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PENTATEUQUE

gardent comme faisant partie de la même œuvre unique. Les Juifs anciens n’ont ni connu ni employé le nom de Pentateuque. Les rabbins l’ont adopté équivalemment plus tard quand ils ont appelé les livres de Moïse les « cinq cinquièmes de la Thora », חכשחהיטשיחהירח, ou « les cinq cinquièmes », B’tfo'.n nwon. Les anciens se servaient d’autres dénominations. Comme les livres de Moïse sont en grande partie législatifs, les Juifs en nommaient le recueil, d’après la partie principale du contenu, minn, « la Loi, » Jos., viii, 34 ; I Esd., x, 3 ; II Esd., viii, 2, 14 ; x, 35, 37 ; II Par., xxv, 4, et plus tard min, « Loi, » sans article. Voir t. iv, col. 329. Quand ils considéraient le législateur ou le rédacteur de cette loi, ils disaient nata min, « Loi de Moïse, » Jos., viii, 32 ; 1 (III) Reg., ii, 3 ; Il (IV) Reg., xan, 25 ; Dan., ix, 11 ; I Esd., iii, 2 ; vii, 6 ; II Par., xxiii, 18 ; xxx, 16 ; ou plus clairement encore, minn isd, « livre de la Loi, » Jos., i, 8 ; viii, 34 ; II Esd., viii, 3 ; on nwn min isd, « livre de la Loi de M’oïse ». Jos., viii, 31 ; xxiii, 6 ;

II (IV) Reg., xiv, 6 ; II Esd., viii, 1 ; ou plus brièvement, rwa isd, « livre de Moïse », I Esd., vi, 18 ; II Esd., xiii, I ; II Par., xxv, 4 ; xxxv, 12. Mais, lorsqu’on avait en vue. l’origine divine et la révélation de la Loi mosaïque, on la nommait nin » min, « Loi de Jéhovah, » I Esd., vii, 10 ; I Par., xvi, 40 ; II Par., xxxi, 3 ; xxxv, 26 ; ou bien □iri^N min, « Loi d'Élohim, » II Esd., viii, 18 ; x, 29, 30 ; ou nim min ISD, « livre de la Loi de Jéhovah, » II Par., xvii, 9 ; xxxiv, 14 ; ou a>fibN niin isd, « livre de la Loi d'Élohim, » Jos., xxiv, 26 ; II Esd., viii, 18 ; ou encore D’rfttf ou ni" » min " : sd, « livre de la loi de Jéhovah Élohim. » II Esd., ix, 3. Les Septante ont traduit ces passages par ὁ νόμος ou νόμος sans article. Dans le Nouveau Testament, les livres de Moïse sont désignés aussi parles mots ὁ νόμος, Matth., v, 17 ; Rom., ii, 12, etc., ou bien ὁ νόμος Μωϋσέως, Luc, ii, 22 ; xxiv, 44 ; Act., xxviii, 23 ; cf. Joa., i, 17 ; ou bien βίϐλος Μωϋσέως,Marc, xii, 26 ; ou simplement Μωϋσῆς. Luc, xxiv, 27 ; Act., xv, 21. Dans le Talmud et chez les rabbins, les livres de Moïse sont nommés סבד תידה, « le livre de la Loi. » Buxtorf, Lexicon chaldaicum talmudicum rabbinicum, p. 791 ; Levy, Chaldäisches Wörterbuch, p. 268. Le nom araméen de la collection est NnitN, t : « loi. » Buxtorf, op. cit., p. 983 ; Levy, op. cit., p. 16 ; Aicher, Das alte Testament in der Mischna, Fribourg-en-Brisgau, 1906, p. 16.

