897, p. 65.

— Le Seigneur promit à Moïse d’envoyer devant lui un ange pour précéder le peuple dans le pays de Chanaan et ainsi lui frayer la voie. Exod., xxxiii, 2. Plus tard, Dieu fit annoncer par Malachie, iii, 1, qu’il enverrait son messager pour préparer le chemin devant lui. Saint Jean-Baptiste remplit cet office à l’égard de

Notre-Seigneur, Marc, i, 2, 4, ce qui lui a fait donner le nom de précurseur. — Jésus-Christ est entré dans le sanctuaire du ciel en qualité de précurseur. Heb., vi, 20. Il nous y précède et, par sa rédemption, nous mérite la grâce de le suivre. H. Lesêtke.

    1. PRÉDESTINATION##

PRÉDESTINATION, acte de volonté divine déterminant à l’avance la fin surnaturelle que doit atteindre une âme.

1° Il y a une prédestination à la grâce pour la vie présente. Des témoins choisis d’avance ont eu la faveur de voir Jésus ressuscité, et sont ainsi devenus capables de transmettre à d’autres la foi en cette résurrection. Act., x, 41. Saint Paul a été prédestiné à connaître la volonté de Dieu, à voir le Juste et à entendre les paroles de sa bouche. Act., xxii, 14. Les chrétiens sont prédestinés à être les fils adoptifs de Dieu par Jésus-Christ, selon sa libre volonté, en faisant ainsi éclater en eux la gloire de sa grâce, Eph., i, 5, prédestination qui est toute gratuite et ne suppose aucun mérite préalable de la part de l’homme, puisqu’elle ne dépend que de « la résolution de celui qui opère toutes choses d’après le conseil de sa volonté. » Eph., i, 11. Les chrétiens parviennent à cette adoption divine parla grâce de Jésus-Christ, qui veut que nous accomplissions « les bonnes œuvres que Dieu a préparées d’avance afin que nous les pratiquions. » Eph., ii, 10. Tout, dans la vie chrétienne, est donc prévu et voulu à l’avance par Dieu, dont la volonté toute-puissante respecte cependant la liberté de l’homme. Rom., ix, 18.

2° Il y a surtout une prédestination au salut et à la gloire éternelle. Saint Luc dit qu’à la prédication de Paul et de Barnabe, à Antioche de Pisidie, : < tous ceuxlà crurent qui étaient prédestinés à la vie éternelle, s Act., xiii, 48. Saint Paul formule en ces termes la doctrine complète de la prédestination : « Toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein. Car ceux qu’il a connus d’avance, il les a aussi prédestinés à être conformes à l’image de son Fils, afin que son Fils soit le premier-né d’un grand nombre de frères. Et ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés ; et ceux qu’il a appelés, il les a justifiés ; et ceux qu’il a justifiés, il les a glorifiés. » Rom., viii, 28-30. Voilà donc quatre termes qui marquent l’action de la volonté divine sur une âme : prédestination ou détermination antécédente de Dieu ; vocation ou appel adressé à l’âme ; justification ou effet de la grâce sur l’âme ; glorification ou entrée de l’âme dans la vie éternelle. L’Apôtre compare ensuite les âmes à l’argile dont le potier est le maître absolu, et dont il peut tirer, à son choix, un vase précieux ou un vase commun. Ainsi fait Dieu, qui supporte avec patience « des vases de colère, formés pour la perdition », et qui exerce sa libre munificence « à l’égard des vases de miséricorde qu’il a d’avance préparés pour la gloire. » Rom., ix, 21-23. L’Évangile que prêche l’Apôtre est une sagesse « que Dieu, avant les siècles, avait destinée pour notre glorification. » I Cor., il, 7. Cette sagesse a été révélée « selon le dessein éternel qu’il a réalisé par Jésus-Christ. » Eph., iii, 11. Voir F. Prat, La théologie de saint Paul, 1. 1, 1908, p. 342-352.

3° La prédestination ne peut en aucune manière être assimilée au destin, àuâfx-*], fatum, des anciens, qui déterminait aveuglément à l’avance le sort de chacun. Elle ne çréjudicie en rien à la libre activité de l’homme. Au dernier jugement, le sort de chacun est décidé, non d’après une détermination antécédente et nécessitante de Dieu, mais selon les œuvres bonnes ou mauvaises que l’homme a accomplies. Matth., xxv, 34, 35, 41, 42. D’après les paraboles du Sauveur, l’homme est lui-même l’artisan de son bonheur ou de son malheur éternels. Matth., xx, 10 ; xxii, 12, 13 ; xxv, 3-12, 21, 23, 30, etc. « Si tu veux entrer dans la vie,