De chaque livre. — Les Juifs de Palestine et d’Alexandrie ont donné à chacun des cinq livres des noms différents. Dans la Bible hébraïque, les premiers mots du texte ont servi à désigner chaque livre : le premier est nommé n’tfsis, le 2 B, niais- û'îni ou nic^, le 3°, *np » i, le 4e, i.s-pt, et le 5e, D’ia^n rrt « ou c>13~. Cf. Origène, In Ps. I, t. xii, col. 1084 ; et dans Eusèbe, H. E., vl, 25, t. xx, col. 580 ; S. Jérôme, Prologus galeatus, t. xxviii, col. 552 ; S. Isidore de Séville, Etym., 1. VI, ci, n. 4, t. lxxxii, col. 229. Voir Biblische Zeitschrift, 1905, t. iii, p. 149-150. Les rabbins ont cependant donné aux trois derniers de ces livres des noms qui résument leur contenu : ainsi ils appelaient Je 3e, s’Jn’s m’n, « loi des prêtres, » le4e, =nv>s--sih, « livre des recensements » (selon la transcription d’Origène, loc, cit., et dans Eusèbe, H.E., vi, 25, t. xx, col. 580, 'A(j. ¥ u.5a’j)sxw6e['[i), ou encore ~.z~zz, « dans le désert, » et le 5e, min nJ™'^, « répétition de la Loi, » d’après une fausse interprétation de Deut., xvii, 18, qui parle seulement d’Un exemplaire de cette loi, c’est-à-dire du Deutéronome, désigné sous le nom de m* ri. On a aussi considéré ce livre comme une mischnah, une δευτέρωσις τοῦ νομοῦ, une récapitulation de la législation précédente. Cf. Jos., viii, 32. Les titres סכד יעידה, « livre de la création, » et נזיקין, « dommages, « ne désignaient pas, comme on l’a cru parfois, le premier et le second des cinq livres, mais seulement des sections particulières, à savoir le récit de la création et les lois. Exod., xxi, xxii. Voir J. Fürst, Der Kanon des A. T. nach den Ueberlieferungen im Talmud und Midrasch, Leipzig, 1868, p. 5-6 ; Buxtorf, Lexicon chald., p. 671.

Les Juifs alexandrins dans la version à leur usage, dite version des Septante, ont désigné les cinq livres par des noms qui conviennent, sinon à tout leur contenu, du moins au sujet traité au commencement du livre. Ainsi le 1er est désigné par son début Γένεσις κόσμου, ou simplement Γένεσις ; le 2° de même Ἔξοδος Αἰγυπτου ou Ἔξοδος seulement ; le 3e Λευειτικόν ou Λευιτικόν ; le 4e Ἀριθμοί, et le 5e Δευτερονόμιον. Philon nomme les trois premiers : γένεσις, ἐξαγωγὴ ou ἐξοδος, Λευιτικόν ou Λευιτικὴ βίϐλος. Les chrétiens ont adopté ces noms ; les Latins ont cependant traduit ἀριθμοί par Numeri. Cf. Origène et S. Jérôme, loc. cit. ; les Philosopkoumena, vi, 15-16, t. xvi, col. 3215, 3218. Théodulfe, évêque d’Orléans, les a expliqués en vers. Carmina, II, I, t. cv, col. 299. Ils ont passé dans toutes les langues par l’intermédiaire des versions faites sur la Vulgate latine. — Sur les sections massorétiques du texte hébreu, voir t. ii, col. 559.

II. Analyse. — Le Pentateuque, dans son ensemble, est un livre en partie historique, en partie législatif, qui raconte l’histoire du peuple d’Israël depuis la création du monde jusqu'à la mort de Moïse et qui reproduit la législation civile et religieuse de ce peuple au cours de la vie du législateur lui-même. En tenant compte du sujet traité et même partiellement de la forme littéraire, le Pentateuque se diviserait tout naturellement en trois parties. La Genèse, avec ses subdivisions généalogiques, sert d’introduction aux quatre autres livres, et raconte l’histoire juive des origines jusqu'à la sortie d’Egypte. Le Deutéronome, composé principalement de discours, contient la récapitulation, faite au pays de Moab, de la législation du Sinaï et termine l’histoire d’Israël sous la conduite de Moïse : L’Exode, le Lévitique et les Nombres, dits les trois livres du milieu, présentent les mêmes caractères : ils racontent les pérégrinations d’Israël dans le désert et contiennent la législation donnée aux Hébreux. Ce plan général présente donc une indéniable unité d’ensemble Cf. F. Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, 5e édit., Paris, 1902, t. iii, p. 17-25.

Genèse. — Ce livre est construit suivant un plan particulier, qui a été remarqué pour la première fois par Kurtz, Die Einheit der Genesis, Berlin, 1846, p. lxvii-lxviii. Il se partage en dix sections d’inégale longueur et d’inégale importance, qui débutent par une formule identique ; אלה חילדיח, ii, 4 ; v, 1 ; VI, 9 ; x, 1 ; xi, 27 ; xxv, 12 ; xxv, 19 ; xxxvi, 1 ; xxxvii, 2. La variante : זה סמר הילדית, v, 1, qui est synonyme de la précédente, et le double emploi, xxxvi, 1, 9, dans la notice d'Ésaü, dont le second n’est qu’une transition, ne changent pas le résultat, qui a été voulu et recherché pour lui-même. Le contenu des sections sert à indiquer le sens de ṭôldôṭ. Ce mot signifie étymologiquement générations ; il a une autre signification dans les titres des sections de la Genèse. Si ces titres n'étaient suivis que de la généalogie des personnages nommés, le mot ṭôldôṭ signifierait seulement table généalogique. Mais comme la plupart des sections contiennent plus que de simples énumérations de noms, le sens réel du mot est plus compréhensïf. On pense généralement que de la signi-